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Tour de chauffe sur les retraites pour les députés dès ce lundi

C’est le coup d’envoi des travaux pratiques à l’Assemblée nationale, avant l’épreuve dans l’hémicycle à compter du 6 février sur la réforme des retraites. Samedi, Élisabeth Borne a dit souhaiter que le débat parlementaire permette de « parler du projet avec ce qu’il contient réellement », dénonçant la « désinformation » autour des intentions du gouvernement. Mais, ce dimanche, la Première ministre a aussi prévenu que le report de l’âge de départ à 64 ans « n’était plus négociable ».

À partir de 9 h 30, ce lundi, la soixantaine de parlementaires de la commission des Affaires sociales va donc plancher, article par article, sur le texte qui prévoit un recul de l’âge légal de 62 à 64 ans et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation. Avec, au menu, dès l’article 1er, la suppression progressive de la plupart des régimes spéciaux existants, dont ceux de la RATP et des industries électriques et gazières.

7 000 amendements déposés

Le temps est compté au Palais Bourbon : les députés ont, en effet, jusqu’à mercredi, 20 h, pour se prononcer sur les quelque 7 000 amendements déposés, dont près de 6 000 par la Nupes.

C’est loin des 22 000 amendements en commission sur la précédente tentative de réforme en 2020, mais les députés risquent, là aussi, de ne pouvoir aller au bout… Les délais resserrés sont imposés par le vecteur choisi par l’Exécutif, à savoir un projet de budget rectificatif de la Sécurité sociale, qui limite à 50 jours au total les débats au Parlement.

Présidente de la commission, Fadila Khattabi en « appelle à la responsabilité des uns et des autres » pour avancer, mais des cadres de la majorité craignent que certains cherchent à « bordéliser ».

1 à 2 millions de manifestants

Les échanges pourraient être particulièrement tendus mardi, jour de mobilisation interprofessionnelle nationale. Après celle du 19 janvier, qui a vu de 1 à 2 millions de personnes, selon les sources, manifester contre la réforme, les syndicats espèrent faire au moins aussi bien, en vue d’une montée en puissance du mouvement.

Négliger ces « mobilisations d’ampleur serait une faute » pour le gouvernement comme pour le Parlement, met en garde Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, dans « Le Monde ».

De son côté, Jean-Luc Mélenchon suggère aux syndicats la tenue d’une « très grande marche pendant un week-end », afin d’amplifier la contestation, alors que l’opposition des Français s’accroît, selon les sondages.

Un projet « anti-femmes » ?

La gauche étrille un projet « solitaire, injuste et injustifié », voire « anti-femmes ». Ses élus s’opposent en bloc aux 64 ans et récusent faire de l’obstruction, en évitant les amendements de pure forme. « On va adapter notre tactique au fur et à mesure, on veut que soit discuté l’article 7 sur l’âge », indique l’Insoumise Clémentine Autain.

Les députés RN combattent aussi le report de l’âge, mais réservent leurs forces pour l’hémicycle. Pour sa part, la droite, dont les voix sont cruciales pour que le texte soit adopté, fait monter les enchères. Les LR ont des demandes pour les femmes aux carrières hachées, pour ceux ayant commencé à travailler à 20 ans, sur les droits familiaux…

La majorité présidentielle n’est pas en reste, mais a été priée de réfréner ses ardeurs pour tenir l’équilibre financier de la réforme. L’idée de contraintes plus fortes autour de l’emploi des seniors dans les grandes entreprises fait cependant son chemin chez Renaissance. Il s’agit aussi de donner des gages aux alliés MoDem et Horizons, dont certains élus renâclent à soutenir la réforme.

Débats publics à l’Assemblée dès le 6 février

Même si le texte n’est pas adopté en commission, il sera présenté en séance le 6 février. Quoi qu’il en soit, c’est sa version initiale qui sera soumise, sans les amendements adoptés en commission. C’est la règle pour les textes budgétaires. Deux semaines d’échanges sont programmées dans l’hémicycle, avec, dans l’arène, les ministres du Travail Olivier Dussopt et des Comptes publics Gabriel Attal, face à des députés promettant de « tenir la tranchée ».