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Révolution SIDA : un constat glaçant sur l'évolution de l'épidémie

Dans le monde, entre 34 et 44 millions de personnes sont actuellement porteuses du VIH, et la moitié n'a pas accès au traitement malgré la politique 90/90/90 mise en place par Onusida en 2014 (ce programme des Nations unies avait comme objectif de permettre un accès au dépistage et au traitement pour 90% des personnes séropositives d'ici 2020). De plus, les contaminations au VIH ne cessent d’augmenter. Quelles sont les causes de ces échecs dans la lutte contre le VIH/Sida ?

"Il ne faut pas oublier le travail phénoménal qui a d'ores et déjà été fait"

Le documentaire Révolution SIDA compte apporter quelques réponses, en dressant un constat glaçant sur les situations politiques et sociales engendrées par les maladies, les injustices quant à l’accès aux soins, les discriminations et stigmatisations à l’égard des minorités et surtout l’absence réelle de volonté politique qui participent à la propagation du virus. Des artistes, responsables politiques, chercheurs, témoins, décrivent cette révolution sanitaire que l’on croit à tort terminée. Ce documentaire "met en avant l'incroyable engagement de toutes ces personnes", raconte à Sciences et Avenir Frédéric Chaudier, réalisateur du film dont "il ne faut pas oublier le travail phénoménal qui a d'ores et déjà été fait".

Découvert en 1983, le virus du VIH n’a cessé de se propager dans le monde et de mobiliser la recherche. Capable d’infecter certaines cellules immunitaires (les lymphocytes TCD4+) de façon silencieuse durant une dizaine d’années, les conséquences de cette infection sont très graves et conduisent bien souvent à la mort en l’absence de traitement. Les personnes porteuses du VIH finissent par déclarer la maladie du Sida (qui signifie "Syndrome d'Immunodéficience Acquise"), à cause d’un système immunitaire défaillant, les rendant sensibles à n’importe quel germe présent dans l’environnement.

Aujourd’hui, un traitement existe : il permet de vivre avec la maladie et peut rendre toute personne séropositive non contagieuse si le traitement est suivi de façon régulière. Mais qui sont les pays et les personnes à pouvoir bénéficier de ce traitement alors que d'autres tombent dans l'abandon et l'oubli ? 

En Afrique du Sud, les filles âgées de 14 à 25 ans sont les plus infectées par le VIH

Comme on le voit dans le documentaire, la lutte contre le VIH et le Sida est loin d’être égale sur toute la surface du globe. Les problèmes d’approvisionnement, les ruptures de stocks, entre autres en Afrique subsaharienne, sont des facteurs alarmant de rechute ou de résistance au virus. Dans ce pays où le taux de viol par exemple, et entre autres sur mineures, est phénomène important, encore un sentiment de honte persiste toujours chez les personnes séropositives et le combat pour faire accepter la maladie  est loin d’être terminé.

En Russie, l’éradication du virus par l’élimination des personnes contaminées

En Russie, la gouvernance masculiniste et brutale du pouvoir en place entraîne une augmentation rapide des cas de VIH. Le VIH circule notamment chez les usagers de drogues, la communauté LGBTQIA+ et chez les travailleurs du sexe : des populations stigmatisées et sous pression constante pour ce qu'elles et qui par peur d'être repérées ne vont pas ou peu se faire dépister, aidant à la propagation de l’épidémie. "L'État russe ne voulait pas et ne veut toujours pas, donner l’image de soutenir des associations et un enjeu social qu’il veut en fait combattre", raconte Frédéric Chaudier. "Il n’y a plus de financements des ONG, et elles sont sous une chape législative ouvertement homophobe (Cf. les dernières lois votées à la Douma) qui va jusqu’à les pénaliser lourdement pour diffusion de messages ou de littérature de prévention, en assimilant cette littérature à de la pédophilie".

En Chine, les autorités jugeant certaines provinces pauvres inutiles ou improductives, il fallait leur trouver une fonction : ce sera celle du commerce du sang

7 euros la poche de sang : cela représente l’équivalent d’un salaire mensuel dans les provinces pauvres du Henan, faisant du commerce du sang un moyen pour survivre.Un commerce florissant qui s’est rapidement étendu aux régions voisines malheureusement, un sang souvent contaminé. Une situation horrifiante qui illustre la pauvreté de la région du Henan dans laquelle vivent 80 millions d’habitants. Les images nous montrent un "abandon de la population" par un gouvernement "qui a mis le couvercle", une situation au sommet du cynisme moderne, apprend-on dans le documentaire. 

Le combat contre les lobbys pharmaceutiques et le "désintérêt" politique

Pour Rony Brauman, médecin généraliste, ancien président de Médecin Sans Frontière (MSF) intervenant dans le documentaire, les lobbys pharmaceutiques "sont à la fois la solution et le problème". Grâce au combat, le prix des médicaments génériques de premières lignes a considérablement chuté mais "il faut pouvoir produire et distribuer dans l'ensemble des pays du monde les médicaments les plus performants (troisième et quatrième ligne) pour pouvoir prétendre à une éradication du virus", avait déclaré Mark Wainberg, virologue et pionnier dans la lutte contre le VIH/Sida décédé en 2017. Pour le réalisateur, un constat ne peut être ignoré : "les industries pharmaceutiques, elles aussi créent des empêchements", illustrant un "problème de volonté politique et de rééquilibrage entre les États et les labos".

Ce film met en évidence l'importance du travail de prévention qui a été fait sur ce virus et cette maladie les premières décennies de l'épidémie et dans le temps, un oublie progressif ces dernières années. Ce travail de prévention devrait continuer pour sensibiliser autant les nouvelles générations que les précédentes. La lutte contre le VIH/Sida est une "lutte contre l'oubli et le désintérêt, où les voix du peuple sont étouffées et les experts ne sont ni entendus ni écoutés tels qu'ils devraient l'être par les pouvoirs publics. Chacun fait partie d'un tout et y contribue", conclut le réalisateur.