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[Stratégie] « J’utilise des eaux usées traitées »

« Selon moi, l’irrigation est la meilleure assurance récolte qui soit. Le fait d'avoir accès à des eaux déjà utilisées va aussi dans le bon sens », confie d’emblée Sébastien Briffond, agriculteur dans le Puy-de-Dôme.

L’irrigation était déjà présente sur l’exploitation du temps de son grand-père. Malgré une grosse réserve utile sur les terres noires de la ferme (très argileuses et avec 3 à 4,5 % de matière organique), ce choix a au départ été fait pour le maïs, qui valorise très bien l’eau. Cela permet en effet des gains de plus de 20 qx, voire de sauver la culture les années très sèches. Toutefois, l’agriculteur n’irrigue le maïs « conso » que lorsque cela est possible et privilégie désormais d’autres espèces.

Haute valeur ajoutée

« Elle est surtout indispensable pour irriguer le maïs semences durant la floraison et le remplissage des grains, spécifie Sébastien Briffond. Sans cela, nous n’aurions pas accès au contrat car le croisement de lignées reste plus compliqué à produire, or il s’agit d’une culture à forte valeur ajoutée. »

© Jérôme Chabanne - Sur le second site, Sébastien utilise sa propre pompe d'irrigation. Cela demande de la surveillance, de manipuler les tuyaux et de descendre régulièrement dans le ruisseau pour nettoyer la crepine.

L’exploitant a en outre eu l’opportunité de cultiver d’autres espèces à haute valeur ajoutée : pomme de terre, oignon puis melon. Or pour ces deux dernières espèces, l’eau est indispensable lorsqu’il y a des printemps secs afin de bien démarrer le cycle (avec environ 15 mm). En outre, n’ayant pas un système racinaire profond, comme peut l’avoir par exemple le blé, leurs réserves utiles facilement utilisables sont réduites. « Avec le climat des dernières années, il m’arrive aussi d’arroser mes blés au printemps », complète l’exploitant.

Si auparavant, l’eau du réseau était utilisée, depuis 1998 Sébastien est adhérent à l’Asa (Association syndicale autorisée) Limagne noire. Comme une cinquantaine d’agriculteurs des environs, ils réutilisent donc des eaux usées traitées (voir encadré).

Sur l’autre site de l’exploitation situé sur Clermont-Ferrand et Cournon d’Auvergne, l’eau du ruisseau le Bec est pompée. « La préfecture y déclenche régulièrement des restrictions d’utilisation. D’abord, une baisse du débit de 25 %, puis de 50 %, et certaines années l’arrêt complet, fait savoir ce dernier. Sur Saint-Beauzire et Chappes, où je réutilise les eaux usées traitées, cela n’est jamais arrivé ! ».

« On ne peut pas nous faire de reproches car on ne pompe pas d’eau dans la rivière. Ainsi, jusqu’alors l’ASA Limagne Noire n’a jamais eu de restriction d’utilisation. »

Toutefois, un des soucis qui peut se présenter, c’est au démarrage, car il faut anticiper le temps de remplissage des bassins de lagunage (12 jours). Et s’il y a besoin d’irriguer très tôt, des blés par exemple, ce n’est pas possible, le contrat d’électricité de l'Asa démarrant le 1er avril.

Pour 36 ha

Le réseau a été calibré pour un débit permettant d’alimenter un peu plus de 700 ha. « Ce n’est donc pas tant la quantité d’eau qui manque pour arroser plus, mais plutôt le débit. Pour notre part, nous avons souscrit à 72 m3, soit pour 36 ha. C’est donc pour cette raison que le maïs consommation n’est pas prioritaire et que nous préférons arroser correctement le maïs semence, les oignons, les pommes de terre et les melons », explique ce dernier.

Ainsi, en termes de tours d’eau (représentant chacun environ 35 mm) : en moyenne le maïs semences et l’oignon nécessitent chacun 6 passages ; la pomme de terre 4 ; le melon 3 ; et le maïs consommation entre 0 et 3 passages.

Récemment, l’EARL des Montades a par ailleurs choisi d’équiper quatre parcelles avec des rampes d’irrigation plutôt que des enrouleurs. L’irrigation est ainsi améliorée tout en gardant le même débit, ce qui compense le fait qu’il faille davantage intervenir ces dernières années.