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Sécheresse : dans le Var, des villages encore rationnés en eau

Depuis avril, une partie de Seillans est ravitaillée par camion-citerne. Il n’a pas plu depuis l’été, et les nappes phréatiques ne se rechargent pas.

Par Thibaut Déléaz
Pour alimenter en eau un quartier de Seillans dont la source est a sec, le reservoir est rempli huit fois par jour par camion-citerne.
Pour alimenter en eau un quartier de Seillans dont la source est à sec, le réservoir est rempli huit fois par jour par camion-citerne. © Thibaut Déléaz / Le Point

Temps de lecture : 3 min

C'est un ballet auquel les habitants de Seillans ont fini par s'habituer. Tous les jours, un camion-citerne fait des allers-retours entre les hauteurs du village varois et la bouche à incendie d'une commune voisine. Il y pompe de l'eau pour remplir le réservoir qui dessert un quartier dont la source d'eau potable est à sec. Du jamais-vu dans cette région pourtant habituée aux sécheresses. Et ça dure… depuis avril !

Cet été, la sécheresse inédite a tendu l'approvisionnement en eau de la commune et de ses voisins. Quand Le Point les rencontrait début août, les habitants espéraient tous des orages à l'automne pour remplir les nappes phréatiques. Mais rien n'y fait. En ce début décembre, « nous n'avons toujours pas eu de vraie pluie », se lamente le maire (sans étiquette) René Ugo. « Hier encore, on nous annonçait des orages, on a juste eu une petite bruine… »

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Sécheresse « préoccupante » pour un mois de décembre

Seillans se prend de plein fouet le réchauffement climatique. Mi-octobre, seulement 289 mm de précipitations étaient tombés sur le secteur, loin de la moyenne annuelle de 850 mm, selon la communauté de communes du Pays de Fayence. La source principale, la Siagnole, qui alimente le reste du village et ses voisins, a vu son débit se réduire drastiquement, quasiment divisé par deux entre fin juillet et mi-octobre, où il n'y coulait plus que 176 litres par seconde.

Ce jeudi 1er décembre, la préfecture du Var souligne que « la situation reste préoccupante pour l'ensemble du département pour cette saison ». Si les débits du Gapeau et de l'Argens ont « sensiblement augmenté depuis plus d'une dizaine de jours », permettant de revoir légèrement à la baisse le niveau d'alerte sécheresse dans une bonne partie du département, le secteur de Seillans reste en « crise ». Jusqu'au 15 décembre au moins, un arrêté préfectoral limite l'usage de l'eau au strict nécessaire.

100 litres par jour et par personne

Pour préserver la ressource, qui tend à se raréfier, les communes avaient également imposé cet été une limite de consommation à 200 litres par jour et par personne – et même 150 litres dans le secteur ravitaillé par camion-citerne. La régie des eaux menait des contrôles avec sanction à la clé : un anneau réduisant de force le débit à un filet d'eau chez ceux qui ignoraient copieusement l'appel à la sobriété. Face à la crise qui dure, décision a été prise de ramener cette limite à 100 litres par jour et par personne, pour toute la communauté de communes.

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« Pour l'instant, c'est encore tenable, assure le maire. Tout le monde a bien compris la situation et joue le jeu. » Si l'automne n'a pas apporté de pluie, il a fait fuir les touristes, chassé le besoin d'arrosage et rendu inutile le remplissage des piscines – de toute façon interdits tout cet été. René Ugo préfère philosopher. « On est habitués… Et puis, c'est comme pour l'énergie, la période est à la sobriété ! »

Pas de quoi dissiper l'inquiétude à l'intérieur des terres varoises. Remplir le réservoir au camion-citerne n'est assurément pas une solution de long terme. Une conduite devrait être installée pour le remplir depuis une autre source, indique le maire, qui a déjà mené des travaux pour rénover les canalisations du village et limiter les fuites. Le lac de Saint-Cassien, tout proche, n'est pas une option : il alimente déjà la côte, vers Cannes et Mandelieu, et il faut garder suffisamment d'eau pour faire fonctionner le barrage. Pour le moment, tout repose donc sur la source de la Siagnole, dont les élus espèrent voir le débit augmenter de nouveau. « L'automne, normalement, c'est la période où la nappe phréatique se recharge. S'il n'y a pas de pluie maintenant, qu'est-ce que ça va être au printemps… »