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Silvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares, Ferdinand von Schirach, James Sallis : la chronique « poches » de François Angelier

François Angelier

Collaborateur du « Monde des livres »

Le journal des lectures en poches du journaliste.

Temps de Lecture 2 min.

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Ceux qui aiment, haïssent (Los que aman, odian), de Silvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares, traduit de l’espagnol (Argentine) par André Gabastou, Cambourakis, 142 p., 10,50 €.

Sanction (Strafe), de Ferdinand von Schirach, traduit de l’allemand par Rose Labourie, Folio, 194 p., 7,20 €.

Sarah Jane, de James Sallis, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, préface de Jean-Bernard Pouy, Rivages, « Noir », 220 p., 9 €.

En matière d’histoire policière ou de récit criminel, rien ne vaut les limiers atypiques, les enquêteurs foutraques et les observateurs lunaires. Ceux qui, du père Brown de G. K. Chesterton à Columbo, investiguent en dehors des clous et s’inventent une méthode des plus personnelles. Exemple méconnu, et que nous révèle Ceux qui aiment, haïssent, roman de Silvina Ocampo (1903-1993) et Adolfo Bioy Casares (1914-1999) : l’homéopathe Humberto Huberman. Alors qu’une escapade roborative et méditative l’amène à la station balnéaire de Bosque del Mar, on déplore un empoisonnement à la strychnine. Et le crime d’entraîner, au sein de la petite communauté locale – médecin, pharmacien, parents… –, le dévoilement progressif des haines recuites et des amours biseautées. Une enquête s’engage qui, de cul-de-sac en démentis, s’égare jusqu’à un final saisissant. Entre-temps, une tornade de sable, une plage nappée de crabes et un albatros empaillé aidant, on aura suivi les méandres d’une ­intrigue aux limites du fantastique et de l’absurde. Publié en 1946 dans une collection dont Jorge Luis Borges était le codirecteur, écrit par un couple expert en jongleries formelles et manipulation diaboliques des codes littéraires, ce texte s’apprécie comme un hommage distancié et parodique au murder-story anglo-saxon.

Publiées en France depuis 2011 (« Crimes », Gallimard), les nouvelles noires de l’avocat berlinois Ferdinand von Schirach ont un goût d’huître. Une saveur que leur auteur définit ainsi dans Sanction : « Un goût de sel, de métal et de poisson froid. » « Sel » d’un regard et d’un style minimaliste, presque administratif, faussement impassible et qui vibre en vérité de mille micro-nuances douloureuses ; « métal » d’un monde où le droit broie, où la loi et l’ordre imposent la cadence ; « poisson froid », comme les corps morts que la fureur bête, le désir ou les cupidités sèment à tous vents. Participent ainsi, entre autres, aux douze moments de ce jeu de massacre : un avocat en fin de course que ravive la faille d’une enquête criminelle, une femme infanticide qui règle d’un geste son problème de couple, un aveugle lapidé par des mômes… Douze tragédies minuscules contées avec une impassibilité vibrante et étrangement fraternelle.

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