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[Ruminants] évaluer le coût des fourrages

« L’autonomie fourragère et alimentaire compte parmi les clés de voûte des systèmes d’élevage impactés par les aléas climatiques et l’augmentation des coûts des matières premières, explique Yann Bouchard, ingénieur méthodes et références à la Chambre d’agriculture du Cantal. Nous avons voulu comparer l’intérêt économique des fourrages issus des prairies ainsi que celui d’une mise en place de cultures annuelles à stock comme le maïs ou les méteils pour répondre aux nombreuses interrogations des éleveurs. »

Les prairies naturelles et temporaires, la luzerne pure, le maïs, le maïs + méteil, le raygrass + maïs, le méteil seul, les céréales d’automne ainsi que leurs différents modes de récolte ont ainsi été passés au crible. Une comparaison des coûts et des produits par hectare fournit des bases de réflexion. Les coûts des itinéraires varient de 300 à 880 €/ha pour les prairies. Les prairies naturelles restent sans surprise les moins coûteuses. Les cultures annuelles coûtent de 1 100 à 2 000 €/ha. Parmi elles, le méteil est le plus économe (pas d’engrais, ni traitement). Le coût total par tonne de matière sèche varie de 50 € pour une prairie naturelle pâturée (6 t MS/ha) à 85 € pour une luzerne enrubannée (10 t MS/ha), 122 € pour du maïs à 10 t de MS/ha, 105 € pour du maïs à 12 t MS/ha.

Marges à l’hectare

"Nous avons défini des seuils d’intérêt des cultures en termes de rendement. Cultiver est rentable, à condition d’atteindre ces seuils au moins 8 années sur 10. Il s’établit entre 7 et 8 t MS/ha/an pour une prairie temporaire, 6 t de grain pour une céréale avec une paille récoltée, 15 t MS pour un méteil en dérobée et un maïs fourrage, 10 t MS pour un maïs." Le méteil engage de faibles coûts mais les valeurs alimentaires sont plus modestes « Il permet toutefois de reconstituer du stock et de sécuriser le système avec une culture à pousse d’automne. La marge à l’hectare est de 650 € pour un rendement de 8 t MS. «

Un comparatif précis des marges à l’hectare en tenant compte des rendements et des modes de récolte renseigne plus précisément sur l’intérêt des différents fourrages. Les marges résultent du produit (rendement x valeur alimentaire (2) x prix de marché de la valeur alimentaire) moins les charges (mécanisation + intrants + stockage + main-d’œuvre). La fourchette va de 450 €/ha pour une prairie temporaire ensilée, fanée puis pâturée (6 t de MS) à 1 650 € pour un raygrass italien (4 t MS) et d’un maïs à 12 t de MS.

La luzerne, qui entretient la fertilité du sol, est très résistante en cas de sécheresse. Elle dégage une excellente marge (1 260 €/ha) à condition de préserver la qualité du produit à la récolte. Et sous réserve qu’il n’y ait pas de pullulations de rats taupiers. Les prairies temporaires de courte durée présentent une marge dégradée. Les préserver augmente leur rentabilité tout comme le choix d’un mode de récolte efficace et partagé, par exemple en Cuma.

Monique Roque Marmeys

(1) Réalisé par Yann Bouchard, Eva Fichet, et le réseau Inosys.

(2) Nombre d’UFL produits + nombre de PDI produits. Valeur de marché en 2021 : 230 €/t pour l' orge, 460 €/t pour le soja 48, 110 €/t pour la paille.