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Surconsommation : les Français sautent sur «l’occasion»

L’occasion est ancrée dans les mœurs. Des vêtements aux meubles, des jouets aux livres, des produits tech aux accessoires de sport, l’achat d’objets de seconde main est devenu courant pour plus d’un Français sur deux. A tel point que ce marché, que lorgnent aussi bien les e-commerçants, les marques que les enseignes traditionnelles, est estimé en France à 7 milliards d’euros en 2021, selon la Fédération de l’e-commerce et KPMG. Cet engouement pour l’occasion, qui s’est accentué depuis la pandémie, est notamment porté par le commerce sur les plateformes du type Leboncoin, eBay ou Vinted. A priori, l’affaire est de bon augure pour l’avènement d’une société plus sobre en matière écologique, qui limiterait la (sur)production d’objets neufs et d’emballages.

Pourtant, ce boom de la seconde main ne serait-il pas l’expression d’une forme de surconsommation, en particulier dans la mode et le luxe ? C’est en substance ce qu’une étude de l’Agence de la transition écologique (Ademe), menée avec l’université Paris-Dauphine et le Credoc, cherchait à étayer. Rendu public lundi, le rapport «Objets d’occasion : surconsommation ou sobriété ?» ne surprendra aucun scrutateur de cette pratique qui «connaît une forte expansion depuis une vingtaine d’années». Mais cette enquête, à la fois quantitative et qualitative, adossée à une revue de la littérature sur le sujet, a le mérite de dresser un état des lieux convaincant.

«La motivation écologique n’est pas ce qui va déterminer l’achat»

«On voulait interroger les gens pour voir quelle place prennent les achats d’occasion dans leur consommation, explique Marianne Bloquel, chargée des études sur la sobriété au sein du service consommation responsable de l’Ademe. Autrefois, acheter d’occasion était très connoté, mais aujourd’hui, cela se fait de plus en plus, c’est vu comme une manière digne de consommer et cela fait partie intégrante de la consommation.» D’ailleurs, selon l’étude, une majorité de Français (54%) voit ce type d’achats comme «inscrit dans la norme» quand une très large majorité (83%) plaide pour revoir le modèle général de la production et la consommation en misant entre autres sur la seconde main, le réemploi ou la réparation. En revanche, l’achat d’occasion reste «un moyen de consommation complémentaire au neuf» et «stigmatisé pour des événements sociaux comme les cadeaux par exemple».

«La motivation écologique peut être présente mais ce n’est pas ce qui va déterminer l’achat, poursuit Marianne Bloquel. C’est aussi une manière de faire un gain économique et les achats plaisir et impulsifs concernent autant le marché de l’occasion que du neuf. En fait, ça dépend des consommateurs.» Et, selon l’Ademe, il y aurait en fait quatre modèles types de consommateurs. D’abord, minoritaires (7,6%), ceux et celles qui privilégient l’occasion au neuf, «avec un intérêt très important pour l’environnement» pour «avoir un produit plus solide qui dure longtemps et qui s’achète rapidement».

Ensuite, ceux et celles qui achètent de toute façon peu (12,3%), plutôt retraités, des «silver sobres» qui préfèrent néanmoins le neuf. Celles et ceux (34,8%), plutôt quinqua et «avec un bon pouvoir d’achat», qui consomment beaucoup et surtout du neuf car c’est la norme. Et enfin, celles et ceux (45,3%) qui consomment beaucoup et aussi bien de la première que de la seconde main, «matérialistes», mais «assez sensibles à l’environnement». Différents groupes qui demandent différentes stratégies de communication pour que l’achat d’objets d’occasion continue de progresser sans pousser à la consommation.