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Sainte-Soline : premières tensions entre manifestants et forces de l’ordre

Séparer le bon grain militant de l’ivraie radicale. A l’unisson avec le gouvernement, la préfecture des Deux-Sèvres a dénoncé ce samedi la présence de «centaines d’individus radicaux» dans le département où sont prévues deux journées de rassemblements contre le projet de méga-bassine.

Le collectif Bassines non merci, les Soulèvements de la terre, la Confédération paysanne et 200 organisations s’attendent samedi et dimanche à une participation encore plus massive que le 29 octobre dernier à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), où plus de 5 000 personnes s’étaient réunies, avec à la clé une surenchère gouvernementale, Gérald Darmanin taxant même ces actions militantes «d’éco-terrorisme». Les manifestations de ce week-end ont été interdites par la préfecture.

«Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l’eau», revendiquent les organisateurs, qui ont installé un campement à quelques kilomètres de Sainte-Soline, sur la commune de Vanzay, en bordure du périmètre d’interdiction.

Le premier cortège, surnommé «des outardes», du nom d’un oiseau typique de la région, s’avançait tranquillement en fin de matinée vers la bassine. Un panneau annonce que la commune est à quatre kilomètres. Une trentaine de personnes porte l’oiseau géant construit en bois, en se relayant régulièrement. Le volatile est précédé de nombreuses bouées en forme d’animaux. Beaucoup sont surpris de ne pas avoir croisé plus de gendarmes sur le chemin. Au loin, on aperçoit quelques cavaliers de la garde républicaine.

Ce cortège, destiné à ceux qui veulent marcher pacifiquement, devrait arriver en premier. On y croise des étudiants et des retraités. Sur le rythme du chant contre la réforme des retraites, on entonne des paroles adaptées à cette lutte contre l’accaparement de l’eau : «Pas de bassine à Sainte-Soline. La guerre de l’eau a commencé, on se battra pour la gagner.» Le «On est là» devient «On est l’eau».

Dans un communiqué relayé sur Twitter, la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, a recommandé la «plus grande prudence» en exhortant les manifestants de se désolidariser des «fauteurs de trouble» si des exactions «venaient à être commises». En milieu de journée, la préfète a évoqué lors d’un point presse la présence d’«au moins 6000 personnes», dont, dit-elle, «un millier de personnes», «en des groupes constitués», «violents, déjà fortement équipés, et qui au vu de ce qu’ils ont emporté avec eux sont prêts à en découdre avec les forces de police».

#SaintSoline | Celles et ceux qui souhaitent manifester pacifiquement et avec des enfants doivent faire preuve de la plus grande prudence.

👉 Désolidarisez-vous immédiatement des fauteurs de troubles si des exactions venaient à être commises. pic.twitter.com/RUo3kxm894

— Préfète des Deux-Sèvres (@Prefet79) March 25, 2023

Selon la préfecture, les militants radicaux prépareraient «des actions violentes, en marge de la progression actuelle des différents cortèges, tout en sachant sciemment que peuvent s’y trouver notamment de nombreux enfants.»

«No Basaran»

Après une nuit pluvieuse, le campement établi dans un champ de Vauzay est un marécage. Mais les mines sont réjouies. Dans le bourg, on petit-déjeune sous un vieil abri ou sur un parking. Certains ont déjà commencé à ranger les tentes dans leurs voitures, garées sur des centaines de mètres.

Au centre du campement, sur la plateforme d’un camion, des représentants de la Confédération paysanne, d’EE-LV, du PCF ou de LFI s’enchaînent à la tribune. Ainsi que le porte-parole de Bassines Non Merci, Julien Le Guet, qui ne manque pas de rappeler que son contrôle judiciaire lui interdit d’aller sur la commune voisine de Sainte-Soline. Tous les orateurs terminent par «No Basaran». Les pieds dans la gadoue, des mains applaudissent. D’autres s’activent à l’écart : lunettes de protection, masques, cache cou et même quelques boucliers.

La foule est répartie dans trois cortèges. Deux d’entre eux, les «loutres jaunes» et les «anguilles turquoises», coupent à travers champs, avec les plus déterminés des manifestants.

En écho à la préfecture des Deux-Sèvres, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a appelé à «la responsabilité et l’apaisement» sur France Inter samedi matin : «3 000 gendarmes, c’est beaucoup, mais face à des gens très déterminés et qui ne pense pas la vie humaine comme un bien précieux, c’est une grande mobilisation pour les gendarmes.»

Même son de cloche - dramatisant et sécuritaire - pour le ministre de la Transition écologique : «On ne peut pas, sous couvert d’écologie, transformer un moment d’opposition en un moment de déferlement de violence», a mis en garde Christophe Béchu sur France Info. Ces bassines, «ce n’est pas un projet pour remplir les jacuzzis des agriculteurs. C’est un projet c’est un projet fait pour assurer de la production agricole pour nous nourrir».