Photo Renaud Joubert
Par Léa SOULA - l.soula@charentelibre.fr, publié le 7 décembre 2022 à 19h03.
Shiro Sagisu, derrière la musique de la série Jeanne et Serge et d’autres dessins animés tirés de mangas, est le nouvel ambassadeur d’Angoulême. Une nouvelle raison pour cet amoureux de la ville, où il possède un hôtel particulier, de passer du temps en France.
Pour comprendre comment un compositeur aussi renommé que le Japonais Shiro Sagisu est devenu ambassadeur de la Ville d’Angoulême, il faut revenir un peu en arrière. Environ 33 ans plus tôt. À l’époque, il n’a pas encore signé la musique de la mythique saga Evangelion, de 1995 à 2021. Ni celle de l’animé japonais Bleach - lui aussi tiré d’un manga -, de 2004 à 2010. Nous sommes en 1989 et le jeune Shiro Sagisu, alors âgé de 32 ans, découvre le...
Pour comprendre comment un compositeur aussi renommé que le Japonais Shiro Sagisu est devenu ambassadeur de la Ville d’Angoulême, il faut revenir un peu en arrière. Environ 33 ans plus tôt. À l’époque, il n’a pas encore signé la musique de la mythique saga Evangelion, de 1995 à 2021. Ni celle de l’animé japonais Bleach - lui aussi tiré d’un manga -, de 2004 à 2010. Nous sommes en 1989 et le jeune Shiro Sagisu, alors âgé de 32 ans, découvre le Festival international de la bande dessinée. « Je suis venu en même temps que mon père, Soji Ushio, lui-même dessinateur », se souvient le compositeur.
Un coup de cœur. La suite de l’histoire s’écrit des années plus tard, en 2015. « J’ai vu passer cette maison, un hôtel particulier, qui était à vendre. Je suis venu le visiter, et je l’ai acheté », explique simplement le compositeur, sourire aux lèvres, dans un français un peu flottant. Les restes de dix ans d’école franco-japonaise, à Tokyo. Il pose donc ses valises dans cet hôtel particulier, rempart du Midi, dans le style Art déco, de l’architecture jusqu’aux meubles. « J’ai retrouvé beaucoup de créations d’Eugène Printz », s’enthousiasme Shiro Sagisu. Rien d’étonnant à ce qu’il connaisse cet ébéniste français du début du XXe siècle. « Mon grand-père était architecte, spécialisé dans les châteaux ou les temples… Le précédent propriétaire de ma maison à Angoulême était aussi architecte, d’ailleurs. »
« On mange dans la même marmite, comme on dit au Japon »
Bref, tous les signes étaient là. « J’entretiens des liens forts avec Angoulême. Je suis particulièrement attaché à cette ville, riche en histoire et en culture. » Un attachement qui n’a pas échappé à la Ville. « Je suis revenu ici il y a à peine quelques semaines… Et on m’a tout de suite demandé de devenir ambassadeur. » L’homme, de bonne composition, signe dans la foulée. « En quoi ça consiste ? Ça, je ne le sais pas encore, je suis un débutant ! Mais si je fais la promotion d’Angoulême au Japon, je compte bien aussi faire découvrir mon pays à Angoulême. »
Vous me parlez encore de Jeanne et Serge ? C’était il y a 40 ans !
Promouvoir son pays, il a l’habitude. En plus de Bleach et Evangelion, Shiro Sagisu est aussi derrière la musique du dessin animé Jeanne et Serge, dont le générique sautillant a bercé des générations de jeunes Français à partir de 1987. « Vous me parlez encore de ‘Jeanne et Serge’ ? C’était il y a 40 ans ! » Shiro Sagisu explose de rire, toute retenue oubliée. « En France, même les jeunes connaissent. Mais c’est peut-être une bonne chose. Sans doute qu’il y avait une vision universelle… »
Une volonté de toucher à travers les époques, qu’il défend depuis des années, au gré des studios et des méthodes de travail. « Autrefois, au Japon, un seul créateur s’occupait de tout. Maintenant, on travaille en collaboration, on crée ensemble, les générations se croisent… On ne parle plus d’équipe, mais presque d’une bande d’amis. On mange dans la même marmite, comme on dit au Japon. » Lui travaille en parallèle du processus d’écriture et de dessin. « Ça influence beaucoup ma musique. C’est pour ça que c’est important de construire ensemble, peu à peu. » Et le mieux, c’est d’être sur place. En parallèle de sa nouvelle mission d’ambassadeur, le très demandé Shiro Sagisu a été recruté par le studio d’animation 2D3D, pour son futur projet (voir encadré). Une nouvelle aventure pour celui qui, à 65 ans, continue à composer entre Tokyo, Paris, Londres et désormais Angoulême.