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« Sidney Poitier : son héritage », sur Apple TV+ : le destin exemplaire de la première star afro-américaine de Hollywood

Produit par Oprah Winfrey, le documentaire de Reginald Hudlin ne s’écarte que rarement de l’hagiographie, pour une fois méritée et passionnante.

APPLE TV+ – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

En 1964, Sidney Poitier (1927-2022) recevait l’Oscar du meilleur acteur pour Le Lys des champs, sorti l’année précédente. Pour la première fois, le trophée allait à un Afro-Américain. L’année de la sortie de ce film naïf, l’acteur fut l’un des piliers de la marche sur Washington, en août 1963. Au côté de son ami et rival Harry Belafonte, il mobilisa le ban et l’arrière-ban de Hollywood autour de Martin Luther King. Trois ans plus tard, ce fils d’un petit fermier des Bahamas était l’acteur le plus populaire du cinéma américain.

L’histoire de Sidney Poitier est aussi exemplaire que la plupart des personnages qu’il a incarnés, et le documentaire de Reginald Hudlin produit par Oprah Winfrey ne se départ jamais tout à fait de la révérence qu’inspire ce destin. Mais cette hagiographie est assez rigoureuse et exhaustive pour rester passionnante de bout en bout. Elle n’est jamais aussi émouvante que lorsqu’elle s’aventure (jamais très loin) hors du droit chemin.

Le film est, en grande partie, nourri d’un entretien de Sidney Poitier avec Oprah Winfrey réalisé en 2012. Il y répète avec verve les anecdotes qui ont nourri sa légende : ses premiers jours incertains (son père avait trouvé une boîte à chaussures pour lui faire un cercueil, ce fut son berceau), les prédictions d’une voyante, son enfance sur la petite île du Chat, aux Bahamas, sa découverte de la ségrégation, dans les années 1940. Curieusement, le film omet de mentionner que le hasard le fit naître à Miami (Floride), où ses parents étaient venus vendre les tomates de l’exploitation familiale, ce qui fit de Poitier un citoyen américain.

Immense popularité

Ses propos sont entrecoupés d’extraits de films et de témoignages de ses proches. Se dessine ainsi la silhouette d’une star à part ; unique représentant parmi les étoiles hollywoodiennes d’une communauté – les Afro-Américains – dans laquelle il n’est pas né, militant politique passionné (le film rappelle sa proximité avec Paul Robeson, acteur, chanteur et communiste, qui valut à Sidney Poitier la vindicte de la presse maccarthyste), condamné à interpréter des personnages écrits et filmés par des réalisateurs blancs.

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De cette contradiction est née son immense popularité, particulièrement auprès du public féminin de toutes origines, à un moment où les studios rechignaient à employer des acteurs noirs de peur de susciter le boycott des exploitants cinématographiques des Etats du Sud. Mais elle a aussi suscité la colère et l’ironie d’intellectuels afro-américains. On voit passer James Baldwin, et Spike Lee développe – très succinctement – les sentiments mitigés que lui inspire, par exemple, le rôle que tient Poitier dans La Chaîne (1958), de Stanley Kramer.

Cette filmographie reste, à quelques exceptions près (dont le magnifique Dans la chaleur de la nuit, en 1967, de Norman Jewison, dans lequel Sidney Poitier rendait une gifle à un planteur sudiste), méconnue en France, qu’il s’agisse des films dans lesquels il joue ou qu’il a réalisés (dont le western Buck et son complice, en 1972, avec Harry Belafonte).

Entre autres raisons de voir le documentaire, il y a la découverte d’extraits de A Raisin in the Sun (1961), l’adaptation par Daniel Petrie de la pièce de Lorraine Hansberry, qui fut un immense succès à Broadway. On y découvre un autre acteur que l’image de l’homme digne et un peu compassé qui colla si souvent à Poitier. Le film est toujours inédit chez nous.

Sidney Poitier : son héritage, documentaire de Reginald Hudlin (EU, 2022, 1 h 51).

Thomas Sotinel

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