France
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Tournoi des six nations 2023 : indiscipliné et malmené en Italie, le XV de France l’emporte à l’expérience

Malgré de nombreuses fautes, l’équipe de France de rugby a pris le meilleur, dimanche, d’une ambitieuse équipe italienne (29-24), à une semaine d’un déplacement en Irlande.

C’est désormais officiel : passer un week-end à Rome n’a désormais plus les saveurs d’antan pour les équipes des Six nations. Si un ciel d’azur surplombait le Stade olympique de Rome, dimanche 5 février, l’équipe de France masculine de rugby n’a pas cédé aux appels de la dolce vita romaine. Difficiles vainqueurs du XV transalpin, pour leur entrée en lice dans le Tournoi des six nations (29-24), les Bleus mettaient l’accent à raison sur la vigilance avant la rencontre. « Il fait beau, on pourrait croire qu’il y a un air de vacances mais on sait combien tout compte dans le Tournoi, chaque match, chaque essai marqué ou encaissé, avertissait Antoine Dupont samedi. On pourrait se la faire tranquille mais on n’est jamais à l’abri. » Car depuis un an, la Nazionale italienne n’est plus la victime expiatoire sur laquelle se défoulaient les adversaires des Six nations, en marge d’une virée romaine – parfois agrémentée de sorties « gaufres ».

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Les Bleus ont gagné et inscrit quatre essais – rapportant un point de bonus offensif de Rome. « Au niveau purement comptable, c’est un super résultat », reconnaît Anthony Jelonch. Pourtant, le troisième ligne toulousain n’hésite pas à parler de « match un peu médiocre de notre part », rejoint par l’ensemble de ses partenaires. Opposés à des Italiens revigorés et sans complexes, les Bleus n’ont pas eu de mal à identifier leur principale lacune, dimanche : « notre indiscipline nous coûte cher », souffle Jelonch. Avec dix-huit pénalités concédées (contre sept), difficile de donner tort au troisième ligne, une nouvelle fois déterminant dimanche (20 placages réussis).

« C’est une performance mitigée, qui nous laisse un goût un peu amer, expose le sélectionneur Fabien Galthié. Une pénalité, c’est offrir une nouvelle possession à l’adversaire, et on recule de trente mètres. On a beaucoup reculé, et ça nous a coûté cher. Ça nous a amputés de beaucoup de forces dans la performance collective. » Tout avait bien commencé, pourtant, pour ses troupes. Après une demi-heure de jeu, les Bleus avaient inscrit trois essais (par Thibaud Flament, Thomas Ramos puis Ethan Dumortier), et sanctionnaient sans pitié les quelques errements de la défense italienne. Mais leur adversaire, fidèle à ses nouveaux principes de jeu, n’a jamais rendu les armes, recollant à la marque et développant un jeu ambitieux.

Les importants progrès italiens

« Dorénavant, dès qu’on peut, on lance des attaques, on essaie de mettre en difficultés nos adversaires et surtout on n’hésite plus à contre-attaquer, avertissait le capitaine italien, Michele Lamaro, avant la compétition. On a davantage confiance car on se sait dangereux, et ça se voit : on est plus heureux de jouer avec le ballon. » Depuis sa victoire sur le fil l’an passé au pays de Galles – à la suite d’une chevauchée de l’arrière Ange Capuozzo –, la Squadra azzura a connu un déclic, et cette jeune équipe a enchaîné avec une enthousiasmante tournée d’automne (victoire contre l’Australie, notamment).

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Désormais, l’Italie ne joue plus pour éviter de prendre la marée, mais les coéquipiers du capitaine Lamaro assument de commencer les rencontres avec l’intention de les gagner. « Les choses ont vraiment changé, aujourd’hui, il a fallu quatre questions avant que celle sur la promotion ou relégation n’advienne », a taquiné le sélectionneur Kieran Crowley lors du lancement du Tournoi, fin janvier. Il y a encore un an, les progrès de la Géorgie et d’autres nations du tournoi « secondaire » interrogeaient sur la place de l’Italie au sein des Six nations. Un débat qui paraît loin aujourd’hui.

Exploitant – voire provoquant – l’indiscipline française, notamment dans le jeu au sol, les coéquipiers de Michele Lamaro ont recollé à la marque sur un essai de pénalité, à la suite d’une énième faute (assortie d’un carton jaune pour Charles Ollivon). Et ont même basculé en tête à moins d’un quart d’heure du terme (24-22). « On a joué la meilleure équipe du monde, qui n’a pas perdu depuis treize matches, et on les a regardés dans les yeux pendant 80 minutes », savoure Ange Capuozzo, le plus Français des Transalpins – né et élevé au rugby à Grenoble. Une satisfaction teintée de déception, car l’Italie n’est pas passée loin de réaliser la deuxième surprise du tournoi, un jour après la victoire de l’Ecosse en Angleterre. « Ce tournoi est extrêmement relevé, et aucune équipe n’est à l’abri, insiste le joueur du Stade toulousain, auteur d’un nouvel essai sous le maillot transalpin. Il y a de la satisfaction, mais on peut s’en vouloir, car on avait notre destin entre nos mains. »

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Pour avoir connu leur lot de rageantes « défaites encourageantes » il n’y a pas si longtemps, les Bleus peuvent en témoigner. Si l’Italie n’a pas encore accumulé l’expérience nécessaire pour se dépêtrer de fins de match haletantes, ses progrès – salués par un stade plein et enthousiaste – sont frappants. « On avait notre destin entre les mains. Il nous a manqué un peu de précision et ça compte durement », conclut l’arrière italien.

Les « finisseurs » bouclent le match

Dans le XV de France selon Galthié, les mots ont leur importance. « Je parlerais plutôt des finisseurs que du banc des remplaçants. Ça nous convient moyen comme vocabulaire », reprenait de volée vendredi le sélectionneur tricolore, à un journaliste ayant omis que depuis la prise de fonction du Lotois, fin 2019, « finisseur » est l’expression consacrée. Dimanche, les joueurs ayant commencé le match sur le banc – même si le coach Galthié objectera qu’ils ont passé l’essentiel du temps debout, à l’échauffement – ont permis aux Français de l’emporter.

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Sur l’un de ses premiers ballons, Matthieu Jalibert a libéré le XV de France, inscrivant un essai permettant aux Bleus de repasser en tête à un quart d’heure du terme, et de décrocher le bonus offensif. Relayant Romain Ntamack, l’ouvreur bordelais a bénéficié du gros travail de Romain Taofifenua, lui-même tout juste entré en piste. D’abord à l’impact plus tôt dans l’action, le deuxième ligne lyonnais a délivré une passe décisive à son partenaire. « Je commence à être habitué à ce rôle, et ça me plaît bien, souffle Taofifenua. J’ai l’habitude de rentrer dans des fins de matchs où c’est un peu chaud, donc je suis assez serein. »

Si leur jeu n’a pas manqué de scories, cette sérénité est partagée par les Bleus, acquise à force d’accumuler les rencontres depuis trois ans. « On a connu des scénarios autrement plus graves, donc l’expérience a joué », insiste Antoine Dupont. A l’heure de jeu, lorsque l’Italie est passée devant pour la première fois de la partie, ses coéquipiers sont restés de marbre. « On sent qu’on n’est pas dans une bonne passe et que la dynamique n’est pas bonne, mais on savait qu’on ne prenait pas l’eau », prolonge le capitaine français. Petit dernier de l’aventure – il célébrait dimanche sa première cape, illustrée en zone mixte par une casquette FFR vintage vissée sur le crâne –, Ethan Dumortier confirme. « Même si on n’avait pas prévu que ça soit aussi serré, nos leaders savent gérer ces temps faibles. Et pour un joueur comme moi, il suffit de suivre leurs directives, expose l’ailier lyonnais, qui a inscrit son premier essai. Ce soir, on a traversé un temps compliqué, mais ça ne nous coûte pas une défaite. »

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Jouer

La dernière fois qu’une équipe de France auréolée d’un grand chelem a débarqué sur les rives du Tibre, les Bleus étaient tombés de haut, à quelques encablures – déjà – d’une Coupe du monde (battus 21-22). Cette défaite en 2011, n’avait pas empêché les joueurs de Marc Lièvremont de se hisser ensuite en finale du Mondial, ne s’inclinant que sur le fil face aux hôtes néo-zélandais (7-8). Si la rencontre, dimanche, « est une bonne piqûre de rappel », observe Anthony Jelonch, les Français savent qu’ils doivent rectifier le tir, après s’être tirés du piège transalpin. « On sait ce qui nous attend la semaine prochaine en Irlande, il va falloir être très disciplinés, sinon ce sera compliqué », conclut le troisième ligne. Ayant poussé à quatorze leur série de victoires de rang (un record en équipe de France), les Bleus s’attendent à un accueil rugissant, samedi à Dublin. Et à une semaine romaine – ils ne rentrent pas en France pour éviter de multiplier les déplacements – qui n’aura rien de vacances.

Clément Martel(Rome, envoyé spécial)

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