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«Sept Hivers à Téhéran», indigne nation

Quoi de plus triste et de moins facile, quand l’heure est à faire son feuillet critique, que d’avoir à traiter d’un film comme Sept Hivers à Téhéran, qui est ce qu’on peut réaliser de pire au service d’un combat décisif pour les droits des femmes et contre la peine de mort ? Au sujet noble, centré sur le personnage héroïque d’une jeune femme iranienne, Reyhaneh Jabbari, condamnée à mort par une théocratie dont les exécutants osent l’air grave et docte se réclamer d’une loi divine, le documentaire est construit et filmé comme un mauvais reportage pour soirée télé, à l’habillage formaté pénible mais dont la réalité politique sert de blanc-seing irréfutable, à l’instar de la lutte pour la vérité et la mémoire d’une sœur et d’une fille. Le meilleur : on entend des extraits du journal de prison lus par une actrice et la voix ténue de Reyhaneh au téléphone au long de ses sept années à croupir dans une geôle, entrecoupés des propos de la mère, des sœurs et du père, d’une dignité résolue que le film n’a pas.

S’imaginant se mettre au service de son sujet et de la martyre, le film s’autorise à refaire le chemin rétrospectif de l’espoir maintenu jusqu’au bout, quand l’affaire a connu son issue en 2014, année où Reyhaneh Jabbari fut exécutée : cette position de rejouer le drame du point de vue de l’échéance de son exécution, «après coup», en compte à rebours (les sept hivers du titre) surdramatisé au montage et à la musique sous les auspices sordides d’un storytelling faisant mine d’ignorer que tout est déjà joué, jusqu’au plan filmé au portable de la mère en voiture, à l’époque, attendant et espérant jusqu’à la dernière minute, est à la limite du regardable.

Sept Hivers à Téhéran de Steffi Niederzoll avec Zar Amir Ebrahimi, Reyhaneh Jabbari, Shole Pakravan… 1 h 37.