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Retraites : une semaine sous haute tension à l’Assemblée et dans la rue

La semaine à venir sera celle d’intenses débats autour de la réforme des retraites au Parlement, mais aussi de deux nouvelles journées de mobilisations. 

Source AFP
Manifestation du 31 janvier a Paris, entre la place d'Italie et la place Vauban, en presence du patron de la CGT, Philippe Martinez, et de celui de la CFDT, Laurent Berger.
Manifestation du 31 janvier à Paris, entre la place d'Italie et la place Vauban, en présence du patron de la CGT, Philippe Martinez, et de celui de la CFDT, Laurent Berger. © MAXPPP / PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

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Où en sera le projet de réforme des retraites dans une semaine ? Difficilement prévisible, tant la semaine qui débutera lundi 6 février est semée d'enjeux pour le texte défendu par le gouvernement. Les syndicats prévoient deux nouvelles journées d'action pour tenter de peser sur les débats qui commencent en plénière à l'Assemblée. Et ce alors que le ministre du Travail, Olivier Dussopt, est affaibli par des soupçons de favoritisme et un procès à venir.

Sans remettre en cause la mesure cardinale de la réforme, le recul de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, la Première ministre, Élisabeth Borne, a fait un pas dimanche dans le JDD en direction du groupe LR, dont les voix sont indispensables pour voter la réforme. « Nous allons bouger en étendant le dispositif des carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans », ce qui leur permettra de « partir à 63 ans », a-t-elle annoncé.

Les syndicats veulent « amplifier » la mobilisation

Dominique Carlac'h, vice-présidente du Medef, ne saurait « dire si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ». Mais « la bonne nouvelle, c'est qu'on progresse sur l'idée de faire la réforme », a-t-elle dit sur France Info dimanche. Le président de LR Éric Ciotti a répété au Parisien samedi souhaiter « voter une réforme des retraites », se félicitant des « avancées » obtenues et pointant le sujet des carrières longues.

Mme Borne a par ailleurs assuré de sa « confiance » le ministre du Travail, Olivier Dussopt, en première ligne sur ce projet de loi, au moment où il est fragilisé par des soupçons de « favoritisme » dans l'attribution d'un marché public lorsqu'il était maire d'Annonay.

Du côté des syndicats, la détermination ne faiblit pas. Après deux journées de grève et de manifestations, les 19 et 31 janvier, dont la dernière a dépassé le record de participation de 2010, l'intersyndicale a annoncé deux nouvelles journées d'action, les mardi 7 et samedi 11 février. « Il faut amplifier » la mobilisation, a enjoint sur France 2 jeudi le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

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Les syndicats restent toutefois prudents sur leurs chances d'égaler la mobilisation du 31 janvier (1,27 million de manifestants selon la police, plus de 2,5 millions selon les organisateurs): les vacances scolaires ont commencé samedi pour la zone A et les opposants à la réforme pourraient choisir l'une ou l'autre des deux dates. « On a conjugué un jour en semaine et un samedi, on verra sur l'ensemble des deux jours, malgré cette période de vacances scolaires », a dit vendredi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

Le 49.3 n'est « pas envisagé »

De source sécuritaire, les autorités s'attendent mardi à une mobilisation oscillant entre 900 000 et 1,1 million de personnes, dont 70 000 au maximum à Paris, où le cortège défilera de la place de l'Opéra à celle de la Bastille. Une intersyndicale se tiendra à la Bourse du travail à Paris dans la soirée.

Les grèves devraient une nouvelle fois concerner particulièrement les secteurs de l'énergie, des raffineries et des transports ferroviaires, qui ont prévu de cesser le travail les 7 et 8 février. Mais l'heure n'est pas encore au blocage de l'économie, une stratégie décriée par les syndicats réformistes, qui entendent conserver l'opinion de leur côté en organisant des manifestations massives et « conviviales, respectueuses », pour mieux peser sur le débat parlementaire.

Laurent Berger attend ainsi du Parlement « qu'il dise : “Ce n'est pas raisonnable, dans cette conflictualité sociale […] de reporter de 62 à 64 ans l'âge de départ.” » Il met aussi en garde contre tout usage de l'arme constitutionnelle du 49.3 pour faire passer la réforme sans vote. Le numéro un du premier syndicat français souligne que nombre de députés LR ont été élus dans des zones rurales où la mobilisation contre la réforme est particulièrement forte.

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De son côté, Élisabeth Borne « n'envisage pas » l'hypothèse de dégainer comme à l'automne le 49.3. Gouvernement et majorité en sortiraient « politiquement affaiblis », admet la députée Stéphanie Rist (Renaissance), rapporteure du projet de loi.

La bataille qui s'engage lundi après-midi dans l'hémicycle du Palais-Bourbon promet en tout cas d'être une course d'obstacles pour le gouvernement. Les députés LFI défendront d'emblée une demande de rejet de l'ensemble de la réforme qui inquiète le camp présidentiel. Puis le groupe RN portera sa demande de référendum sur la réforme, qui a elle peu de chances d'être votée par l'Assemblée.

Les députés s'attelleront ensuite aux quelque 20 000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13 000 par LFI. Si l'Assemblée ne vient pas à bout des amendements d'ici au 17 février minuit, le texte pourra tout de même passer au Sénat, du fait du choix de l'exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécu.

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