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« Sur les ossements des morts », la nature théâtrale de Simon McBurney

Le metteur en scène britannique s’empare du polar écologique et féministe de l’écrivaine polonaise Olga Tokarczuk, « Sur les ossements des morts », à l’Odéon-Théâtre de l’Europe.

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On ne l’avait pas vu à Paris depuis 2018, et ils nous manquaient, lui et son théâtre d’explorateur sensible, d’archéologue de l’humain : le génial Simon McBurney est de retour, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, avec Sur les ossements des morts. Une fois de plus, c’est un voyage qu’il propose, en adaptant le polar écologique et féministe de l’écrivaine polonaise Olga Tokarczuk, Prix Nobel de littérature en 2018.

Le metteur en scène britannique est d’abord et avant tout un raconteur d’histoires, et le roman réjouissant de Tokarczuk lui est une matière idéale, avec son mélange d’imaginaires poétiques et scientifiques, ses interrogations anthropologiques et son humour ravageur. L’écrivaine polonaise le situe dans un petit hameau au cœur des Sudètes, sur un plateau neigeux qu’une simple route relie à la République tchèque.

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Là vit Janina Doucheyko, ingénieure à la retraite, passionnée par la nature, l’astrologie et l’œuvre du poète et peintre William Blake. Et c’est une sacrée création littéraire que cette Janina, à laquelle on s’attache irrésistiblement : louve solitaire, libre et sauvage, dotée d’un esprit pour le moins ironique, assoiffée de justice, elle n’a aucune envie de se conformer aux rôles que la société patriarcale et ultracatholique de son pays assigne aux dames de son âge.

C’est le genre de femme qui est capable de tenir ce type de propos : « Il n’est pas simple de discuter avec certaines personnes, surtout de sexe masculin. J’ai ma théorie sur le sujet. L’âge venant, beaucoup d’hommes souffrent d’une sorte de déficit, que j’appelle “autisme testostéronien”. Il se manifeste par une atrophie progressive de l’intelligence dite “sociale” et de la capacité à communiquer, et cela handicape également l’expression de la pensée. Atteint de ce mal, l’homme devient taciturne et semble plongé dans sa rêverie. »

Sens de la distance ironique

Janina est aussi une militante antichasse acharnée, dans cet univers où braconnage et battue font partie de la vie du mâle ordinaire. Un matin, elle découvre son voisin mort dans sa cuisine, un petit os de biche planté en travers de la gorge. Quelques jours plus tard, un autre homme est retrouvé au fond d’un puits. Autour du lieu du crime, dans la neige, de nombreuses traces de sabots de chevreuil. Puis un troisième larron est repéré, pendu à un collet, tandis que les renards de l’élevage qu’il exploitait ont réussi à s’échapper… Janina enquête, peu à peu persuadée que les animaux se vengent des chasseurs.

On verra ce qu’il en est, au fil de ce roman et de ce spectacle où « l’infiniment grand est compris dans l’infiniment petit », et où les interrogations sur la prédation, l’emprise humaine sur les autres espèces, le rôle du meurtre dans la chaîne de l’évolution n’ont rien de simplistes : Olga Tokarczuk partage avec son héroïne le sens de la distance ironique. Comme l’atteste la fin de l’histoire, que bien sûr on ne révélera pas.

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