Le syndrome de l’intestin irritable (SII) ne serait-il finalement qu’un autre nom pour une intolérance à la gravité ? Cette théorie pouvant soulever l’étonnement au premier abord a été très sérieusement proposée par le Pr Brennan Spiegel, gastroentérologue et directeur de recherche à l’hôpital Cedars-Sinai (Los Angeles, Etats-Unis). Rassemblant tous les éléments connus sur cette maladie jusqu’à présent mal comprise, il parvient à les tisser en un logique écheveau pointant tous vers notre capacité à gérer la gravité.
“Nous savons que lorsque les personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable perdent du poids et font de l'exercice, elles se sentent mieux. Mais jusqu'à présent, personne ne l'avait vraiment expliqué”, remarque Brennan Spiegel. Il existe pourtant un point commun à ces mesures hygiéno-diététiques : “toutes ces choses vont changer structurellement la façon dont vous gérez la gravité !”. La gravité nous façonne toute notre vie sans que nous le remarquions, ajoute le scientifique. “Pour répondre à cette contrainte, notre corps a évolué pour supporter la charge abdominale grâce à un ensemble de mécanismes qui hissent les viscères dans une position verticale.” C’est l’affaiblissement de ces mécanismes qui causerait les symptômes du SII, dont les plus communs sont les diarrhées, constipations, ballonnements et crampes abdominales.
Rassembler les différentes théories en une seule
Pour surprenant qu’elle puisse paraître, la théorie développée par Brennan Spiegel selon laquelle le syndrome de l’intestin irritable est dû à une intolérance à la gravité semble convaincre les spécialistes du domaine.
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) ne serait-il finalement qu’un autre nom pour une intolérance à la gravité ? Cette théorie pouvant soulever l’étonnement au premier abord a été très sérieusement proposée par le Pr Brennan Spiegel, gastroentérologue et directeur de recherche à l’hôpital Cedars-Sinai (Los Angeles, Etats-Unis). Rassemblant tous les éléments connus sur cette maladie jusqu’à présent mal comprise, il parvient à les tisser en un logique écheveau pointant tous vers notre capacité à gérer la gravité.
“Nous savons que lorsque les personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable perdent du poids et font de l'exercice, elles se sentent mieux. Mais jusqu'à présent, personne ne l'avait vraiment expliqué”, remarque Brennan Spiegel. Il existe pourtant un point commun à ces mesures hygiéno-diététiques : “toutes ces choses vont changer structurellement la façon dont vous gérez la gravité !”. La gravité nous façonne toute notre vie sans que nous le remarquions, ajoute le scientifique. “Pour répondre à cette contrainte, notre corps a évolué pour supporter la charge abdominale grâce à un ensemble de mécanismes qui hissent les viscères dans une position verticale.” C’est l’affaiblissement de ces mécanismes qui causerait les symptômes du SII, dont les plus communs sont les diarrhées, constipations, ballonnements et crampes abdominales.
Rassembler les différentes théories en une seule
Pour surprenant qu’elle puisse paraître, la théorie développée par Brennan Spiegel selon laquelle le syndrome de l’intestin irritable est dû à une intolérance à la gravité semble convaincre les spécialistes du domaine. “10 à 15 de mes collègues du monde entier l'ont lu avant que je le soumette à une revue et l'ont trouvé logique”, affirme le gastroentérologue, dont l’analyse a été publiée dans l'American journal of Gastroenterology, une référence dans le domaine. “L'idée derrière cet article n'est pas vraiment de dépasser les théories existantes, mais plutôt d'essayer de les tisser ensemble dans un cadre où elles peuvent toutes être simultanément compréhensibles”, explique Brennan Spiegel. Le consensus actuel décrit le SII comme un trouble de l’interaction intestin-cerveau. Une terminologie vague qui recouvre l'ensemble des anomalies intestinales et cérébrales retrouvées chez les patients. “Certains y voient un problème de prolifération des bactéries de la flore intestinale, d’autres un dérèglement des niveaux de sérotonine dans le corps.”
La sérotonine est un neurotransmetteur et une hormone, c’est-à-dire une substance qui sert de messager au sein du cerveau mais aussi d’un organe à un autre. La sérotonine a un effet connu sur l’humeur, expliquant notamment les taux importants d’anxiété et de dépression chez les personnes atteintes de SII. Mais elle est également essentielle pour maintenir le tonus vasculaire et le rythme cardiaque lorsqu’on se met debout. “Sans sérotonine, nous ne pourrions pas gérer la gravité”, appuie Brennan Spiegel. Ce manque de sérotonine chez les personnes atteintes de SII serait donc symptomatique de leur intolérance à la gravité. Un lien d’autant plus direct que la sérotonine est produite à 95% dans les intestins. Quant aux problèmes de flore bactérienne, ils sont notoirement liés à un mouvement trop lent ou altéré des intestins et donc de son contenu.
Les trois piliers de l’intolérance à la gravité : résistance, vigilance et détection
Pour le scientifique, cela signifie que les structures responsables du maintien de nos viscères - les muscles, tendons, ligaments – sont défaillantes. Il appelle cette capacité à résister aux forces gravitationnelles la “G-Force Resistance”. “Environ la moitié des personnes souffrant de SII sont aussi hyperlaxes (extrêmement souples, ndlr), mais leur mésentère, le ‘sac’ qui contient leurs intestins, l’est aussi”, affirme Brennan Spiegel. Il conseille donc aux patients de “lutter contre la gravité en faisant de l'exercice, en renforçant la cavité abdominale et les muscles du dos et en perdant du poids”. A chaque fois, le professeur démontre méticuleusement que tous les symptômes et connaissances apparemment éclectiques sur le syndrome de l’intestin irritable cadre parfaitement avec un problème de gestion de la force gravitationnelle.
Car cette résistance à la gravité, variable d’une personne à une autre en fonction de leur génétique, de leur vécu ou de leur mode de vie, se double de deux autres paramètres, tous liés les uns aux autres. La vigilance et la détection de la gravité, respectivement gérées par le cerveau et les nerfs périphériques, sont des systèmes définissant le seuil critique à partir duquel l’affaissement produit de la douleur, mais aussi de la crainte. “Avec le temps, le cerveau se préoccupe de votre bien-être et va modifier vos croyances et votre approche du monde pour vous protéger des expériences douloureuses. Ainsi, pour les patients atteints du SII, il s'agira par exemple d'éviter de sortir ou de ne pas manger”, explique le gastroentérologue.
Le cercle vicieux
La crainte peut ainsi créer une hypervigilance liée au mal-être causé par les symptômes du SII, eux-mêmes amplifiés par une sensibilité croissante aux atteintes de la gravité sur les intestins, surtout si leur résistance à la gravité s’affaiblit. Un vrai cercle vicieux, dont la racine varie d’une personne à une autre. “Pour certains patients, le SII provient d’abord d’une hypervigilance liée à un trauma par exemple, pour d’autres, c'est une anomalie du soutien des organes qui cause un manque de résistance à la gravité. Tous les types d’entrée dans la maladie sont possibles”, détaille Brennan Spiegel.
Une théorie encore à démontrer
Même si la théorie de l’intolérance à la gravité est séduisante, elle doit encore être démontrée. Le scientifique propose de multiples façons de vérifier ce qu’il avance en testant les systèmes de résistance, vigilance et détection des patients atteints de SII par rapport au reste de la population. Expérimentations en altitude ou sur un support penché, évaluation de leur oreille interne ou de leur niveau de cortisol, sensations sur des montagnes russes, les possibilités sont nombreuses. Mais les attentes le sont aussi. Aujourd’hui, 10% de la population souffre de SII, donc deux tiers sont des femmes. Une prévalence qui ne surprend pas le gastroentérologue, les femmes ayant des intestins et ligaments plus longs et plus élastiques que ceux des hommes.
“Parfois, il faut penser un peu différemment à une maladie courante pour inspirer de nouvelles manières de l'aborder”, conclut Brennan Spiegel. Il tempère. ”Certaines parties peuvent finir par être vraies et d’autres pas. L’idée derrière la science est de déterminer quelles idées résistent à l'observation et à l'expérimentation, et quelles idées n'ont pas de sens.”