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Sainte-Soline : affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre

Une manifestation interdite contre les bassines donne lieu à des violences samedi dans les Deux-Sèvres. Des véhicules de la gendarmerie ont été incendiés.

Par V.P. avec AFP
La manifestation tourne rapidement a l'affrontement pres de Sainte-Soline.
La manifestation tourne rapidement à l'affrontement près de Sainte-Soline. © THIBAUD MORITZ / AFP

Temps de lecture : 3 min

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Le rassemblement dégénère. Des affrontements ont éclaté ce samedi 25 mars entre les manifestants et les forces de l'ordre autour d'une réserve d'eau contestée en construction à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), où des milliers de personnes se sont mobilisées malgré l'interdiction du rassemblement.

Un long cortège avait commencé à défiler en fin de matinée, composé d'au moins 6 000 personnes selon la préfecture, « probablement un peu plus », et d'environ 25 000 selon les organisateurs. Plus de 3 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés par les autorités, alors qu'« au moins un millier » d'activistes violents, « prêts à en découdre avec les forces de l'ordre », participent au rassemblement.

À LIRE AUSSIMobilisation contre les « mégabassines » : « C'est comme un 49.3 écologique ! »

À l'approche du chantier, les affrontements ont éclaté rapidement entre forces de l'ordre et militants radicaux, avec des jets de projectiles et des tirs de mortier auxquels policiers et gendarmes ont riposté avec des gaz lacrymogènes et le canon à eau, selon des journalistes de l'Agence France-Presse.

Une scène de guerre

Vers 13 h 30, les abords de la bassine ressemblaient à une scène de guerre, avec de très nombreuses détonations qu'observaient de loin, et au son des bandas, la plupart des manifestants restés pacifiques. Plusieurs véhicules de gendarmerie ont pris feu sous les vivats de certains.

Aucun bilan n'a été fourni pour l'instant mais des appels aux « medics » commençaient à se faire entendre et la gendarmerie a diffusé l'image d'un photographe blessé à la tête.

« Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l'eau », revendiquent les organisateurs, qui ont installé un campement à quelques kilomètres de Sainte-Soline, sur la commune de Vanzay, en bordure du périmètre d'interdiction.

« Ne tombez pas dans la violence, la vraie violence, c'est celle de l'État », avait précédemment lancé à la foule Julien Le Guet, porte-parole de « Bassines non merci », sous le coup d'un contrôle judiciaire qui le prive de manifestation. Le dispositif de sécurité est deux fois plus important que lors de la dernière manifestation. « Il y a une très grande mobilisation de l'extrême gauche et de ceux qui veulent s'en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions », avait justifié Gérald Darmanin vendredi sur CNews.

Des armes saisies

Des armes avaient été saisies en amont du rassemblement – boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux et haches selon la gendarmerie – et 11 personnes interpellées, dont sept sont actuellement en garde à vue, selon le parquet de Niort. Plusieurs élus EELV et LFI manifestent samedi, tandis que des observateurs des pratiques policières mandatés par la Ligue des droits de l'homme doivent « documenter le maintien de l'ordre » durant le week-end.

À LIRE AUSSI« Le seul bien qu'on ingère, c'est l'eau, et c'est celui qu'on paye le moins cher ! »La bassine de Sainte-Soline fait partie d'un ensemble de 16 retenues d'eau, d'une capacité totale d'environ six millions de mètres cubes, qui doivent être construites dans le cadre d'un projet porté par une coopérative de 450 agriculteurs, soutenu par l'État mais contesté de longue date. Il vise à stocker de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient, selon un principe de « substitution ». Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations face à la menace de sécheresses récurrentes.

Son coût de 70 millions d'euros est financé à 70 % par des fonds publics en échange de l'adoption de pratiques agroécologiques par les bénéficiaires, une vaine promesse selon les opposants qui dénoncent un « accaparement » de l'eau par « l'agro-industrie » à l'heure du changement climatique.

« Il y a seulement 6 % de la surface agricole utile qui est irriguée en France et il y a 100 % des agriculteurs qui subissent la sécheresse », a déclaré Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, samedi sur RMC. Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a défendu quant à lui sur France Inter un projet « exemplaire » en termes de « sobriété » agricole.