France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Rugby - Top 14 - Les explications du duo Lorenzetti-Travers sur la nomination de Stuart Lancaster au Racing

Comme annoncé par L'Équipe vendredi dernier, l'ancien boss de l'équipe d'Angleterre entre 2011 et 2015, Stuart Lancaster (52 ans), aujourd'hui coentraîneur du Leinster, sera le manager du Racing au 1er juillet prochain. Ce n'est pas une page qui se tourne, c'est un autre livre qui s'ouvre puisque Laurent Travers formait avec Jacky Lorenzetti le tandem manager-président le plus durable dans l'univers du Top 14.

Dix ans, dans ce genre de métiers, c'est une rareté. Débarqué de Castres en 2013, avec un titre de champion de France sur le porte-bagages, Travers, longtemps associé avec Laurent Labit avant de fonctionner en solo, quittera donc en juin le terrain pour un bureau de président exécutif, le grand patron ayant émis le souhait de lâcher du lest. Ce lundi, dans le club-house du club, Lorenzetti et Travers ont détaillé les contours de ce changement d'ère.

Jacky Lorenzetti (propriétaire et président du Racing 92) : « Je suis président depuis quinze ans, j'ai connu deux entraîneurs : Pierre Berbizier et Laurent Travers (entre les deux, Gonzalo Quesada a dirigé l'équipe en 2012-2013). On peut faire la fine bouche sur nos résultats mais nous avons tout de même disputé quatre finales, neuf demi-finales, gagné un Brennus en 2016... Le niveau qualitatif sur la durée mérite d'être souligné. La première réflexion était : comment faire pour garder ce niveau ? La deuxième réflexion était plus personnelle : moi j'ai vingt-quatre ans (rires) (il a 74 ans), l'horloge biologique est là. Je suis un hyperactif, j'ai des activités prenantes comme les vignobles, l'agriculture, l'immobilier, l'Arena...

Si je veux mourir sur les planches, j'avais besoin de redéfinir le volume de mes activités. C'est pourquoi, à partir du 1er juillet, il ne faudra plus appeler Laurent ''coach'' mais ''président''. Il deviendra président du directoire. Je resterai le principal actionnaire, je veillerai aux grandes décisions stratégiques mais au quotidien, ce sera Laurent qui aura la charge du club. C'est assez rare qu'un entraîneur de haut niveau devienne le président de son club. C'est même très rare, peut-être unique dans le rugby.

« On a décidé d'innover, de donner un nouvel allant. On a fait le choix d'arrêter la collaboration côté terrain. Si j'ai fait le deuil du terrain ? Déjà, j'ai une saison à finir et j'espère la finir en apothéose. »

Laurent Travers (entraîneur et futur président du Racing) : C'est un honneur pour moi. C'est très rare d'avoir cette confiance d'un président, je tiens à l'en remercier. On est devenus très proches. Pour que le Racing perdure et reste sur les hautes sphères, il fallait changer. Avec une question au-dessus des autres : que faire pour que le Racing gagne plus ? On a décidé d'innover, de donner un nouvel allant. On a fait le choix d'arrêter la collaboration côté terrain. Si j'ai fait le deuil du terrain ? Déjà, j'ai une saison à finir et j'espère la finir en apothéose. Mais oui, c'est mûrement réfléchi. J'avais la possibilité de continuer mais cette proposition ne se refuse pas. J'ai connu toutes les strates : joueur, assistant, head-coach, président. Cela fait vingt-et-un ans que j'entraîne.

« Si ça ne marche pas avec Stuart (Lancaster), hypothèse que je ne souhaite évidemment pas, Laurent sera là, pour faire un intérim ou je ne sais quoi. »

Jacky Lorenzetti : Je tiens à dire qu'il n'y a pas de crise au Racing et que ces décisions ne sont pas prises sous cet angle. Effectivement, j'avais proposé à Laurent de continuer. Le challenge pour tous les deux, ça va être de lâcher ce qu'on fait. Laurent a eu mal au ventre plusieurs nuits et c'est bien normal. C'est un changement de vie. Regardez, il a mis la veste, la cravate. L'autre décision qu'on est venu vous annoncer, c'est que Laurent n'a pas tardé à se mettre au boulot pour trouver son successeur.

Le 1er juillet, Stuart Lancaster sera notre manager. Il a signé un contrat de quatre ans, ce qui démontre qu'on travaille pour bâtir le long terme. J'avais conseillé à Laurent de regarder à l'international. On a reçu une bonne dizaine de candidatures, ce qui est un signe que le Racing reste attractif. Si ça ne marche pas avec Stuart, hypothèse que je ne souhaite évidemment pas, Laurent sera là, pour faire un intérim ou je ne sais quoi.

« Nos discussions (avec Stuart Lancaster) portent sur le jeu, le profil des joueurs... Il a besoin de savoir si ces joueurs correspondent à ce qu'il aimerait mettre en place, besoin de connaître la culture du club. Il y a déjà énormément de partage. »

Laurent Travers : On recherchait une nouvelle façon de travailler, une nouvelle vision. On recherchait aussi une façon de mettre un coup de fouet, de réveiller le club, les joueurs. On a fait le choix de Stuart Lancaster. C'est quelqu'un qui connaît très bien le haut niveau : il a entraîné l'Angleterre, c'est lui qui a élaboré le projet de jeu qu'a poursuivi Eddie Jones avec le succès qu'on sait (finale de la Coupe du monde 2019), puis il a contribué aux gros résultats du Leinster depuis six ou sept ans. Oui, nos discussions portent sur le jeu, le profil des joueurs... Il a besoin de savoir si ces joueurs correspondent à ce qu'il aimerait mettre en place, besoin de connaître la culture du club. Il y a déjà énormément de partage.

« Ces prochains mois, Stuart (Lancaster) choisira les joueurs qu'il veut et Laurent négociera avec les joueurs. Stuart n'a pas d'a priori. Il sait qu'il se met en danger. Il aurait pu reprendre l'équipe d'Angleterre ou un club anglais. Il a fait un autre choix. »

Jacky Lorenzetti : Stuart, c'est très sécurisant pour nous. C'est un bel entraîneur pour nous. Il va s'impliquer sur les Espoirs, le centre de formation et ça, c'était important. En revanche, nous n'avons pas d'obligations d'accepter le staff de Stuart (actuel directeur de la performance du quinze de France, Thibault Giroud rejoindra le Racing après la Coupe du monde). D'ailleurs, il ne nous a rien demandé de tel. Ce n'est pas du tout des conditions qu'il a posées.

Ces prochains mois, Stuart choisira les joueurs qu'il veut et Laurent négociera avec les joueurs. Stuart n'a pas d'a priori. Il sait qu'il se met en danger. Il aurait pu reprendre l'équipe d'Angleterre ou un club anglais. Il a fait un autre choix. C'était important de fixer ces décisions le plus tôt possible : pour ne pas polluer cette saison, parce qu'il y a début décembre un Racing-Leinster en Coupe d'Europe...

Laurent Travers : Et parce qu'il fallait informer le plus vite possible tout le monde au club, les familles de tout le monde. »

publié le 26 septembre 2022 à 17h13