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Science : les cinq expositions à ne pas rater

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R.MORETTO / EPPDCSI
Par Florence Rosier, Pierre Barthélémy et Francis Gouge

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CritiqueLa sélection de la rédaction du « Monde » explore différents domaines, des épidémies aux momies en passant par les foules, drôles d’objets d’étude. A voir à Paris ou en province.

Remonter le temps à Nemours grâce aux fouilles archéologiques menées dans les carrières de sable, à Paris au gré des épidémies qui, depuis des siècles, ont marqué les corps et les esprits ou encore à Toulouse pour se confronter aux momies et aux fantasmes qui leur sont associés, le territoire regorge d’expositions temporaires passionnantes.

Les grandes épidémies de l’histoire aux Archives nationales

Caricature anglaise de James Gillray sur les craintes des effets de la vaccine (vaccination pré-Pasteur, c’est-à-dire introduction dans le corps humain d’une forme bénigne de la « variole des vaches », le cowpox).
Caricature anglaise de James Gillray sur les craintes des effets de la vaccine (vaccination pré-Pasteur, c’est-à-dire introduction dans le corps humain d’une forme bénigne de la « variole des vaches », le cowpox).

Dans l’imposant escalier de l’hôtel de Soubise, à Paris, un drôle de dandy nous accueille. Souriant de toutes ses dents, ce spectre nous invite à un voyage à travers les épidémies passées. Dans une fresque tragique, nous découvrons la farandole des grandes faucheuses qui ont décimé les populations d’Europe. Lèpre et peste noire au Moyen Age ; puis variole jusqu’au XXe siècle ; choléra, typhus, diphtérie et tuberculose aux XVIIIe et XIXe siècles ; poliomyélite et VIH au XXe siècle ; coronavirus au XXIe siècle, sans oublier la grippe, qui jamais n’a desserré son joug.

L’exposition exhume un florilège de documents d’époque, montrant « les niveaux de connaissance sur ces maladies à travers les âges mais aussi les moyens de lutte développés », explique Vanessa Szollosi, cocommissaire. De macabres décomptes rappellent que, jusqu’au XVIIIe siècle, nos ancêtres ont enduré ces fléaux sans grands moyens de lutte. En 1348, le registre des décès du village de Givry, en Saône-et-Loire, répertorie les noms des défunts fauchés par la peste noire, qui fera six cent vingt-deux morts, de juillet à novembre, contre une vingtaine par an habituellement. Une Danse macabre du XVe siècle, peinte en l’église Saint-Germain de La Ferté-Loupière, dans l’Yonne, proclame que tous, riches et pauvres, finissent pareillement. Lui fait écho le poème symphonique de Camille Saint-Saëns (1874).

Mais le plus fascinant est ailleurs. Hier comme aujourd’hui, les réponses des hommes et des femmes, confrontés à ces fléaux, entrent en résonance – après trois ans de Covid-19, elles nous semblent familières. « Pourtant, l’exposition avait été programmée avant la pandémie », glisse Lucile Douchin, autre commissaire. La fuite de ceux qui en ont les moyens, par exemple. Dans son fameux Décaméron (1349-1353), Boccace raconte comment dix jeunes gens de la bourgeoisie florentine, voulant échapper à la peste, se sont réfugiés dans les collines toscanes.

Les rumeurs et la désignation de boucs émissaires, ensuite. En témoigne le massacre des juifs de Strasbourg, le 14 février 1349, rappelé ici. Ou ce rapport de police de 1832 relatant comment un étudiant en médecine, venu soigner un malade du choléra, fut accusé par une foule en colère d’être un empoisonneur. La suspension des échanges commerciaux, la fermeture des frontières et les quarantaines, ensuite. Une kyrielle de règlements révèle la constance de ces mesures pour circonscrire le mal.

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