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Salman Rushdie publie son nouveau roman et prend la parole dans le « New Yorker », six mois après son agression

Le 12 août, l’écrivain britannique avait failli perdre la vie dans une attaque au couteau lors d’une conférence aux Etats-Unis. Icône de la liberté d’expression, il vit sous le coup d’une fatwa pour l’écriture du livre « Les Versets sataniques » en 1988.

C’est sans doute l’un des romans les plus attendus de l’année. Six mois après avoir été poignardé aux Etats-Unis, l’écrivain britannique Salman Rushdie sort un nouveau roman, Victory City (Penguin Random House, non traduit), et a pris la parole publiquement pour la première fois à l’occasion d’un long entretien et d’un portrait dans le New Yorker.

L’auteur ne fera aucune promotion pour présenter son quinzième roman qui sort mardi aux Etats-Unis et jeudi au Royaume-Uni, a prévenu son agent, Andrew Wylie, dans le quotidien britannique The Guardian, même « si sa guérison progresse » depuis l’attaque qui a failli lui coûter la vie le 12 août dernier. Ce roman de l’auteur d’origine indienne, achevé avant son agression au couteau, est présenté comme la traduction de l’épopée historique de Pampa Kampana, une jeune orpheline dotée de pouvoirs magiques par une déesse, qui va créer la ville de Bisnaga, littéralement Victory City.

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Un jeune homme s’était jeté sur lui armé d’un couteau alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole lors d’une conférence à Chautauqua dans le nord-ouest de l’Etat de New York, près du lac Erié, l’un des cinq Grands Lacs. Rushdie, naturalisé américain et qui vit à New York depuis vingt ans, a perdu la vue d’un œil et l’usage d’une main, avait annoncé en octobre son agent. Lundi, il a publié sur Twitter une photo de lui avec des lunettes, dont l’un des verres est noir et masque son œil droit.

Dans sa première interview depuis son agression, publiée par le magazine The New Yorker lundi, Salman Rushdie explique que cet événement lui a laissé également des cicatrices mentales, évoquant un syndrome de stress post-traumatique. « J’ai trouvé ça très, très difficile d’écrire. Je m’assieds pour écrire, et rien ne se passe », explique-t-il notamment.

The photo in @NewYorker is dramatic and powerful but this, more prosaically, is what I actually look like. 😊 https://t.co/ydrV7WvWgE

— SalmanRushdie (@Salman Rushdie)

« Donner aux femmes une place égale dans un monde patriarcal »

L’attaque avait choqué dans les pays occidentaux, mais avait été saluée par des extrémistes de pays musulmans comme l’Iran ou le Pakistan. Depuis, l’auteur est resté éloigné des médias, mais il a recommencé à s’exprimer sur le réseau social Twitter depuis décembre dernier, le plus souvent pour relayer les critiques de son nouveau roman publiées dans la presse. Plusieurs événements sont toutefois prévus pour accompagner la sortie de Victory City, comme une conférence diffusée sur Internet avec les auteurs britanniques Margaret Atwood et Neil Gaiman.

Icône de la liberté d’expression depuis qu’il vit sous le coup d’une fatwa pour l’écriture du livre Les Versets Sataniques en 1988, Rushdie défend encore la puissance des mots dans Victory City. Avec pour mission de « donner aux femmes une place égale dans un monde patriarcal », selon le résumé de son éditeur Penguin Random House, son héroïne et poète Pampa Kampana, qui vivra près de deux cent cinquante ans, sera aussi le témoin de « l’orgueil de ceux qui sont au pouvoir », et assistera à l’essor puis à la destruction de Bisnaga.

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Son héritage au monde restera toutefois son récit épique, qu’elle enterre en guise de message pour les générations futures. Et le roman se conclut par cette sentence : « Les mots sont les seuls vainqueurs. » Dans le quotidien américain The New York Times, l’écrivain irlandais Colum McCann, ami de Rushdie, affirme que l’auteur « dit quelque chose de très profond dans Victory City ». « Il dit : “Vous ne pourrez jamais enlever aux gens la faculté fondamentale de raconter des histoires.” Confronté au danger, même face à la mort, il réussit à dire que tout ce que nous avons, c’est le pouvoir de raconter des histoires. »

Né à Bombay en 1947, Rushdie a publié son premier roman Grimus en 1975 et a connu une célébrité mondiale six ans plus tard avec Les Enfants de minuit, qui lui a valu le Booker Prize au Royaume-Uni. Victory City sortira en septembre prochain en France sous son titre original, a fait savoir sa maison d’édition française Actes Sud.

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Retrouvez nos tribunes sur Salman Rushdie

  • « Ce qu’incarne Salman Rushdie, c’est la liberté d’expression face à l’islamisme et aux fondamentalismes, et il l’a payée à plusieurs titres », par la philosophe Anna Bonalume.
  • « L’arme juridico-religieuse présente plusieurs tranchants, au point de susciter une inquiétude parmi ses partisans », par l’historien Dominique Avon.
  • « L’agression de Salman Rushdie dit aux critiques de l’islam qu’ils ne seront en sécurité nulle part dans le monde », par la romancière bangladaise Taslima Nasreen.
  • « La tentative d’assassinat de Salman Rushdie nous rappelle la véritable nature de l’idéologie khomeyniste transnationale », par le chercheur Clément Therme.
  • « Nous refusons qu’en notre nom soit commis le crime », par un collectif de plus de 200 personnalités issues des sociétés civiles tunisienne, algérienne, marocaine ou de l’immigration maghrébine en Europe.
  • « Charlie Hebdo » soutient Salman Rushdie : « Rien n’est sacré », par Riss et l’équipe de l’hebdomadaire.
  • « Avec l’attaque contre Salman Rushdie, le djihadisme chiite a-t-il dépassé les logiques d’Etat de ses concepteurs iraniens ? », par le politologue Gilles Kepel.
  • « “Les Versets sataniques”, qui ont fait couler beaucoup d’encre et pas mal de sang, ne sont pas à proprement parler un roman sur Mahomet, ni sur l’islam », par l’écrivain franco-turc Nedim Gürsel.

Le Monde avec AFP

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