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SNCF : grève massive des contrôleurs, les fêtes de fin d’année en pointillé si les négociations échouent

La grève de ce week-end sera massive. «Au total, on est plus de 80 % à être en grève et plus de 90 % sur le TGV, c’est du jamais vu», a assuré à Nicolas Limon, membre du Collectif national ASCT (CNA), à l’origine du mouvement. Et l’impact dans les gares françaises est très important : 60 % des TGV et Intercités de vendredi à dimanche ont été annulés par la SNCF.

Les contrôleurs - aussi appelé chefs de bord à la SNCF - ont décidé de cesser le travail pendant tout le week-end pour réclamer une meilleure reconnaissance de leur statut. Le Collectif national ASCT (CNA), lancé en septembre sur Facebook en dehors de tout cadre syndical, compte aujourd’hui près de 3 000 membres. Les syndicats (Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail, CFDT-Cheminots et FO-Cheminots) ont depuis tous apporté leur appui au mouvement, à l’exception de la CGT-Cheminots.

Jean-Pierre Farandou a dit espérer pouvoir «trouver un équilibre entre […] prix des billets d’un côté, augmentation des cheminots de l’autre, avoir des ressources pour innover et pour investir….» Mais pour Rénald Szpitalnik, élu SUD-Rail et contrôleur dans le TGV Paris-Milan, «la direction n’a pas pris la mesure de la grogne.» Le collectif a été reçu à deux reprises par la direction, mais sans avancées concrètes, avant de mettre sa menace de grève à exécution. «C’est une grève qu’on n’a pas vu arriver, ni nous ni les syndicats. […] On a été un peu surpris par ce mouvement», a reconnu jeudi le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, lors d’une conférence organisée par le magazine Challenges. Dès le 24 octobre, la CFDT cheminots et SUD rail avaient pourtant déposé une demande de concertation sur le mouvement de colère qui montait à la base.

10 000 chefs de bord

«On n’est pas considérés comme des personnels roulants alors qu’on travaille trois weekends par mois et qu’on ne dort pas chez nous dix soirs dans le mois», explique de son côté Nicolas Limon. Avec le CNA, il réclame l’intégration de diverses primes au salaire de base afin qu’elles soient prises en compte dans le calcul de la retraite. Ces primes sont indexées sur l’activité et ne sont donc pas versées en cas d’arrêt maladie ou lors des congés, dénonce aussi le cheminot, qui fait partie des six contrôleurs à l’origine de la création du collectif.

Les presque 10 000 chefs de bord de la SNCF, dont près de 3 000 travaillent sur les TGV et Intercités, ont une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs. Sans eux, les trains ne peuvent pas circuler. Le week-end s’annonce donc extrêmement perturbé et une «reprise progressive» est envisagée lundi, avec 3 trains sur 4 sur tous les axes TGV. L’axe Atlantique est particulièrement touché, avec seulement 1 TGV sur 4, comme pour les Ouigo.

Grèves possibles pendant les fêtes

La direction de SNCF Voyageurs dit avoir proposé «une augmentation de la prime de travail de 600 euros par an pour tous les chefs de bord», une intégration «partielle» de celle-ci «au salaire fixe en 2024», «l’accélération de la progression de la rémunération» et «le passage à deux chefs de bord par rame pour tous les TGV Inoui d’ici trois ans».

Des propositions qui n’ont pas calmé la mobilisation. «On n’est pas des révolutionnaires, mais il nous faut du concret», assure Nicolas Limon. Le collectif a déposé un préavis de grève pour les weekends de Noël et du Nouvel An afin de mettre la pression sur la SNCF mais «on fera le maximum pour qu’il n’y ait pas de grève à Noël», a promis Limon.

Cette mobilisation survient à la veille du début des négociations annuelles obligatoires, qui doivent s’engager mercredi au niveau du groupe SNCF. La CGT, SUD-Rail et CFDT ont appelé à une «grève unitaire» ce jour-là. Passée cette date, les négociations entre chefs de bord et direction devraient reprendre et «entre le 8 et le 22 décembre, on aura quinze jours pour réenclencher un dialogue» et parvenir à un accord, a dit espérer Nicolas Limon. Manière de dire que la balle est désormais dans le camp pour éviter un mouvement d’ampleur pendant les fêtes.