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Samuel Vuelta Simon, un procureur de choc venu d’Angoulême

Samuel Vuelta Simon, un procureur de choc venu d’Angoulême
Samuel Vuelta Simon a passé son bac au lycée Saint-Paul à Angoulême.

Photo CL

Par Antoine BENEYTOU - a.beneytou@charentelibre.fr, publié le 6 décembre 2022 à 20h49, modifié à20h50.

Actuel procureur de Toulouse, Samuel Vuelta-Simon a grandi à Angoulême. D’origine espagnole, c’est en Charente qu’il a façonné sa brillante carrière. Jalonnée de dossiers médiatiques.

Le désarmement d’ETA en avril 2017 ? Il en était. Le nouvel office anti-stupéfiants qui a vu le jour en 2019 ? C’est lui. L’organisation du G7 à Biarritz ? Il était encore dans le coup. L’affaire Jubillar ? C’est de son ressort. C’est à croire qu’à chaque fois qu’un dossier chaud s’invite dans l’actualité, Samuel Vuelta-Simon n’est pas bien loin. « Le hasard des postes… », balaye l’actuel procureur de Toulouse. Des affaires et des dossiers médiatiques qui jalonnent une brillante carrière, façonnée en partie à Angoulême. C’est ici, rue Saint-Ausone...

Le désarmement d’ETA en avril 2017 ? Il en était. Le nouvel office anti-stupéfiants qui a vu le jour en 2019 ? C’est lui. L’organisation du G7 à Biarritz ? Il était encore dans le coup. L’affaire Jubillar ? C’est de son ressort. C’est à croire qu’à chaque fois qu’un dossier chaud s’invite dans l’actualité, Samuel Vuelta-Simon n’est pas bien loin. « Le hasard des postes… », balaye l’actuel procureur de Toulouse. Des affaires et des dossiers médiatiques qui jalonnent une brillante carrière, façonnée en partie à Angoulême. C’est ici, rue Saint-Ausone que la famille Vuelta-Simon a posé ses valises « après mai 1968 », débarquant de Galice. Un papa mi « bâtisseur de cathédrales », mi « Vulcain », maçon puis fondeur chez Leroy. Une maman femme de ménage puis ouvrière aux établissements Duport, une usine de chaussure.

Depuis il en a côtoyé des voyous, des petits et des gros du crime organisé. Il en a dirigé des enquêtes en tant que juge d’instruction durant ses premières années en tant que magistrat. Mais Samuel Vuelta Simon se souvient avec force détails de ses années angoumoisines. Son arrivée, alors qu’il ne parle pas un mot de français, l’école Jules Ferry « une superbe école », ses années lycée à Saint-Paul et ce professeur de français François Fort, qui lui a tant fait aimer les livres. « Mi Sarko-mi Sylvester Stallone ». « Au lieu de turbuler tu ferais mieux de lire un peu », lui dit-il un jour.

D’abord policier en Espagne

Le droit, il y est venu un peu par hasard après avoir tenté de devenir flic en Espagne à 19 ans. « J’ai fini par démissionner et revenir en France. Les mœurs, la manière de penser ne me correspondaient pas, l’état aussi de la société. C’était une police qui avait connu le Franquisme… Cela m’a permis de me rendre compte que j’étais Français. » À son retour, il choisit la fac de droit de La Rochelle. Pour rejoindre un copain. L’idée de devenir magistrat fait son chemin. Aidée en cela par l’abolition de la peine de mort, les grands discours de Robert Badinter et l’assassinat du juge Michel par la pègre marseillaise. Il tente l’école nationale de la magistrature. « Et manque de pot, je l’ai eu. » Suivra un stage au palais de justice, à Angoulême, ainsi qu’à Charente Libre où il se souvient du bruit des rotatives. Boulogne-sur-Mer, Poitiers… il fait ses armes en tant que juge d’instruction. « Un métier formidable, mais qui a beaucoup changé. »

Une vie liée à ETA

Sa carrière est aussi liée à l’histoire d’ETA. Durant ses jeunes années, d’abord, quand il envisage de devenir flic en Espagne. « Toutes les semaines un policier, un militaire ou élu était exécuté par l’ETA. On était dans un stress permanent ». Il recroisera l’organisation indépendantiste au ministère à Paris, lorsqu’il travaillera sur les thématiques de terrorisme. Djhadiste, mais aussi séparatiste. Puis à Madrid, lorsqu’il devient magistrat de liaison quatre années durant. Et enfin en avril 2017, quand ETA décide de rendre les armes. « Ils choisissent de les remettre à la France, à la justice française et particulièrement au procureur de Bayonne. »

À cette époque, c’est lui qui est en poste. « Cela s’est passé de manière assez originale, comme dans un film. » Il se souvient de « cet émissaire tout tremblotant » qui est arrivé au tribunal de Bayonne, vers 8 heures, un document à la main. Le quartier était bouclé, les policiers et démineurs prêts à foncer vers les caches d’armes. L’émissaire lui remet le papier. « On découvre un inventaire précis avec les tampons ETA, les coordonnées GPS pour accéder aux lieux ; des bidons enterrés, on envoie les équipes. Sur chaque point, il y a des émissaires de la paix dont José Bové, des figures, pour veiller à ce que personne ne vienne récupérer ces armes. Il y en a 4,5 tonnes. On retrouve des choses volées dans des actions d’ETA, des lance-roquettes, explosifs. »

Angoulême et Toulouse vont évoluer vers Marseille, il ne faut pas se tromper

L’autre grand volet de sa carrière, c’est la lutte contre les stups. Lorsqu’il l’évoque, il a l’assurance de ceux qui savent de quoi ils parlent. Pas pour rien qu’il a été choisi en 2019 pour préfigurer ce qui deviendra l’Ofast, l’Office anti-stupéfiants. Il en a théorisé la lutte. Les stups, qui sont « au cœur de tout, au cœur des violences ». La drogue, qui favorise les violences, les viols, observe-t-il. « L’économie souterraine est alimentée par les stups, le blanchiment tous azimuts c’est l’argent des stupéfiants qui le permet. »

Il connaît la spécificité des réseaux, des villes. À Toulouse, il observe l’augmentation des règlements de compte. 23, selon son décompte, contre 25 à Marseille. « Au 9 mm ou au 6/35 » dans la ville rose, quand les caïds marseillais utilisent la kalachnikov. « Ici, ils font venir des gens de l’extérieur, des Marseillais, Parisiens, d’Espagne ou d’Italie pour servir d’homme de main. » Il prévient : « Angoulême et Toulouse vont évoluer vers Marseille, il ne faut pas se tromper, c’est une question de temps. On les voit arriver les armes de guerre dans des voitures avec des caches. On suit ça pour mettre fin aux filières. Les trafics achètent souvent 20, 30 000 euros d’armes pour leur négoce, pour protéger leurs points de deal. » La semaine prochaine, se tiendra la reconstitution de l’affaire Jubillar. Ce dossier de disparition n’a pas encore été élucidé.

Repères

5/04/1964. Naissance en Galice.
1969. Arrivée à Angoulême et scolarisation à l’école Jules-Ferry.
8 avril 2017. ETA lui remet 4 tonnes d’armes, en tant que procureur de Bayonne.
Juillet 2021. Il devient procureur de Toulouse.