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Séisme en Syrie: l’épineuse question de l’aide dans un pays paria

Séisme en Syrie: l’épineuse question de l’aide dans un pays paria
Les régions syriennes sous contrôle des rebelles sont privées d’aide gouvernementale.

Photo AFP

publié le 8 février 2023 à 22h06.

La catastrophe s’avère un casse-tête diplomatique pour les pays occidentaux, en particulier dans la zone rebelle d’Idleb, dans le nord-ouest.

Quelques heures après le séisme lundi, l’aide d’urgence était en route vers la Turquie. Des pays comme la France, l’Allemagne et les États-Unis ont également promis de secourir les victimes syriennes sans pour autant dépêcher immédiatement les secours en raison des difficultés logistiques dans un pays en guerre.

Venir en aide à la population syrienne « dans le contexte politique d’un régime qui a déclenché une guerre civile qui dure depuis plus de 10 ans » est compliqué, a consenti mardi Laurence Boone, secrétaire d’État française devant l'Assemblée nationale, ajoutant que la France privilégie l’aide via les ONG et les Nations unies.

« La Syrie reste une zone d’ombre d’un point de vue légal et diplomatique »

« La Syrie reste une zone d’ombre d’un point de vue légal et diplomatique », témoigne Marc Schakal, le responsable du programme Syrie de Médecins sans Frontières, exhortant à acheminer l’aide « au plus vite ». Il redoute que les ONG locales et internationales ne soient dépassées dans un pays ravagé par 12 années de guerre civile, qui oppose rebelles, dont certains sont instrumentalisés par des puissances étrangères, jihadistes, forces kurdes et armée du gouvernement de Bachar al-Assad, soutenu par l’Iran et la Russie.

L’aide est d’autant plus cruciale que « la situation de la population était déjà dramatique », renchérit le professeur Raphaël Pitti, un responsable de l’ONG française Mehad, particulièrement inquiet pour la province d’Idleb. L’un des problèmes majeurs est l’accès à ce dernier grand bastion des rebelles et des jihadistes, qui compte 4,8 millions de personnes, dit-il.

La quasi-totalité de l’aide humanitaire y est acheminée de Turquie par Bab al-Hawa, l’unique point de passage, garanti par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.

Acheminer de l’aide à partir du territoire syrien contrôlé par Damas est épineux diplomatiquement. Cela suppose aussi que le régime consente à la transmettre aux populations de la zone rebelle et que les belligérants s’accordent sur sa distribution. Le passage de Bab al-Hawa, contesté par Damas et Moscou qui dénoncent une violation de la souveraineté syrienne, a été maintenu pour six mois supplémentaires jusqu’au 10 juillet. Sous la pression de la Russie et de la Chine, les trois autres points de passage ont été supprimés. Mais Bab al-Hawa a été touché par le séisme ayant frappé les deux pays, a déclaré l’ONU mardi. Pour l’heure, les experts doutent de la possibilité que les anciens points de passage puissent être rouverts.

La France « gênée aux entournures »

Berlin est sorti de sa réserve pour demander l’ouverture de tous les points de passage. De plus, « tous les acteurs internationaux, y compris la Russie, devraient user de leur influence sur le régime syrien pour que l’aide humanitaire aux victimes puisse arriver », a commenté la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock. La France semble plus sur la réserve, « gênée aux entournures » d’aller dans un pays où elle ne reconnaît pas la légitimité du régime, avait souligné plus tôt Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité.

Outre l’ouverture de nouveaux points de passage, des voix s’élèvent comme celle de la communauté catholique de Sant’Egidio, dont le siège est à Rome ou le Croissant-rouge syrien pour suspendre les sanctions pour permettre à l’aide d’arriver plus rapidement. Les pays occidentaux imposent des sanctions au régime de Bachar al-Assad depuis la brutale répression des manifestations antigouvernementales en 2011.