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Tolbiac occupée : «Le 49.3 a marqué un tournant dans la mobilisation»

Le 49.3 galvanise la jeunesse. Ce lundi midi, environ un millier d’étudiants réunis en assemblée générale ont voté l’occupation du site de Tolbiac dans le XIIIe arrondissement parisien. Selon les élus de ce site de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, il s’agit de la plus grosse AG depuis le début du mouvement de contestation de la réforme des retraites. Ils estiment que l’affluence était deux fois plus forte que lors de la plus importante assemblée générale et dix fois plus importante que lors de la première réunion en janvier.

«Le 49.3 a marqué un tournant dans la mobilisation. Dès jeudi, à la Concorde, on a vu des étudiants mettre le feu à des poubelles alors qu’ils ne sont pas des militants traditionnels. Il y a une colère. Le durcissement de la répression ne fait pas peur, il nourrit cette colère», explique Léonard, 21 ans, militant NPA aux cheveux bouclés et ongles vernis de noir, dans les couloirs de Tolbiac occupée.

«C’est injuste pour les métiers les plus durs et les moins rémunérés.»

Dans cette université, le mouvement étudiant est animé par son parti aux côtés du Poing levé – un autre mouvement trotskiste – et de l’Alternative, syndicat proche de LFI issu d’une scission de l’Unef. Mais le mouvement naissant dépasse largement ces trois organisations. Estelle et Marie ont 18 ans, elles ne sont pas encartées et participent pourtant à l’occupation de Tolbiac. Leurs revendications ? «Le retrait de la réforme des retraites, un salaire étudiant et le respect de la démocratie, parce que le 49.3, là…» Marie complète : «Quand je vois ma mère, médecin, qui a 50 ans est déjà épuisée par le travail… Je me dis que quatorze ans de plus c’est trop.» Estelle l’interrompt et un dialogue s’engage :

«J’ai vu sur TikTok que les députés avaient 4 000 euros de retraite.

Voilà, c’est des gens aisés qui votent

C’est injuste pour les métiers les plus durs et les moins rémunérés.

Je comprends totalement les éboueurs», conclut Marie.

À Tolbiac, l'occupation s'organise dans la bonne humeur.

Face à Macron nous préparons une révolution joyeuse. Les amphis sont occupés avec plusieurs ambiances.

📣 L'amphi N pour s'organiser et débattre ensemble


💤 'L'amphi K(ozy) pour se reposer
🥳 L'amphi L pour s'ambiancer pic.twitter.com/ccpLSsbmiS

— Syndicat Alternative Paris 1 - SAP1 (@SAParis1_) March 20, 2023

Ces dernières semaines, le mouvement étudiant avait du mal à s’étendre au-delà des cercles militants. Les jeunes restaient défaitistes face à un gouvernement prêt à tout pour imposer son projet. Et leur mouvement était empêché par des fermetures administratives de site et l’intervention rapide des forces de l’ordre au moindre soupçon de blocage. Particulièrement à Tolbiac. Le centre Pierre-Mendès-France (son nom officiel) a été fermé quinze jours au cours des trois derniers mois pour éviter que le mouvement ne s’y enracine. En 2018, le site était devenu l’épicentre de la mobilisation contre la mise en place de Parcoursup.

La police empêche l’accès au campus

Cette fois, les étudiants espèrent encore pouvoir créer un point de fixation dans le XIIIe arrondissement de Paris. L’AG a décrété une université ouverte et l’envoi de délégations sur les autres points de mobilisation de la région parisienne. Ce lundi après-midi, la direction de l’établissement a finalement fait fermer les principales grilles d’accès et la police empêche l’accès au campus. Les étudiants réclament «la fin immédiate du blocus policier» et appellent à une large assemblée générale à 18 heures. L’enjeu est la massification du mouvement : plus les étudiants seront nombreux, plus ils seront protégés de toute intervention. En février, l’université Rennes-II avait été bloquée plusieurs jours après la mobilisation de plusieurs centaines d’étudiants. A l’heure où nous écrivons, ils sont entre 500 et 1 000 dans Tolbiac.

L’amphithéâtre N sert de lieu de réunion pour l’organisation de l’occupation quand le L est déjà transformé en discothèque. En fin de journée, si l’occupation tient, une assemblée générale interfacs est prévue suivie d’un concert et d’un DJ set. Ce lundi après-midi, à l’Assemblée nationale, les députés débattent de la motion de censure à l’encontre du gouvernement. Un débat qui n’intéresse pas plus que cela Léonard : «C’est une voie de garage. On veut que la rue décide et que la jeunesse montre l’exemple sur la capacité de s’auto-organiser.»