France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Selon Hugo Clément, «l’écologie c’est se battre pour avoir droit au bonheur, c’est un truc joyeux»

Transports, alimentation, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : trouver des solutions au plus près des territoires. Première étape, Bordeaux, les 4 et 5 février. Un événement auquel se sont associés des étudiants de première année de l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine.

En cette fin d’après-midi, la bonne humeur est de mise pour la rencontre organisée avec le journaliste Hugo Clément, engagé pour le bien-être animal. Dans l’amphithéâtre de l’Université de Bordeaux, les éclats de rire résonnent en réaction aux anecdotes comiques et aux traits d’humour de celui qui se qualifie de «militant écologiste». Son propos n’a pourtant rien de drôle, comme il le rappelle lui-même à plusieurs reprises. Biodiversité menacée, souffrance animale et surconsommation de viande sont au cœur de son discours.

«En France, on parle de 86 kg de viande par an et par personne. […] La norme dans l’élevage de volailles, c’est la place d’une feuille A 4 pour chaque poulet», tonne-t-il en brandissant une feuille de papier face à l’auditoire. Du côté de la filière porcine, «95 % des porcs sont en élevage fermé, sans aucun contact avec l’environnement extérieur, sauf pour aller à l’abattoir».

«Sandwich curcuma falafel»

Appuyé avec décontraction sur le bord du tableau de l’amphithéâtre, Hugo Clément cite Paul McCartney : «Si les abattoirs avaient des murs en verre, tout le monde serait végétarien.» Le travail de l’association L214 est en cela «fondamental» pour «voir la réalité de ce que l’on mange».

Mais, bien souvent, les alertes désespérées des associations ne peuvent rien contre l’inaction globale des politiques, à laquelle Hugo Clément ne fait aucune concession. Lorsque Pierre Hurmic, le maire (écolo) de Bordeaux présent comme spectateur quitte la salle au bout d’une demi-heure, à peine a-t-il franchi le pas de la porte que le journaliste glisse en aparté d’un air malicieux : «Il va prendre l’hélicoptère.»

Végétarien convaincu, l’auteur de Comment j’ai arrêté de manger les animaux (éd. le Seuil, 2019) se dit «végan à la maison». En déplacement, il n’épouse pas le véganisme, «par fainéantise et manque d’organisation», concède-t-il lorsqu’on lui fait la remarque. Un comique dans l’auditoire lui recommande alors le «sandwich curcuma falafel» chez Paul, «excellent !».

«Blague à part», Hugo Clément reprend : «On ne sera jamais tous végétariens et végans, ça n’arrivera pas. On ne va pas passer de 2,2 % de végétariens et de végans à 100 % dans les prochains siècles. Mais diviser par quatre, cinq ou six la consommation de produits animaux, c’est totalement réalisable.»

«Ne pas verser dans le catastrophisme»

Un optimisme qui contraste avec le discours de la veille, lors de la soirée d’inauguration du Climat Libé Tour : «Non, la transition écologique n’est pas désirable. Ce n’est pas un truc joyeux !» clamait alors Antoine Buéno, auteur de L’effondrement (du monde) n’aura (probablement) pas lieu (Flammarion, 2 022). A l’exact opposé, Hugo Clément affirme, lui, que «l’écologie, c’est se battre pour avoir droit au bonheur, c’est un truc joyeux».

Ce qui n’empêche pas d’être lucide. «Il faut aussi dire la vérité. Certes, il y a une ligne à avoir, et ne pas verser dans le catastrophisme, mais bien prendre en compte la gravité de la situation actuelle.» Et d’insister sur l’urgence écologique qui devrait, selon lui, être la priorité pour tous : «Le changement collectif viendra par le changement sociétal. [...] On est encore très minoritaires à penser que l’écologie au sens large est un critère de vote principal. Pour beaucoup de gens, ce sont encore les questions sociales et économiques qui priment.» Ecologie versus justice sociale. On était en plein dans les interrogations du forum.