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Ribeauvillé. Un restaurant interdit aux enfants crée le buzz

« Ma petite-fille était en pleurs, toute la famille était sous le choc. » La grand-mère strasbourgeoise, venue avec sa fille, son gendre et sa petite-fille de 4 ans, en est encore tout émue. « Après avoir attendu une demi-heure dehors, la serveuse nous a dit qu’elle ne pouvait pas nous servir car nous étions en compagnie d’un enfant. Nous n’avions pas vu le panneau sur la porte. »

« Quand on touche à mes enfants ou à ma petite-fille, je sors les griffes »

Chantal Ruh ne comprend pas et décide de remuer ciel et terre. « J’ai interpellé les gendarmes présents au marché, mais ils m’ont dit que l’affaire serait renvoyée au parquet, que cela prendrait beaucoup de temps et que la plainte serait sans doute classée sans suite. Nous n’en avons donc pas déposé. Moi, je veux qu’on agisse vite. »

Elle a appelé la répression des fraudes, l’autorité contre la discrimination des enfants, l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), l’office de tourisme et a révélé sa mésaventure dans un post Facebook qui a suscité beaucoup de commentaires.

Ancienne restauratrice, elle est sensible au problème. « J’avais aménagé un coin enfants pour les occuper. Souvent, dans un restaurant, on est plus incommodé par les adultes qui parlent très fort. C’est vraiment une excuse bidon. »

En tout cas, elle est déterminée. « J’irai jusqu’au bout. Je ne suis absolument pas de nature agressive, mais quand on touche à mes enfants ou à ma petite-fille, je sors les griffes. Tout ce que je veux, c’est que le restaurateur ait une amende. »

« On refuse les enfants parce qu’ils sont mal élevés »

Bénédicte Langer, patronne du Pfifferhus avec son mari Roland, en convient : « Je suis d’accord. Je n’aurais pas dû mettre ce mot sur la porte. Nous ne détestons pas les enfants, loin de là. On refuse ceux qui sont insupportables. » Le panneau a d’ailleurs été retiré depuis.

Elle évoque un ras-le-bol général. « Il y a eu énormément de monde ce week-end au marché de Noël. Pas loin de 20 000 à 25 000 personnes. » La Ribeauvilloise estime faire tout ce qui est en son pouvoir pour accueillir au mieux ses clients. « Nous proposons des plats à la carte et pas seulement un menu, même pendant le marché de Noël. Nous exerçons notre métier avec amour, mais nous en avons marre de nous faire marcher sur les pieds. »

Cette maman de quatre enfants n’en démord pas. « 90 % des enfants sont super mal élevés. Ce sont des enfants rois. Ils touchent à tout, crient, courent, abîment nos décors de Noël, mettent leurs chaussures sales sur les banquettes. Une petite fille a même mordu dans un verre pour essayer de le casser. Les parents nous ont dit que c’était de notre faute parce que nos verres n’étaient pas de bonne qualité. Quand on fait des remarques aux parents, ils nous insultent. »

Sans hésitation, elle appelle de ses vœux une loi qui interdirait l’accès des restaurants aux enfants. « On ne remettra plus le panneau, mais on continuera à refuser les enfants mal élevés. »

« C’est un hors-la-loi qui fait du mal à la profession »

Jean-Jacques Better, président de l’Umih 68, a des mots très forts. « C’est un hors-la-loi qui fait du mal à la profession. » Il trouve cette interdiction « scandaleuse, honteuse et indigne d’un professionnel. » Elle va à l’encontre de tous les efforts fournis pour améliorer l’accueil des visiteurs, qu’ils viennent de la région ou de bien au-delà.

Le responsable de la corporation - dont le Pfifferhus n’est pas adhérent - suggère même qu’« il faudrait fermer le restaurant ».

Il se console en songeant que les établissements appliquant cette consigne sont extrêmement rares. « On peut interdire l’accès aux chiens, pas aux enfants ! »