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Truffes : ne posez pas trop de questions…

Truffes : ne posez pas trop de questions…
Dans le monde de la truffe, certains ouvrent grand les portes de leurs truffières, d’autres opposent un long silence à chaque question.

Photo Renaud Joubert

Par Lénaëlle SIMON, publié le 9 décembre 2022 à 8h53.

Techniques de production, somme récoltée, il y a des questions à ne pas poser à des trufficulteurs.

La truffe, il faut s’y intéresser mais pas de trop près. Surtout pour un journaliste. Il y a ceux qui ouvrent grand les portes de leur exploitation et qui expliquent comment ils travaillent, quelle quantité...

La truffe, il faut s’y intéresser mais pas de trop près. Surtout pour un journaliste. Il y a ceux qui ouvrent grand les portes de leur exploitation et qui expliquent comment ils travaillent, quelle quantité ils récoltent et quelle part ils prennent quand ils vont caver des truffes chez des clients, avec leur chien. Et il y a ceux qui opposent un long silence à chaque question.

Comme cette trufficultrice d’une commune frontalière de la Charente. « Combien de truffes vous avez écoulées au marché de Jarnac dimanche ? » …. «J’ai vendu tout ce que j’ai amené. » On n’en saura pas plus. Elle s’est formée auprès de l’Aitna, l’interprofession de la truffe, pour savoir comment produire. « On a tâtonné car ça ne produisait pas puis on a trouvé une solution pour produire sans attendre huit ou dix ans. » Laquelle ? « Vous allez l’écrire ? Alors je ne vous dirai pas. Mais mon mari a lu deux livres scientifiques très intéressants. »

Aller vendre loin pour être discret

Le sujet est encore plus sensible quand on demande si c’est un bon complément de revenus en vue. Finalement, le mari rappelle. Il ne faut écrire ni son nom si non prénom. Même chose avec un trufficulteur voisin qui vient de reprendre l’exploitation de son oncle (maraîchage, céréales et truffes). Il craint de se créer des inimitiés. Le jeune homme, qui travaille avec des grands chefs charentais, l’admet. « On cultive ce mystère par peur des autres. C’est une activité dans laquelle il n’y a pas besoin de se comparer. »

Régis Meslier, tout juste ex-président de l’interprofession, connaît bien cette enveloppe de mystère autour d’une activité où l’on achète souvent en cash. « Certains veulent que la vente se fasse le plus discrètement possible donc ils s’éloignent au maximum. On a des Charentais qui vont faire les marchés en Dordogne et même des trufficulteurs de Charente-Maritime qui vont jusqu’en Dordogne pour vendre. » Certains trufficulteurs qui participaient au marché de Jarnac sont aussi partis voir ailleurs si les truffes étaient plus noires parce qu’ils ne voulaient pas de facture.