L'association Solidarité Paysans Lorraine, née dans les Vosges à la fin des années 1990, a essaimé dans toute la région. Elle œuvre aussi en Haute-Marne. C’est un réseau dynamique, fort d’une vingtaine de bénévoles, de deux salariés, partenaire des pouvoirs publics, notamment dans les procédures judiciaires. En 2021, l'association a suivi 121 personnes, sur 82 exploitations, réalisant 260 rencontres.
Régulièrement, elle dresse une typologie des fermes suivies et analyse les causes qui les amènent à se retrouver au pied du mur. Elle a ainsi participé à une étude menée par Philippe Spoljar, maître de conférences en psychopathologie. Démarrée il y a trois ans, celle-ci a concerné d'autres régions de l'Hexagone. Afin d’en présenter les résultats, Solidarité Paysans a organisé une conférence-débat le 12 septembre 2022, dans les locaux du lycée agricole de Bar-le-Duc (Meuse).
Autonomie décisionnelle
Cette restitution a été dense, tant les causes qui mènent à une situation difficile sont multifactorielles : isolement, soucis techniques, économiques, problèmes de santé, conflits familiaux, sociaux... Philippe Spoljar a aussi mis en évidence le poids de la famille et du patriarcat, qui freine l’autonomie du repreneur.
Il a cité le cas de Lisa (prénom changé), installée en production laitière avec son mari en Lorraine. L'éleveuse a fait une tentative de suicide avec des médicaments, alors que l’exploitation s'enfonçait dans les difficultés économiques. L'accompagnement a mis évidence que son beau-père avait laissé, à sa retraite, de grosses dettes, inconnues du jeune couple.
À la fin de sa restitution, le psychologue a avancé une quasi-certitude : l’autonomie décisionnelle est la clé d’un bon équilibre mental, gage de santé physique, de capacités intellectuelles préservées et de liens aux autres. Il a souligné qu'il ne faut pas attendre d'une structure comme Solidarité Paysans qu'elle règle tous les problèmes, mais savoir s'approprier les solutions proposées.
