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Russie : Ilia Iachine emprisonné pour avoir dénoncé l’offensive en Ukraine

Un tribunal de Moscou a condamné, vendredi 9 décembre, à huit ans et demi de prison cet opposant pour avoir critiqué l’offensive militaire contre l’Ukraine.

Source AFP
L'opposant Ilia Iachine a accueilli le verdict en riant.
L'opposant Ilia Iachine a accueilli le verdict en riant.  © YURI KOCHETKOV / POOL / AFP

Temps de lecture : 3 min

Il a été reconnu coupable d'avoir commis le « crime » consistant à diffuser de « fausses informations » sur l'armée russe et condamné à huit ans et demi de prison. Et pourtant, Ilia Iachine a accueilli le verdict en riant. Le charismatique opposant de 39 ans avait dénoncé, dans une intervention en direct sur YouTube, « le meurtre de civils » dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où la Russie est accusée d'exactions, ce qu'elle nie. Le procureur avait requis neuf ans de prison.

Ilia Iachine, pull à col roulé et fines lunettes, a accueilli la décision en riant, pendant que ses soutiens poussaient des cris d'indignation dans la salle d'audience. « Tu sortiras avant ! Ne désespère pas ! », a lancé l'un d'eux. Dans la foulée, l'opposant Alexeï Navalny, la bête noire du Kremlin qui purge depuis début 2021 une lourde peine de prison après avoir survécu à un empoisonnement, a dénoncé une condamnation « honteuse », dans un message sur Instagram.

Un procès particulièrement suivi

Son procès a été particulièrement suivi en Russie, car il était l'un des derniers opposants russes de premier plan à ne pas avoir fui son pays ou à ne pas avoir été emprisonné. Car parallèlement à l'intervention en Ukraine, le Kremlin a accéléré la répression à l'intérieur de la Russie, pourchassant ceux qui contestent cette opération militaire.

Signe de la tension ambiante, le procès d'Ilia Iachine a été marqué par plusieurs débordements. Au cours d'une audience fin novembre, une échauffourée a éclaté devant la salle, des agents de sécurité du tribunal ayant plaqué le père de l'opposant au sol. Et une audience prévue pour mercredi 7 décembre a été reportée en raison d'une alerte à la bombe.

Ilian Iachine avait été arrêté en juin et placé en détention provisoire en juillet. Il était arrivé, vendredi 9 décembre, en souriant au tribunal, multipliant clins d'œil et gestes de la main en direction de ses proches et trouvant même l'occasion de plaisanter. « Je crois bien que la juge n'a pas envie de lire le verdict », a-t-il lancé, tandis que la magistrate tardait à faire son entrée dans la salle d'audience.

L'opposant était poursuivi sur la base d'articles du Code pénal introduits peu après le début de l'offensive en Ukraine et qui punissent ceux qui « discréditent » l'armée russe ou « publient de fausses informations » sur ses agissements. Ces textes sont vagues et leur champ d'application est très large. Les détracteurs du Kremlin y voient un outil « fourre-tout » pour étouffer la voix de tous ceux qui s'opposent à son intervention militaire en Ukraine.

« Je suis prêt à sacrifier ma liberté pour vivre ici »

Malgré son arrestation, Ilian Iachine a continué de critiquer les autorités de façon acerbe et de dénoncer l'offensive de l'armée déclenchée en février. Début novembre, il avait accusé les juges russes d'être des « serviteurs » du pouvoir et de donner à Vladimir Poutine un « sentiment d'impunité ».

À l'occasion d'une autre audience, il avait expliqué son refus de fuir la Russie en déclarant : « J'aime mon pays et je suis prêt à sacrifier ma liberté pour vivre ici [...]. Je suis un patriote. »

Ilian Iachine était un proche de l'opposant Boris Nemtsov, assassiné en 2015, mais aussi du militant pourfendeur de la corruption, Alexeï Navalny.

Son procès faisait partie des multiples affaires judiciaires à l'encontre de responsables politiques de l'opposition ou de simples particuliers ayant critiqué l'intervention russe en Ukraine. En juillet, un député municipal de l'opposition à Moscou, Alexeï Gorinov, a été jugé pour diffusion de « fausses informations » sur l'armée russe après avoir dénoncé le conflit en Ukraine et a été condamné à sept ans de prison.

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