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Trash TV, couple et rivalités au pays des kangourous

Profession : reporter, Arte, 20 h 55, et sur arte.tv

La traduction française du nom de cette série peut induire le téléspectateur en erreur. Son créateur, Michael Lucas, a voulu parler des présentateurs du journal télé-visé (« newsreaders », en anglais), et si un reporter partage l’affiche de tête, c’est seulement parce qu’il prétend à la place royale. Pourtant, la série ne parle pas seulement des petites mains au service du JT, ni juste de l’aristocratie de la profession : elle analyse le virage, sur un temps court (entre l’accident de la navette spatiale  Challenger, en janvier 1986, et celui de la centrale nuclé- aire de Tchernobyl, en avril 1986), du journalisme télévisé.

Un énorme travail de recherche sur les images et la presse d’époque. « J’ai voulu utiliser l’actualité télévisée comme un moyen d’atteindre l’intimité des personnages, en cherchant quel impact émotionnel les événements pouvaient avoir sur eux », explique Michael Lucas à Arte Magazine. Il pose aussi, au travers des regards des protagonistes, une question simple : doit-on s’asseoir sur ses convictions au nom de l’audience ?

des journalistes considérés comme de « vulgaires amuseurs »

Dale Jennings (Sam Reid) est un jeune reporter qui rêve de présenter les nouvelles de News at Six, le journal télévisé le plus regardé d’Australie. Mais la place est occupée par l’ambitieuse et torturée Helen Norville (Anna Torv, vue dans Fringe et Mindhunter) et Geoff Walters (Robert Taylor), un vieux de la vieille, ancien reporter de guerre paternaliste, mais qui a toujours la flamme.

Lorsque, pour enrayer les prétentions d’Helen au grand reportage, le directeur de l’information, Lindsay Cunningham (William McInnes) demande à Dale de l’accompagner sur le terrain, le reporter et la présentatrice vont s’allier contre toute attente… La série montre comment ce couple dysfonctionnel, au bureau et très vite à la ville, va s’épauler pour amener chacun à atteindre son rêve. Entre jeux de pouvoir et réelles préoccupations pour la dérive informationnelle en cours, ces personnages – et d’autres (le journaliste sportif, joker de Geoff, ou la jeune assistante de rédaction, Noelene)– dessinent les contours d’un journalisme qu’on n’appelait pas encore « trash news » (télé-poubelle). Geoff fulmine à l’idée que l’on commence à payer pour obtenir des entretiens exclusifs, comme Lindsay charge Helen de le faire. Il s’inquiète d’un glissement vers le divertissement : « Les dirigeants considèrent les présentateurs du journal comme de vulgaires amuseurs, tels des vedettes de feuilleton ou des amateurs de jeux », confie-t-il à un journaliste concurrent pour souligner le lien de confiance dans l’information que les visages du JT doivent selon lui entretenir avec le public. Mais, a contrario, quand Helen s’intéresse sincèrement au sort d’une mère atteinte du sida par transfusion, le vieux briscard conservateur détourne le sujet pour pointer les prétendus ravages de l’homosexualité sur les valeurs familiales… et détruit en direct le couple gay qui témoigne de sa vie avec le VIH. La naissance de la ­télé-poubelle doit sans doute autant à un comportement qu’à l’autre…