France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Sa déclaration de patrimoine contestée, la ministre des Collectivités quitte le gouvernement

Sa déclaration de patrimoine contestée, la ministre des Collectivités quitte le gouvernement

Photo AFP

publié le 28 novembre 2022 à 21h41.

La déclaration de patrimoine de Caroline Cayeux a été jugée « sous-évaluée » par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.

En délicatesse avec la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Caroline Cayeux a démissionné lundi de son poste de ministre déléguée aux Collectivités territoriales, pour une déclaration de patrimoine jugée « sous-évaluée ».

Dans un communiqué, elle affirme avoir « tenu compte de ses observations » et s’être « alignée » mais, « en dépit de cela, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique persiste à mettre en doute ma sincérité ». L’ancienne maire de Beauvais, âgée de 74 ans, explique donc avoir décidé de démissionner « afin de ne pas gêner l’action du gouvernement ».

L’Élysée a précisé que ses attributions seraient reprises par sa collègue chargée de la Ruralité, Dominique Faure. Cette dernière passe du rang de secrétaire d’État à celui de ministre déléguée.

La HATVP a indiqué de son côté qu’elle ne communiquerait pas dans l’immédiat, dans l’attente de la réunion de son collège mardi.

À l’origine d’un tollé il y a quelques mois

Ex-figure du RPR, de l’UMP puis de LR, cette représentante selon ses dires de la « droite sociale » avait fait l’objet d’une polémique dès son arrivée au gouvernement, en raison de propos datant de 2013. Elle avait alors qualifié le mariage pour tous et l’adoption pour les couples de même sexe, de « réforme de caprice et de dessein qui va contre la nature ».

Interrogée sur cette déclaration, Caroline Cayeux avait répondu en juillet dernier : « Je maintiens évidemment mes propos. Mais j’ai toujours dit que la loi, si elle était votée, je l’appliquerais ». Puis avait ajouté : « Je dois vous dire quand même, j’ai beaucoup d’amis parmi ces gens-là. Franchement, c’est un mauvais procès qu’on me fait et ça m’a beaucoup contrariée ». L’utilisation du terme « ces gens-là », en référence aux couples de même sexe, avait provoqué un tollé.

Les oppositions n’ont pas tardé à ironiser sur ces nouveaux déboires du gouvernement. « Caroline Cayeux démissionne. Non pas pour ses propos LGBT-phobes, qui ne dérangeaient pas Macron, mais suite à un désaccord avec la HATVP sur sa déclaration de patrimoine. Décidément, la Macronie est engluée dans les affaires d’argent, de conflit d’intérêt et d’opacité… », a déploré le député LFI Bastien Lachaud, tout comme sa collègue Clémence Guetté, pour qui « on ne voit plus la fin des scandales macronistes ». « La vraie question est : qui n’a pas de démêlé avec la justice ou la HATVP dans ce gouvernement ? », a tweeté pour sa part le patron du PS Olivier Faure.

La liste des démissions de ministres sous Macron s’allonge

Avant Caroline Cayeux (Collectivités territoriales) lundi, plusieurs ministres ont démissionné de leur poste depuis le début de la présidence d’Emmanuel Macron en 2017, notamment pour des sous-évaluations de patrimoine.
1 Richard Ferrand et les Mutuelles de Bretagne (2017). À peine nommé ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand est épinglé par le Canard enchaîné qui révèle qu’en 2011 les Mutuelles de Bretagne qu’il dirigeait alors ont loué des locaux commerciaux appartenant à sa compagne. Il quitte le gouvernement le 19 juin 2017 et succède à François de Rugy à la présidence de l’Assemblée nationale, poste qu’il occupe de septembre 2018 à juin 2022. Mis en examen pour « prise illégale d’intérêts » en septembre 2019, la Cour de cassation confirme la prescription des faits le 5 octobre 2022.
2 Le MoDem et ses assistants parlementaires (2017). Le 9 juin 2017, le parquet de Paris ouvre une enquête visant le MoDem, présidé par François Bayrou, sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants d’eurodéputés. Le 20 juin, Sylvie Goulard, devenue ministre des Armées, quitte le gouvernement, suivie de François Bayrou (Justice) et de Marielle de Sarnez (Affaires européennes). Fin 2019, Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez (décédée en 2021) sont mises en examen pour « détournement de fonds publics » et François Bayrou pour « complicité » de ce délit.
3 Nicolas Hulot renonce (2018). Ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot annonce son départ le 28 août 2018, déplorant un isolement sur ses dossiers et une influence excessive des lobbies, notamment de la chasse, sur l’Élysée.
4 Laura Flessel et Gérard Collomb (2018). La ministre des Sports Laura Flessel annonce le 4 septembre 2018 son départ pour des « raisons personnelles ». Certains médias évoquent une sous-déclaration fiscale. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui a fait savoir qu’il serait candidat à la mairie de Lyon, présente sa démission le 1er octobre 2018.
5 Rugy s’en va (2019). Le 16 juillet 2019, le ministre d’État à la Transition écologique François de Rugy démissionne après des révélations de Mediapart concernant son train de vie sur les deniers publics.
6 Delevoye jette l’éponge (2019). Le Haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye démissionne le 16 septembre 2019 après avoir été mis en cause pour ne pas avoir déclaré plusieurs mandats à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Il est condamné pour cela le 2 décembre 2021 à quatre mois de prison avec sursis et 15.000 euros d’amende.
7 Agnès Buzyn lâche la Santé (2020). Le 16 février 2020, la ministre de la Santé et des Solidarités Agnès Buzyn quitte ses fonctions pour devenir la candidate LREM à la mairie de Paris en remplacement de Benjamin Griveaux qui a renoncé après la diffusion de vidéos sexuelles.
8 Edouard Philippe démissionne après les municipales (2020). Cinq jours après le fiasco de LREM au second tour des municipales, Edouard Philippe remet le 3 juillet 2020 la démission de son gouvernement. Il est remplacé par Jean Castex.
9 Alain Griset condamné (2021). Il est le premier ministre en exercice à comparaître devant un tribunal correctionnel. Le ministre délégué aux PME Alain Griset est condamné le 8 décembre 2021 à six mois de prison avec sursis, ainsi qu’à une inéligibilité de trois ans avec sursis, pour « déclaration incomplète ou mensongère de sa situation patrimoniale » après sa nomination au gouvernement en juillet 2020. Il présente sa démission le même jour et fait appel de sa condamnation.