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Séisme en Turquie : "C'est le chaos complet"... à Montpellier, Alès ou Béziers, l’émotion de la communauté turque

La diaspora turque installée en France suit, à distance, les opérations de secours. Au-delà de l’émotion, la solidarité s’est aussi très vite organisée. Témoignages...

"C’est terrifiant !" Christine Kayacan peine à trouver les mots. Présidente de l’association franco-turque Bosphore, à Montpellier, elle regarde depuis lundi la télévision turque. "5 600 bâtiments se sont effondrés, le bilan va forcément s’alourdir", souffle-t-elle, relatant l’histoire de ce bébé de 3 mois sortis des décombres, mais sans son papa. "Quelle tristesse". Nouveau silence, interrompu par la sonnerie de son téléphone.

Christine Kayacan (à dr.), présidente de Bosphore, est sous le choc.
Christine Kayacan (à dr.), présidente de Bosphore, est sous le choc.

Au bout du fil, on lui demande comment aider. "Des pharmacies, des hôpitaux m’ont appelé pour proposer des médicaments, d’autres personnes pour des vêtements. Mais la logistique est complexe à organiser, le mieux reste de faire des dons, chacun selon ses moyens". Elle communique, comme elle l’a fait sur le fil Whatsapp de son association, les coordonnées bancaires d’une association humanitaire en Turquie.

A lire aussi : Séisme en Turquie et en Syrie : pourquoi les secousses ont-elles été si destructrices avec tant de victimes ?

Ces images lui font revivre le séisme de 1999 qui avait fait 17 000 morts à Izmit. Installée en France depuis 1981, elle était cette année-là en vacances à une trentaine de kilomètres de l’épicentre. "Toutes les routes avaient été coupées, on était resté quatre jours dans la voiture. Mais c’était l’été. Là, les gens n’ont plus de maison, il fait froid…C’est terrible".

"Je n'ose imaginer..."

"Vivre un tremblement de terre, c’est difficile à raconter. Il y a quelques mois, j’ai ressenti une secousse, c’était déjà impressionnant, et pourtant elle n’était que d’une magnitude de 5,7. Là, je n’ose imaginer l’ampleur de ce séisme. Quatre-vingt-dix secondes en pleine nuit, ça doit être horrible". Cem vit entre Istanbul, Lisbonne et Castries, dans l’Hérault. C’est là qu’il était lorsqu’il a appris qu’un nouveau tremblement de terre a frappé son pays. Il a vécu pendant vingt ans à Adana, où les secours ont déjà extrait une soixantaine de morts.

"J’ai encore quelques amis là-bas. Heureusement, j’ai réussi à les avoir, tout le monde va bien". Il communique aussi avec son frère, parti de Sakarya, au nord-ouest du pays avec ses collègues de l’usine Toyota pour prêter main-forte aux secours à Antioche, ville ravagée à la frontière syrienne.

"De nombreuses entreprises envoient des équipes, coordonnées par l’Afad, l’organisme public de gestion des catastrophes qui a été créé pour répondre à ces séismes. La chaîne de secours est plutôt efficace mais c’est cette fois tellement étendu que le bilan risque de passer les 10 000 morts", craint Cem, qui ira dès la semaine prochaine en Turquie pour voir son père, même si celui-ci était loin de l’épicentre.

"À part l'argent, on ne peut rien faire de plus"

À Alès, à l’association sportive et culturelle turque qui fédère une communauté de 2 000 personnes environ, on regarde aussi les images avec stupeur et effroi. "C’est le chaos complet. Beaucoup d’entre nous ont des familles là-bas, on a un sentiment d’impuissance tant ce séisme est une catastrophe", relate le président Altintas Sendovan. Très vite, la solidarité s’est organisée.

"On a lancé un appel aux dons qu’on enverra à l’Afad, par le biais du consulat à Marseille. On essaye d’aider à notre manière, mais à part l’argent, on ne peut rien faire de plus".

Déjà 50 000 euros réunis à Béziers

À Béziers, le Centre culturel Turc a réuni, en même pas 24 heures, plus de 50 000 €. Murat Lacin, dont l’entreprise de construction Maisons Lacin a pignon sur rue, a déjà fait un don. "Et si la Ville de Béziers lance une action, je m’y associerai aussi. J’ai ressenti un choc émotionnel car les images étaient impressionnantes et on se dit que personne n’est à l’abri d’une catastrophe".

Sa famille et ses amis ne sont pas dans les régions les plus touchées mais il a ressenti le besoin de les appeler. "À Samsun, au bord de la Mer Noire, des secousses ont été ressenties, bien qu’en étant loin de l’épicentre. C’est dire…"

Triste... "et très fâchée"

Étudiante en architecture à Montpellier, originaire d’Istanbul, Deniz se dit aussi très triste, "mais surtout très fâchée. Depuis 1999, on paye des impôts spécifiquement pour les tremblements de terre, et malgré tout, l’État n’est pas capable de sauver les gens". Le moment est difficile à vivre. "Avec mes copains, on aimerait être là-bas, pour aider". Il faut se contenter des images qui tournent en boucle à la télé. Et pleurer.