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Santé mentale : Comment déceler un risque suicidaire chez son ado ?

Plus de 300 jeunes de 15 à 24 ans se suicident chaque année en France, selon l’Inserm. Un chiffre à noter à l'occasion de la Journée nationale de prévention du suicide, qui a lieu ce dimanche. Pour les parents, il n’est pas toujours facile de déceler la profonde souffrance que ressent leur enfant. Car avoir un ado, c’est parfois essuyer un refus quand on lui demande de venir à table, s’entendre répondre « rien » quand on lui demande ce qu’il a fait de sa journée, et le voir rester enfermé des heures dans sa chambre. Alors, à quel moment s’inquiéter du comportement de son fils ou de sa fille ?

« La plupart des adolescents vont bien, constate Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent et maître de conférences à l’Université de Lille. L’adolescence est une période certes complexe mais pas nécessairement compliquée. » Si vous constatez que votre adolescent va mal, il faut donc s’en préoccuper et ne pas minimiser son mal-être. Encore plus s’il fait partie des populations particulièrement à risque, comme les jeunes LGBT, dont les tentatives de suicide sont plus fréquentes que dans la population générale. L'affaire Lucas l'a encore tristement illustré récemment. Les jeunes ayant déjà fait une tentative de suicide, consommant de la drogue ou souffrant d’une maladie psychique ont également plus de risque de mettre fin à leurs jours.

Isolement, irritabilité, modification de l’appétit

Au-delà du profil, certains signaux comportementaux doivent alerter. Fréquenter moins régulièrement - voire plus du tout - ses amis, devenir irritable et impulsif, avoir une baisse de ses résultats scolaires, sécher les cours, ne plus effectuer d’activités, dormir ou manger plus ou moins que d’habitude, ou encore consommer des drogues sont autant de comportements qui, additionnés les uns aux autres, doivent mettre la puce à l’oreille. « En général, les parents connaissent leur enfant et perçoivent quand il ne va pas bien, estime Charles-Edouard Notredame. S’ils repèrent un changement dans son attitude, ils doivent se faire confiance en tant que parent. »

L’environnement dans lequel se trouve l’enfant doit également être pris en compte. Même adolescente, une rupture amoureuse peut être extrêmement douloureuse et conduire à une profonde détresse psychologique. La séparation de parents peut également être un élément précipitant le suicide (même si on le rappelle, cet acte est toujours multifactoriel). Il faut donc être attentif et ne pas minimiser les moments de vie compliqués chez les adolescents. « Si on additionne un moment de vie douloureux et un changement de comportement, on doit s’inquiéter », insiste Yann Massart, délégué général de l’association de prévention contre le suicide Dites Je suis là.

Poser ouvertement la question des idées suicidaires

Ces signaux doivent mener à la deuxième étape : écouter. Si on s’en sent prêt et capable, on peut directement demander à son enfant s’il a des idées suicidaires. « Poser la question ne pousse jamais à l’acte et ne provoque pas davantage d’idées noires, rappelle Yann Massart. Cela permettra même de désamorcer la potentielle crise suicidaire, qui est souvent très fugace. » Si votre enfant vous répond par la positive, il ne faut pas hésiter à parler de l'origine de la souffrance et à consulter un professionnel.

Mais s’il ne s’ouvre pas ou qu’il vous est trop difficile de lui poser la question frontalement, vous pouvez lui proposer d’écrire sur le tchat du Fil Santé Jeunes, d’appeler le 3114 (numéro national Souffrance et Prévention du Suicide) ou de rencontrer un professionnel de santé. Infirmière scolaire, médecin traitant ou psychologue d’une Maison des adolescents : à lui de choisir l’interlocuteur avec lequel il sera le plus à l’aise.

« Dans un contexte avec un enjeu affectif moins important, il est possible que l’adolescent se mette à parler », constate Charles-Edouard Notredame. D’autres personnes de l’entourage, comme un oncle, une marraine, une amie des parents, un frère ou une sœur, avec qui il se sent plus à l’aise, peuvent également prendre le relais.

Avancer main dans la main

Si l'enfant reste mutique, fouiller son téléphone ou son ordinateur pour voir s’il va bien est par contre à éviter, selon Charles-Edouard Notredame et Yann Massart. « Faire les choses avec lui, c’est toujours plus pertinent, assure le délégué général de Dites Je suis là. Et si on le fait avec bienveillance, l’enfant va être soulagé. »

Car une fois qu’on aura parlé frontalement du problème, l’adolescent pourra, si besoin, suivre une psychothérapie ou prendre des médicaments. Plus la personne ayant des idées suicidaires est prise en charge tôt, moins elle aura de risque d’en avoir de nouveau plus tard. D’où le slogan de Dites Je suis là : « En parler peut tout changer ».