France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Thomas Piketty : « L’Europe doit être au service du mieux-disant social »

auteur

Thomas Piketty

Economiste

Emissions de carbone, dumping fiscal, emplois industriels… L’économiste appelle, dans sa chronique, à repenser le fédéralisme et le protectionnisme pour surmonter la crise actuelle.

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Fallait-il boycotter la Coupe du monde au Qatar ? Probablement pas. A partir du moment où l’on accepte depuis toujours de participer à des compétitions sportives avec des régimes très éloignés de la démocratie sociale et électorale, à commencer par la Chine (Jeux olympiques de 2008) et la Russie (Coupe du monde de 2018), le boycott du Qatar aurait forcément été interprété comme une nouvelle marque de l’hypocrisie des Occidentaux, toujours prêts à donner des leçons à quelques petits pays quand cela les arrange, tout en continuant à faire des affaires avec tous ceux qui leur rapportent suffisamment.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés

Pour autant, le fait de ne pas boycotter la Coupe du monde n’implique pas que l’on ne puisse rien faire. Bien au contraire : il faut agir sur le levier commercial, qui est autrement plus efficace que le levier sportif. Il est temps que chaque pays redéfinisse les conditions des échanges avec les autres territoires, en fonction de critères universels de justice s’appliquant à tous de la même façon. Dans le cas du Qatar, les violations des droits fondamentaux sont avérées, qu’il s’agisse du droit des femmes, du droit des minorités sexuelles ou du droit social et syndical. Faut-il mettre en place des droits de douane de 10 %, de 30 %, de 50 %, faut-il concentrer les sanctions sur certains biens ou sur les transferts de capitaux, de façon à ce que ce soient avant tout les classes fortunées et dirigeantes qui en fassent les frais ? Ce n’est pas à moi de trancher ici : c’est à la délibération démocratique de le faire et de placer le curseur au bon niveau.

Ce qui est certain, c’est que l’argument selon lequel on ne parviendra jamais à se mettre d’accord, et donc qu’il ne faut rien faire et se contenter d’appliquer le libre-échange absolu à tout le monde, est incroyablement hypocrite, nihiliste et antidémocratique. Par peur de la démocratie, on se retrouve à sacraliser le libre-échange et la libre circulation des capitaux sans limite, sans même chercher à soumettre ces règles au moindre objectif collectif. Quand le régime chinois a détruit sous nos yeux le pluralisme électoral à Hongkong en 2019, la seule réaction de l’Union européenne (UE) a été de proposer à Pékin une nouvelle libéralisation des flux d’investissement.

Socle minimal

La deuxième raison poussant à redéfinir le régime commercial est évidemment la crise environnementale. On continue en 2022 à échanger avec la Chine et le reste du monde sans même chercher à appliquer des droits de douane correspondant aux émissions de carbone liées au transport et à la production de ces biens, en contradiction flagrante avec les objectifs climatiques. Même chose pour le dumping fiscal et social : si un pays exporte des biens sans respecter un socle minimal commun, alors il est non seulement légitime, mais indispensable de lui imposer des droits de douane permettant de rétablir l’équilibre.

Il vous reste 53.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.