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Royaume-Uni : une remarque déplacée relance le débat sur le racisme dans la famille royale

«D’où venez-vous ?» «De quelle partie d’Afrique ?» «Non, mais d’où êtes-vous vraiment ? D’où vient votre peuple ?» a demandé mardi Lady Susan Hussey à une Britannique noire sidérée, qui lui a répondu à plusieurs reprises qu’elle était née au Royaume-Uni. Cet échange s’est déroulé lors d’un événement organisé par la reine consort, Camilla, à Buckingham Palace. Rapporté sur Twitter par la victime de ces questions déplacées, il n’a pas tardé à créer des remous. Dans sa publication, Ngozi Fulani décrit ses «sentiments mitigés par rapport [sa] visite» au palais. Choquée par cette interaction, qu’elle a qualifiée de «violation» lors d’interviews dans la presse locale, elle dénonce «le racisme institutionnel» véhiculé par ce dialogue, alors qu’elle était venue représenter son association de lutte contre violences conjugales Sistah Space.

Si son nom est peu familier du grand public, Lady Susan Hussey, 83 ans, est en fait la marraine du prince William. Cette baronne faisait partie des confidentes de la reine Elizabeth II, dont elle a été dame de compagnie à partir de 1960 – un rôle prestigieux accordé à un nombre restreint d’aristocrates. Face aux critiques qui se sont immédiatement élevées, elle a démissionné de son rôle honorifique, et le palais de Buckingham a publié un communiqué mercredi, assurant «prendre cet incident très au sérieux» et avoir «enquêté pour avoir tous les détails».

«Des inquiétudes sur la couleur de la peau»

Un porte-parole du prince William a également immédiatement réagi, taxant ces commentaires «d’inacceptables». «Le racisme n’a pas de place dans notre société», a-t-il souligné. Ce n’est pas la première fois que l’héritier de la couronne se voit forcé d’intervenir pour désamorcer le débat sur les opinions de la famille royale. Car ce n’est pas non plus le premier incident du genre. En effet, en 2021, Harry, le frère du prince William, et son épouse, Meghan Markle (première personne métisse à entrer dans la famille), accordaient une interview à la superstar américaine Oprah Winfrey, lors de laquelle ils évoquaient «des inquiétudes et des conversations sur la couleur de la peau» de leur fils aîné, Archie, avant sa naissance, parmi leurs proches royaux.

Cette interview avait fait l’effet d’une mini-bombe, déchaînant les tabloïds et attisant les fractures entre pro et anti-Meghan, alors que le couple avait déjà abandonné toute fonction officielle dans la famille royale et déménagé en Californie. Lors d’une visite officielle dans une école de Londres, le prince William, agacé par les questions, avait fini par lancer à un journaliste : «Nous ne sommes pas du tout une famille raciste.»

«Ecouter les communautés»

Il a depuis dû se justifier après une séance photo malheureuse en Jamaïque, en mars, lors de laquelle lui et son épouse, Kate, apparaissaient en train de serrer la main à des enfants à travers un grillage. Des images taxées de colonialistes, qui ont fait grincer des dents à une période où l’île se pose la question de s’affranchir totalement de la monarchie britannique pour devenir une république (le souverain britannique y est encore le chef de l’Etat). William avait alors écrit directement sur Twitter, pour réaffirmer son «désir de servir les peuples du Commonwealth et d’écouter les communautés tout autour du monde».

Alors que le dernier recensement vient d’annoncer que le Royaume-Uni était plus divers que jamais, et que le roi Charles III se veut «le défenseur de toutes les fois», lui et son fils aîné, héritier du trône, ont encore du travail pour convaincre les ex-colonies et minorités ethniques de l’irréprochabilité des Windsor, et du palais de Buckingham. Mercredi soir, le prince William et son épouse, Kate, assistaient à un gala à Boston, aux Etats-Unis, où le couple royal se trouve pour le lancement d’un prix environnemental, le prix Earthshot. Selon le Daily Mail, Mariama White-Hammond, une pasteure américaine et noire, a, dans un discours inaugural et sous les yeux du couple royal, interpellé la foule en lui demandant de «réfléchir à l’héritage du colonialisme et du racisme et son impact sur les individus à travers le monde».