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RN 141 Est : les études retoquées, le chantier retardé

RN 141 Est : les études retoquées, le chantier retardé
Alors que certains ouvrages de la partie Roumazières-Exideuil sont terminés, la portion précédente est encore en suspens.

Photo CL

Par Lénaëlle SIMON - l.simon@charentelibre.fr, publié le 3 février 2023 à 19h36.

L’autorité environnementale a rendu son avis sur les 9 km de la RN 141 entre Chasseneuil et Roumazières Il pointe plusieurs manquements Le chantier va être retardé

Verra-t-on un jour les 9 km entre Chasseneuil et Roumazières à deux fois deux voies ? La route était prévue pour ouverture à la fin 2027 mais l’autorité environnementale (AE), organe du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, vient de rendre son avis (1)sur ce projet à 130 millions d’euros porté par la Dreal, la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, qui dépend de l’État. Une autorisation environnementale est en effet nécessaire pour permettre le démarrage...

Verra-t-on un jour les 9 km entre Chasseneuil et Roumazières à deux fois deux voies ? La route était prévue pour ouverture à la fin 2027 mais l’autorité environnementale (AE), organe du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, vient de rendre son avis (1) sur ce projet à 130 millions d’euros porté par la Dreal, la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, qui dépend de l’État. Une autorisation environnementale est en effet nécessaire pour permettre le démarrage des travaux. C’est dans le cadre de l’instruction de cette demande que l’AE a été sollicitée.

Le document de 21 pages comporte de grosses réserves. Il pointe des manquements sur le plan de la législation de l’eau et des espèces protégées, des études trop anciennes et des incohérences dans les projections chiffrées de trafic. Bref, l’avis rendu ne peut être complet et l’État n’a d’autre choix que de revoir sa copie avec une certitude : le chantier va prendre du retard.

C’est très regrettable. On en meurt de cette RN 141 !

La préfecture n’en fait d’ailleurs pas mystère et a aussi communiqué en ce sens auprès des élus concernés. « Cet avis ne remet pas en cause le projet et sa réalisation mais il suppose, de la part de l’État, des réponses et compléments d’études. Il impactera le planning de l’opération car il implique de sécuriser la procédure. » Cet avis glacial est notamment lié au fait que « les études ont commencé depuis fort longtemps, de facto en même temps que celles de la section précédente », celle de Roumazières-Exideuil qui doit voir le jour fin 2024. Pour rappel, la déclaration d’utilité publique date de… 2000.

Pour Yvette Heubert, ancienne maire de Roumazières et présidente de Grain de sable, l’association qui milite pour le doublement de la RN 141, c’est « la douche froide ». Comme les élus de ce tronçon, elle attend de savoir si l’État va devoir refaire une nouvelle étude environnementale complète. « Si c’est le cas, c’est au moins un an de retard. C’est une énorme déception et on se sent très impuissants. Si on peut se heurter à une décision politique, on ne peut pas se heurter à une décision environnementale. »

L’élaboration du dossier d’autorisation environnementale a été engagée depuis trois ans et le dossier de demande, déposé fin 2021, a fait l’objet de plusieurs compléments, avant sa transmission à l’Autorité environnementale fin 2022. « Quand en juin, la Dreal a dû fournir des précisions et des améliorations, pourquoi ne pas lui avoir dit à ce moment-là que les études étaient trop anciennes ? » interroge Yvette Heubert.

Philippe Bouty optimiste

L’impatience gagne aussi les élus concernés. « C’est très regrettable. Tout le monde attend cette mise à deux fois deux voies. On en meurt de cette RN141 », s’impatiente Sandrine Prégicout, maire de Terres-de-Haute-Charente, fatiguée d’attendre, comme ses collègues. D’autant qu’en fin d’année dernière, la préfecture et la Dreal avaient renouvelé la promesse d’une ouverture du tronçon pour 2027 et que les premiers déboisements devaient intervenir à l’automne prochain.

Pour nous, élus, c’est difficile d’appréhender ce que ça implique. J’ai envie d’être serein, sourit Fabrice Point, maire de Chasseneuil, et d’espérer que ça ne retarde pas trop le processus parce que cette route est une nécessité et que tout était en place pour les premiers déboisements.” “L’avis pointe une information incomplète du public, ajoute Olivier Périnet, maire de Suaux. On est quand même au courant du projet depuis plus de 30 ans! Quand je suis arrivé, ça devait être fait dans une dizaine d’années. Ça fait déjà quinze ans. La vie au quotidien est compliquée. Cinq minutes pour traverser la route, c’est très long. Il y a plein de gens qui n’osent plus la prendre.”

Cet avis tombe en plus au plus mauvais moment, en pleine négociation du futur contrat de plan État Région qui doit permettre d’obtenir les 130 millions d’euros nécessaires. Pour autant, Philippe Bouty, le président du Département, reste résolument optimiste. « Ce n’est pas un rejet, c’est une demande de pièces complémentaires. Je suis très confiant pour la suite. À un moment, l’État ne peut dire que c’est un projet prioritaire et faire prendre deux ans de retard. » D’autant moins selon lui que « la Région a voté 4,5 millions supplémentaires » et que le Département va voter une rallonge de 3,5 millions. « La réglementation sur le respect de l’environnement se durcit, le fait que ce soit un vieux projet fait que nous en sommes là. » Il est « prudent mais confiant » quant à la tenue du calendrier initial. Il rappelle que c’est l’une de ses priorités, au même titre que la disparition des carrefours-plans sur la RN 10 et la finalisation de la RN 141 à l’ouest parce qu’il est « le président de tous les Charentais ». Le Département va d’ailleurs voter des crédits pour ouvrir des études sur l’ouest de Cognac et sur le tronçon Hiersac-Malvieille.

(1) Il s’agit d’un avis consultatif mais qui pèse dans la décision de l’autorité compétente, ici la préfecture, d’autoriser ou non le projet.