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Surcharge de travail et excès de zèle sont en train de devenir la norme

Le débat autour du quiet quitting (“démission silencieuse”), le fait de faire le strict minimum au travail, a ravivé le débat autour de la place qu’occupent nos emplois dans nos vies. Notamment sur le fait qu’il est devenu normal d’attendre des travailleurs qu’ils en fassent toujours plus, note le site de la BBC.

“Il y a toujours eu des gens qui cherchent à se faire bien voir dans l’objectif de décrocher une promotion,” explique Anthony Klotz, psychologue des organisations et professeur associé à la faculté de management de l’University College London. Mais ces dernières étaient l’exception il y a une centaine d’années. Des études ont montré que, dans les centrales électriques de Chicago à la frontière des années 1920 et 1930, les ouvriers qui travaillaient plus vite que les autres étaient surnommés les “casseurs de rythme” et recevaient même des coups de leurs collègues pour ce zèle.

La situation a changé du tout au tout, même si la BBC convient qu’il est difficile de déterminer une date précise. Actuellement il est attendu des salariés “qu’ils soient impliqués, enthousiastes, motivés. Pour se faire remarquer ou avoir une promotion, ils ont intérêt à faire du zèle, et des heures supplémentaires”, explique Katie Bailey, professeur au King’s College de Londres. Ceux qui ne répondent pas à ces critères craignent soit de se voir refuser des promotions, soit d’être catégorisés comme des fainéants.

Des emplois de plus en plus complexes

La première piste à explorer pour comprendre ce revirement selon le site anglais est la baisse du nombre de syndiqués. Au Royaume-Uni, les organisations de travailleurs comptaient 12,2 millions de membres. En 2020, ce chiffre a été divisé par deux pour atteindre environ 6,6 millions. Une diminution qui a érodé le pouvoir de négociation des employés.

La nature des emplois a également été modifiée, ces derniers se complexifiant de plus en plus et devenant également plus difficile à définir. “À mesure que les postes devenaient de plus en plus flous, les employeurs en sont venus à attendre de leurs employés qu’ils bouchent les trous,” élabore Anthony Klotz. Les employés intériorisent cette attente au fil du temps, car ils voient leurs collègues récompensés ou promus pour avoir accompli des tâches supplémentaires.

Le troisième facteur est l’importance croissante accordée à l’implication des employés avec pour objectif de créer une culture d’entreprise qui donne envie de se rendre sur son lieu de travail. Si cette stratégie peut paraître louable au premier abord, elle s’accompagne très souvent d’heures supplémentaires ou de l’ajout de tâches ne figurant pas sur la fiche de poste, commente Katie Bailey.

La combinaison de ces facteurs est telle que l’excès de zèle au travail est passé du statut d’exception à la norme et que cette pression est plus ressentie par certains travailleurs que par d’autres. C’est le cas notamment des personnes occupant des postes à responsabilité où les salaires élevés sont considérés comme justifiant le peu ou l’absence de temps libre.

Enfin, les femmes sont plus susceptibles de trop en faire. Selon une étude américaine de 2017, les femmes sont plus sujettes que leurs collègues masculins à se porter volontaires (souvent à contrecœur) pour réaliser des tâches supplémentaires au travail, car la société attend d’elles qu’elles soient plus heureuses de s’engager dans “des tâches pour la communauté” c’est-à-dire des activités ayant pour but d’aider le groupe, définit Anthony Klotz.

Cependant, avec l’irruption de la pandémie, la BBC s’interroge si ces comportements ne sont pas en train d’être remis en question, principalement par la jeune génération.

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Courrier international

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