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Roland-Garros : « Elle ne méritait pas ça »… Que penser des sifflets du Lenglen contre l’Ukrainienne Kostyuk ?

A Roland-Garros,

Les organisateurs du tournoi de Roland-Garros, qui vient officiellement de débuter ce dimanche sous un beau soleil parisien, ont dû se les bouffer en fin de semaine dernière en découvrant, sur fond de guerre en Ukraine, que le tirage au sort avait accouché d’une opposition potentiellement explosive entre l’Ukrainienne Marta Kostyuk et la Biélorusse Aryna Sabalenka. La jeune native de Kiev avait d’ailleurs prévenu avant même d’arriver à Paris qu’elle refuserait quoiqu’il arrive de serrer la main de la numéro 2 mondiale après le match. Et celle-ci a tenu parole, se dirigeant, après sa défaite en deux sets, tête baissée vers son siège sans même un regard pour Sabalenka, laquelle attendait près du filet au cas où l’Ukrainienne changerait d’avis. Il n’en fut rien, et le geste de Kostyuk fut copieusement sifflé par le public matinal du Lenglen, donnant lieu à une scène assez cocasse puisque Sabalenka crut au départ que les sifflets étaient pour elle.

Vexée par ce qu’elle pensait être des sifflets à son encontre, la Bielorusse est revenue sur le court en miment le salut au théâtre comme pour inviter le public à aller se faire voir. En conférence de presse d’après-match, la joueuse finira par s’excuser. « Je n’ai pas compris ce qu’il se passait. On sait tous que les filles ukrainiennes ne nous serrent pas la main, donc ce n’est pas une surprise. Mais peut-être que ça l’était pour le public. Ils ont vu ça comme un manque de respect mais, au début, je croyais que les sifflets étaient pour moi. Je me suis dit :"Ok, qu’est-ce que je suis censée faire ?" J’ai parlé à mon équipe pour être sûre que je comprenais bien. Donc merci au public, et désolée pour ce que j’ai fait en premier ».

No handshake from Kostyuk, crowd booing her for that, Sabalenka is confused thought this booing is for her but then realised that she was wrong 🙂 Kostyuk leaving the court with “Boo” from the crowd 😌 pic.twitter.com/MzjSo3rnBQ

— 🎾 (@justtennis_) May 28, 2023

1er tour à Roland et attaque de drones à Kiev

Depuis la tribune de presse, on a longuement scruté les réactions du public pour savoir s’il soutiendrait plus une joueuse que l’autre. Et à en croire les très nombreux « allez Marta ! », tout semblait indiquer que la balance penchait pour l’Ukrainienne. Raté… Remarquez, ce n’est pas la première fois que notre flair de chien truffier nous fait défaut. Toujours est-il que le contexte de ce match si particulier et les passes d’armes médiatiques entre les deux joueuses dans les jours précédant la rencontre ont quelque peu relayé le combat sportif au second plan. Joueuses comprises. « J’étais probablement un peu nerveuse à cause de ça avant le match, admettait ainsi Sabalenka après sa victoire. Vous jouez contre une Ukrainienne et vous ne savez pas ce qu’il va arriver, si les gens vont vous soutenir ou non… J’étais inquiète, je me demandais si les gens n’allaient pas être contre moi. »

Ce fut donc tout le contraire. Se pose désormais la question de la réaction du public parisien. Au fond, si Aryna Sabalenka ne méritait certainement pas de se faire pourrir pour une invasion de l’Ukraine qu’elle n’a ni décidée ni soutenue – elle répétait encore en conférence de presse qu’« aucun athlète russe ou biélorusse ne soutient la guerre » - on ne peut non plus moralement condamner la réaction de Kostyuk, dont la famille réside à Kiev et risque « à chaque seconde de mourir sous les tirs de drones russes », comme elle l’a expliqué en conférence de presse.

La veille, celle-ci était encore le nez sur son téléphone jusqu’à 5 heures du matin pour suivre en direct l’attaque de drones russes sur la capitale ukrainienne. Pas franchement l’idéal avant d’aborder un match du grand chelem face à la numéro 2 mondiale. « Je suis fière de notre système de défense aérienne, lâche tristement Kostyuk. Tout ça fait partie de ma vie depuis plus de quinze mois, je ne sais comment expliquer ce que je ressens, j’essaye au maximum de mettre mes émotions à la porte du court, je crois que j’y arrive mieux qu’avant, mais forcément ça m’impacte. »

Sabalenka comprend le geste de Kostyuk

Dans la (toute) petite salle de presse n°2 de Roland-Garros pleine à craquer, plus d’une heure après sa défaite, Marta Kostyuk ne laissait rien transparaître de sa colère contre le public français. Mais ses mots ne mentaient pas. « On verra ce qu’ils penseront de leur geste quand la guerre sera terminée, je pense qu’ils ne seront pas fiers d’eux, a-t-elle déclaré. J’avais annoncé que je ne lui serrerai pas la main, je ne vois pas pourquoi les gens ont pu penser que j’allais subitement changer d’avis. A Wimbledon, l’an passé les gens m’ont beaucoup soutenu, Je pensais sincèrement que ça serait le cas aujourd’hui… »

Mise au courant par un confrère britannique des mots de Sabalenka lors de son passage en conférence de presse, Marta Kostyuk n’a pas voulu revoir son jugement à son sujet, bien au contraire. « Elle n’avait jamais dit jusqu’ici qu’elle ne soutenait pas cette guerre, et je pense qu’elle se trompe quand elle dit qu’aucun athlète russe ou biélorusse ne la soutient. Elle devrait se borner à ne parler que pour elle-même, car je connais personnellement des gens du tennis qui soutiennent cette guerre, a-t-elle assuré. Et, en tant que possible numéro 1 mondial, sa voix porte, elle pourrait faire passer un message fort aux 80 - 85 % de Russes qui soutiennent la guerre mais elle ne le fait pas, c’est pour ça que je ne la respecte pas. »

Sabalenka, elle, restera de marbre face aux propos et aux attitudes de Kostyuk. Mieux, elle assure comprendre sa réaction. « Si elles (les Ukrainiennes) nous serrent la main, que leur arrivera-t-il dans leur pays ? Je comprends ça. Et je sais que ce n’est pas personnel. Et elle ne méritait pas de quitter le court sous les sifflets. » On espère que le public du Lenglen méditera là-dessus.