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Retraites : Paris et le désarroi français [Le point de vue de CL]

Retraites : Paris et le désarroi français [Le point de vue de CL]

Photo archive Renaud Joubert

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 6 février 2023 à 22h01.

Retrouvez notre éditorial du mardi 7 février.

Pendant que les débats comme prévu houleux ont débuté à l’Assemblée, la province et ses cortèges seront une fois de plus scrutés ce mardi pour la troisième journée de mobilisation. La spécificité de ce mouvement réside dans ces foules impressionnantes...

Pendant que les débats comme prévu houleux ont débuté à l’Assemblée, la province et ses cortèges seront une fois de plus scrutés ce mardi pour la troisième journée de mobilisation. La spécificité de ce mouvement réside dans ces foules impressionnantes recensées dans cette France dite des préfectures et sous-préfectures. Les syndicats et la fonction publique restent en première ligne mais les records enregistrés dans les villes moyennes montrent que l’opposition au projet va au-delà. Ce que confirment les sondages.

Il est tentant de faire le parallèle avec les premières semaines de mobilisations des gilets jaunes et de cette France dite « périphérique ». L’organisation syndicale en plus, les ronds-points en moins. Comme le prix de l’essence et la taxe carburant de l’époque, ce projet de loi sur les retraites agit comme un catalyseur du désarroi d’une population se sentant déclassée. Au-delà des opinions politiques.

Le recul de l’âge de départ est vécu comme un nouveau fardeau qui s’ajoute à l’inflation des prix de l’énergie ou de l’alimentation comme à la nouvelle remontée des prix du carburant. Au point que les résultats macroéconomiques du pays résistant mieux aux crises que nombre de ses voisins (taux de chômage en baisse, croissance du PIB à 2,6 % inflation mieux contenue) semblent inaudibles. Le pouvoir ne martèle d’ailleurs pas outre mesure ces chiffres par crainte de la réaction. Les chiffres de la vie à court terme des Français (essence à deux euros, retraite deux ans plus tard, inflation des courses à deux chiffres) sont plus concrets que les projections de PIB ou de déficit budgétaire à combler.

Dans cette France des sous-préfectures marquée par un passé industriel comme le recul des services publics, le sentiment d’abandon se double d’une colère parce que les emplois physiques, éprouvants sont surreprésentés par rapport à ceux des cadres pour qui cette réforme ne change que peu de choses.

La puissance de ce ressentiment rend inaudible les tentatives d’explication de la réforme par la majorité. Cela provoque même l’effet inverse : plus les ministres expliquent la réforme plus elle est impopulaire. La rue semble aligner les ingrédients d’un cocktail plus explosif qu’à l’Assemblée. Sans présumer encore des conséquences d’une affaire Dussopt qui rappelle par certains aspects le ressentiment provoqué par l’affaire Benalla dans les rassemblements et slogans de gilets jaunes.