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Roland-Garros : en finale face à la montagne Swiatek, la surprise Muchová rêve de l’exploit

Iga Swiatek a-t-elle déjà pensé à son après carrière ? La joueuse n’a beau avoir que fêté ses 22 ans le 31 mai, la question lui a déjà été posée en conférence de presse. Il y a quelques jours, un journaliste britannique taquin lui a demandé si, à côté du tennis, elle avait déjà pensé à ouvrir une usine de bagels. Plus une blague tennistique qu’autre chose, la question visait surtout à faire réagir la Polonaise à ses nombreux sets remportés 6-0 (surnommés bagels ou roue de bicyclette dans le jargon, rapport à la forme des chiffres).

Depuis le début de Roland-Garros, Iga Swiatek a distribué quatre bagels. Dont deux dans le même match face à une pauvre Chinoise balayée en 52 minutes au troisième tour. Souhaitant éviter la moindre polémique, l’intéressée à préférer taper dans le couloir : «Je ne veux pas trop parler de ça. Je comprends que les gens trouvent ça drôle, que ça fait du divertissement, mais je veux être respectueuse de mon adversaire.» Toute respectueuse qu’elle est, la numéro 1 mondiale tentera ce samedi 10 juin après-midi, face à la surprenante Tchèque Karolina Muchová, de rajouter un nouveau Roland à son palmarès. Son troisième déjà.

Monstre de précocité, la Polonaise a toujours eu un temps d’avance. En 2020, à 19 ans, elle s’offrait son premier titre porte d’Auteuil. Cela faisait près de trois décennies qu’une joueuse aussi jeune n’avait pas remporté Roland-Garros. Si sa première victoire était une surprise, sa deuxième, l’année dernière, l’était beaucoup moins. Iga Swiatek débarquait au printemps avec derrière elle une invraisemblable série de 28 victoires consécutives au compteur. Elle quittait le Grand Chelem parisien toujours invaincue après une démonstration contre l’Américaine Coco Gauff en finale (6-1, 6-3). La série se terminait finalement à 37, après une défaite contre Alizé Cornet à Wimbledon. La plus longue invincibilité pour une joueuse au XXIe siècle, effaçant des tablettes les sœurs Williams.

Invitée surprise

En 2023, Swiatek est arrivée porte d’Auteuil avec toujours le costume de favorite sur les épaules, mais traînant derrière elle quelques déceptions. Elle reconnaît elle-même au fil des interviews avoir eu un petit coup de mou, conséquence notamment d’une trop grosse pression qu’elle s’infligeait. La Polonaise n’en reste pas moins la joueuse la plus performante depuis la retraite surprise de l’Australienne Ashleigh Barty. En un an et demi, elle a remporté 10 titres en simple (pour 13 finales), dont deux en Grand Chelem. Une longévité et une régularité qui impressionne dans un circuit féminin qui brillait ces dernières années par son homogénéité.

Quel que soit son résultat face à Karolína Muchová, Swiatek fêtera lundi sa 63e semaine consécutive à la tête du classement WTA. Signe des changements constants dans le haut du circuit féminin, son adversaire vivra sa première finale de Grand Chelem. C’est la cinquième année consécutive qu’une des deux finalistes à Roland-Garros n’avait jamais atteint ce stade-là dans un tournoi majeur auparavant.

En début de saison, personne n’aurait imaginé Karolina Muchová se retrouver le 10 juin en finale du Grand Chelem parisien. En janvier, elle ne pointait qu’à la 151e place mondiale et n’était encore que 43e au début du tournoi. Un temps, la Tchèque a probablement rêvé des premières places au classement WTA. Elle avait atteint d’ailleurs atteint la 17e en 2021 grâce à une demi-finale à l’Open d’Australie. Mais comme durant son adolescence, son corps ne lui a pas permis de se maintenir au haut niveau. «Je passais d’une blessure à une autre», se rappelait-elle après sa demie jeudi.

L’année dernière, c’est en pleurs qu’elle avait quitté Roland-Garros. Après avoir réussi l’exploit de sortir la Grecque María Sákkari - performance rééditée cette année -, elle s’était tordu la cheville au troisième tour et avait fini par abandonner. Jeudi, des larmes, de joie cette fois-ci, ont à nouveau coulé sur son visage. Son jeu fait d’alternance, de coups en fond de court puis d’amorties et montées au filet ont eu raison d’Aryna Sabalenka, numéro 2 mondiale et autre grande favorite avec Swiatek. Elle a aussi bénéficié des nombreuses erreurs de la Bélarusse qui a complètement déjoué sur la fin et laissé filé un match qu’elle aurait dû gagner.

Deux Ra-fans en finale

«C’est une coïncidence mais il se trouve qu’on s’est beaucoup entraînées ensemble donc c’est une joueuse que je connais bien. J’aime beaucoup son tennis, j’ai l’impression qu’elle sait tout faire. Elle a un bon toucher, elle peut accélérer le jeu, elle joue avec une liberté dans ses mouvements», analysait Swiatek jeudi au sujet de Karolina Muchová. Les deux joueuses ont un point commun : toutes deux ont, gamines, idolâtré Rafael Nadal et passé des dimanches de juin à le voir écraser des joueurs sur le central parisien. Si on peut dire sans trop se mouiller que Muchová n’égalera pas le palmarès de l’Espagnol porte d’Auteuil, Swiatek serait, en cas de victoire, toujours proche des temps de passage de Rafa qui a gagné son troisième Roland à 21 ans. La Polonaise jure ne pas y penser : «Je n’imagine pas que ça soit possible, c’est hors de portée.»

Samedi après-midi, c’est en ultra-favorite qu’elle rentrera sur le court. Mais Karolína Muchová peut compter sur sa bonne étoile (et son talent). En carrière, elle a affronté cinq fois une joueuse classée dans le top trois mondial. Et cinq fois elle a remporté son match. Une statistique incroyable qu’elle jure avoir découverte en conférence de presse jeudi soir quand les journalistes l’ont interrogée à ce sujet.

Autre chiffre qui plaide en la faveur de la Tchèque : la seule fois où les deux joueuses se sont affrontées en rencontre officielle, c’est elle qui est repartie avec la victoire. C’était en 2019, à Prague, pour l’un des premiers matchs en carrière sur le circuit principal d’Iga Swiatek. La Polonaise n’avait que 17 ans et avait dû jouer son dernier match de qualification puis celui contre Muchová le même jour, la faute à la pluie qui avait bousculé le calendrier.

Quelques gouttes pourraient aussi tomber sur le court Philippe-Chatrier ce samedi, les premières de la quinzaine. Mais à Roland-Garros, le central est désormais doté d’un toit flambant neuf. Iga Swiatek devra trouver meilleure excuse en cas de défaite.