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«The Excavation of Hob’s Barrow», «Dome Keeper», «Signalis» : le mezzé jeu vidéo de «Libé»

«The Excavation of Hob’s Barrow» (sur PC et Mac)

Il faudra du temps pour voir confirmée l’intuition initiale que la création de Cloak & Dagger Game est un grand jeu lovecraftien. Vite aspiré par la lande et les accents épais des habitants de ce petit village de Cornouailles au début du XXe siècle, on se laisse aspirer par un imaginaire folk horror (les Chiens de paille, le Baskerville de la Hammer, voire The Wicker Man), quitte à en oublier la missive fiévreuse qui nous a attirés là. Antiquaire et citadine paumée dans une communauté qui n’aime pas trop les étrangers, la Tomasina que le joueur incarne louvoie, sympathise, scrute, enquête pour trouver la trace de l’homme qui l’a invité là sur la promesse de pouvoir creuser un tumulus remarquable. Un point’n’click vénéneux, admirablement écrit (en anglais, uniquement), qui culmine vers une conclusion d’une noirceur rare.

«Dome Keeper» (sur PC)

Une planète inconnue, un crash, une base sphérique qui sort de terre, et un petit personnage en pixel art chargé de moissonner des ressources en creusant le sol. Dome Keeper appuie là où ça fait mal : sur les mécaniques addictives de collecte, d’accumulation, d’hypnose capitaliste du toujours-plus, en ajoutant à son tableau – petit twist venu du monde du travail – une injonction contradictoire. Entasser des ressources, certes, mais aussi assurer la défense de son dôme contre des vagues d’assaillants de plus en plus puissants qui reviennent toutes les minutes. A la fois au four et au moulin, le joueur passe son temps déchiré entre ces deux activités, une bonne excavation permettant de débloquer des gadgets qui changent la vie. Entre Space Invader, Boulder Dash et les tower defense, les Allemands de BippinBits ont créé un gouffre à temps libre.

«Signalis» (sur PC, Xbox et Playstation)

(moteur rose)

Derrière le studio Rose Engine, un duo installé à Hambourg mais aux rêves perdus quelque part dans le Japon des années 90-2000. Dans ses mécaniques profondes, Signalis pioche sans vergogne dans les premiers Resident Evil et Metal Gear. Du survival horror à polygones, en vue de dessus avec des décrochages à la première personne, plein de couloirs, d’allers-retours et de pics de stress. Son atmosphère en rouge et noir, appuyant sur les effets d’aberrations chromatiques, elle, doit tout à l’œuvre de Tsutomu Nihei, génie de la bande dessinée cyberpunk dont les monuments (Blame ! en tête) sont taillés dans l’encre noire, et aux techno-angoisses de l’anime Serial Experiments Lain. Un jeu austère, retors, qui réveille des sensations anciennes.