France
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Transmusicales de Rennes : trois artistes à ne pas manquer

Nonesounds

Des Ouïghours, le monde occidental connaît principalement la violence subie de la part du régime chinois et les camps de travail forcé dénoncés par les enquêtes de l’ONU. On s’est moins intéressé aux artistes de la diaspora. Deux jeunes musiciens, Aishan et Erpan, ont fui la région du Xinjiang pour atterrir à Barcelone et fonder Nonesounds, conçu comme un porte-voix politique et artistique, en 2016. Leur techno est radicale et savante, extirpée des synthétiseurs modulaires et d’une furieuse envie d’envoyer planer les audiences européennes. Ils y alternent titres plus ambient et rythmes pachydermiques et effrénés, taillés pour les grandes salles comme le Hall 9 balèze des Transmusicales. La propagande chinoise aime présenter la musique ouïghoure comme joviale, optimiste et, en fait, en bonne santé. En voici le versant ténébreux et déterminé.

(Laurent Segretier)

QuinzeQuinze

En Polynésie française, la tradition orale se transmet par les oreros, ces déclamations élevées au rang d’art garantissant aux légendes et à l’histoire des peuples locaux de subsister. Ils inspirent aujourd’hui le groupe QuinzeQuinze, dont deux des membres sont originaires de l’archipel. Fondée à Paris, la formation lie cet héritage à une musique électronique profonde, joliment désarticulée et visuelle. Malgré leur évidente dextérité, aucun des cinq musiciens ne vient de la musique : il y a d’abord eu l’attrait pour le graphisme, et pour le design, transformés plus tard en sons et en atmosphères. Leur dernier disque en date, Varua, est donc un mélange d’influences polynésiennes, de rythmes de candombe venus d’Uruguay et de sonorités cubaines malaxées, malmenées en poésie et en courants alternatifs. Les images envoyées sur scène, les instruments traditionnels… Tout forme une musique qu’ils qualifient de «climatique», tout à fait unique.

(DR)

DJ Travella

Non, ça n’est pas l’enceinte qui bugge ou l’ordi qui rame. C’est DJ Travella qui s’amuse. Issu de la génération Fruity Loops, du nom de ce logiciel de composition musicale instinctif au possible et hyper populaire chez les musiciens qui se foutent éperdument des ordres musicaux établis, le producteur tanzanien de 19 ans pratique une musique débraillée et frontale. Tous les grands codes électroniques sont accélérés et poussés dans leurs retranchements pour former un genre qui cartonne en Tanzanie : le singeli. Chez DJ Travella, les mélodies les plus sirupeuses deviennent agressives, les sons hasardeux deviennent percutants, tout comme les glitchs, les silences, les descentes de percussions, les sirènes… A l’oreille, c’est déroutant. Mais très vite, la cohérence prend le pas et laisse apparaître une maîtrise redoutable des outils et une inventivité complètement hallucinée. Ode à la débrouille, l’album Mr Mixondo est une pépite incendiaire dont la version live est très attendue.