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Transition écologique : le budget 2023 encore très loin des promesses de Macron

Records de températures, sécheresses à répétition, mégas-incendies, pénurie d'eau...la France a traversé une année 2022 brûlante sur le plan climatique. La multiplication de ces événements extrêmes dans les prochaines années pourrait plonger toute l'économie dans un sombre avenir. De plus en plus d'experts du climat tirent la sonnette d'alarme pour inciter les Etats à muscler leurs efforts dans la transition écologique.

En dépit de tous ces appels, la France affiche un sérieux retard budgétaire en matière de transition. Selon une évaluation des économistes de l'institut I4CE dévoilée ce jeudi 8 décembre, il manque près de 7 milliards d'euros au budget 2023 pour financer le plan d'investissements présenté pendant la campagne présidentielle par Emmanuel Macron.

Alors que le marathon budgétaire de l'automne doit se terminer dans les semaines à venir, cette nouvelle évaluation risque de porter un coup sévère aux efforts de communication du gouvernement en matière de transition écologique. « L'investissement dans la transition énergétique aurait permis de protéger les Français de la crise actuelle et de réduire la facture des crises énergétiques et climatiques », a déclaré Damien Demailly, directeur adjoint de l'institut pour le climat lors d'un point presse organisé par I4CE, l'Iddri, l'OFCE et l'institut Jacques Delors.

3,5 milliards d'euros au lieu de 10 milliards

Au printemps dernier, les équipes d'Emmanuel Macron avaient travaillé sur les besoins supplémentaires de la France en matière d'investissements écologiques et énergétiques. Son entourage avait proposé une enveloppe de 10 milliards d'euros de plus par an dans la transition écologique. Ce chiffre avait d'ailleurs été repris pendant la course l'Elysée par le chef de l'Etat pour aboutir à un total de 50 milliards d'euros sur l'ensemble du quinquennat.

D'après les calculs des experts, les montants avancés dans le projet de loi de finances de 2023 sont encore très loin du compte. La hausse serait de 3,5 milliards d'euros entre le budget 2022 et le budget 2023, soit un chiffre très éloigné des 10 milliards annoncés.

Un retard abyssal dans les transports et la rénovation thermique des bâtiments

Parmi les secteurs passés aux crible par les chercheurs, les transports sont clairement délaissés. D'après le chiffrage de l'équipe d'Emmanuel Macron, les transports devraient bénéficier d'une hausse d'investissement de 5,4 milliards d'euros entre 2022 et 2023. En réalité, l'augmentation ne serait que de 1,06 milliard selon I4CE. Sur ce milliard, 800 millions correspondent à l'acquisition de véhicules électriques. « Concernant le ferroviaire et le transport collectif urbain, on est bien loin de ce qui était anticipé lors de la campagne présidentielle », souligne Damien Demailly.

A cela s'ajoute, la proposition des véhicules propres en leasing promue par Emmanuel Macron. « Le leasing social est une idée extrêmement intéressante. Il est dommage que ces idées s'évaporent. Même si elles sont parfois complexes à mettre en place, elles sont souvent moins coûteuses que des dispositifs d'urgence », a déclaré Xavier Timbeau, directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). L'autre grand retard pointé par les économistes concerne la rénovation thermique des bâtiments (1,55 milliard au lieu de 2,6 milliards prévus).

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Le gouvernement joue d'abord aux « pompiers »

Une partie de ce retard vertigineux peut s'expliquer par la succession des crises et des urgences à gérer selon les chercheurs. L'éclatement de la guerre en Ukraine a propulsé l'indice des prix à des niveaux inédits depuis des décennies en France et en Europe. Face à cette flambée des prix, l'exécutif a déployé tout un arsenal d'aides et de mesures pour tenter de limiter l'impact de cette inflation sur les ménages et les entreprises.

Le gouvernement a clairement essayé de répondre à l'urgence de la situation depuis un an. Rien que pour le bouclier énergétique, l'Etat a prévu de dépenser 100 milliards d'euros en 2022 et 2023. « Le bouclier tarifaire est une réponse à une situation exceptionnelle sur le plan social et macroéconomique [...] Ce mécanisme est une demi réussite. Il n'a pas empêché d'avoir de l'inflation même si elle est moins élevée que chez nos voisins. Il ne faut pas oublier la transition dans ce contexte », estime Xavier Timbeau. « Le gouvernement a proposé de réduire le montant du bouclier tarifaire en compensant avec des mesures plus ciblées. Dans ce schéma, certains dispositifs peuvent générer de grosses frustrations. Le ciblage est fait de manière grossière. Il ne répond pas aux enjeux de l'avenir », poursuit l'économiste. La décarbonation de l'économie tricolore pourrait accuser un sérieux retard.

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