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Tristan et Louna Ladevant, des frères grimpeurs qui ne laissent pas de glace

Moins de 24 heures après avoir atterri, les frères Ladevant sont de retour à l’entraînement. La deuxième étape de la Coupe du monde de cascade de glace a lieu dans moins de cinq jours, à Champigny-en-Vanoise (Savoie), et les frangins ont à cœur de se rattraper. Louna, 21 ans, parle pour deux. «On ne va pas cracher sur une troisième place en Coupe du monde, mais on est très déçus par ce qui s’est passé en Corée. Tout était réuni pour aller faire une vraie belle performance et potentiellement finir premier et deuxième. Mais Tristan a fait des erreurs en demi-finale et je n’ai pas eu l’occasion de me battre parce que le piolet a cassé.» Un accident de matériel inédit pour le jeune homme qui, depuis huit ans, a su se faire une place au sommet de la discipline longtemps dominée par les athlètes russes et coréens. Le tout, aux côtés de son frère aîné, âgé lui de 24 ans. Ils se disent «inséparables, fusionnels». Compétiteurs, bien sûr, «depuis tout gamins», mais pas rivaux. «Être deux est notre plus grande force.»

« Prendre du plaisir en grimpant »

Apparue dans les années 1970, la cascade de glace est une discipline, entre escalade et alpinisme, qui consiste à grimper le long de structures glaciaires à l’aide de piolets et crampons. En Coupe du monde, deux formats d’épreuve cohabitent : la vitesse (sprint vertical sur la glace) et la difficulté (une ascension de plus de 30 mètres à réaliser dans un temps limité de 8 minutes). «De grosses, grosses doses d’entraînement sont nécessaires pour performer, indique Louna. En termes de préparation physique générale, le programme ressemble beaucoup à celui qu’aurait un grimpeur classique. On se sert peu de la force de nos doigts mais il faut pouvoir gérer les mauvaises prises de piolet, parvenir à tenir la longueur. Les avant-bras fatiguent vite et ont autant besoin de résistance (endurance de force – NDLR) qu’en escalade», détaille-t-il. Pour aborder les grandes échéances avec plus de sérénité, le duo s’est adjugé les services d’un coach et d’un préparateur mental. Leurs huit années de présence au plus haut niveau ne les empêchent pas de stresser. «Et pas qu’un peu ! ironise le cadet. Mais, cette année, on entend profiter de la Coupe du monde et prendre du plaisir en grimpant. On a moins à prouver, mais tout aussi soif de s’exprimer.»

Membres du mouvement mondial 1 % pour la planète

Amoureux de la nature et des grands espaces, Tristan et Louna n’hésitent pas non plus à prendre position et n’esquivent aucune des questions éthiques que pose leur pratique. Ils sont membres du mouvement mondial 1 % pour la planète qui, depuis 2001, rassemble les entreprises ayant décidé de donner 1 % de leur chiffre d’affaires à des associations de préservation de l’environnement. Et ils soutiennent, à ce titre, l’association Assiettes végétales qui accompagne les établissements de restauration collective désireux d’augmenter la part des options végétales de leurs menus, depuis 2018. «Nous sommes loin d’être irréprochables, c’est clair et net. Nous rentrons tout juste d’un déplacement de trois jours en Corée, reprend Louna Ladevant. Mais nous évoluons au cœur d’un milieu qui est en train de se poser mille questions et nous devons réfléchir à comment faire les choses différemment. On pointe du doigt l’avion. Pour nous, ce n’est pas le seul problème.»

«Une aventure de fou à faible empreinte carbone»

C’est à leur enfance passée dans les environs de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), à leur éducation et à leur mère, kiné de formation, que les deux frères disent devoir une grande partie de leurs convictions. En juillet 2022, le binôme, biberonné aux exploits des grimpeurs belges Sean Villanueva et Nicolas Favresse, a voulu prouver qu’il était possible d’organiser «une aventure de fou, à faible empreinte carbone et au budget limité», et est parti, en train et à vélo, à l’assaut des voies d’escalade les plus dures d’Europe. Des Tre Cime di Lavaredo en Italie au Feuerhorn en Autriche. En dehors des équipements de sécurité, Tristan et son frère n’ont eu recours qu’à du matériel d’occasion. «Un des vélos ne nous a coûté que 50 euros», précisent-ils, non sans fierté. Budget total de ce mois d’expédition : 800 euros par personne. Un film, à sortir au printemps, retracera leur périple. À cette occasion, les Ladevant organiseront un appel à projets d’aventure sur leurs réseaux sociaux et l’équipe qui le remportera recevra leurs kits de voyage et quelques conseils pour «reprendre le flambeau».