France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Turquie : Recep Tayyip Erdogan est donné gagnant de l’élection présidentielle avec 55% des voix

Recep Tayyip Erdogan a vacillé mais reste tout de même debout. Menant la course à la présidence avec 55% des voix sur la moitié des bulletins dépouillés, ni la crise économique aux relents inflationnistes, ni la gestion désastreuse du tremblement de terre qui a coûté la vie à des milliers de Turcs, et encore moins la dérive autoritaire de son régime n’a eu raison de son aplomb. L’homme de 69 ans, donné favori après deux décennies au pouvoir, face à son rival social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, sort vainqueur, selon les résultats intermédiaires, d’un second tour de l’élection présidentielle.

A l’issue d’un deuxième tour inédit, la participation a enregistré une record de 90%. L’opposant Kemal Kiliçdaroglu que les sondages donnaient gagnant quelques jours avant le premier tour, avait appelé ses «concitoyens à voter pour se débarrasser d’un régime autoritaire», sourire aux lèvres après avoir déposé son bulletin dans l’urne à Ankara, il récolte un total de 44% des voix. «Pour qu’une véritable démocratie et la liberté puissent advenir dans ce pays, pour se débarrasser d’un gouvernement autoritaire, j’invite tous les citoyens à voter», a-t-il déclaré. Il a également appelé à rester près des urnes après la clôture des bureaux de vote, «car cette élection s’est déroulée dans des conditions très difficiles», a-t-il dit.

«Aucun pays au monde ne connaît des taux de participation de 90 %, la Turquie les a presque atteints. Je demande à mes concitoyens de venir voter sans faiblir», a fait valoir de son côté le chef de l’Etat, visage fermé, après avoir voté dans le quartier conservateur d’Usküdar sur la rive asiatique d’Istanbul. Le taux de participation au premier tour était de 87 %.

Pas plus que lors de la campagne du premier tour, l’économie ne s’est imposée dans le débat national malgré une inflation autour de 40 % et la dégringolade de la monnaie nationale qui impacte fortement le pouvoir d’achat de la population. Même les zones dévastées par le séisme du 6 février, qui a fait au moins 50 000 morts et trois millions de déplacés, avaient massivement accordé leur confiance au chef de l’Etat qui a multiplié les largesses et les promesses de reconstruction. Face à lui, Kemal Kiliçdaroglu, le «demokrat dede» - le papy démocrate - comme se présente cet économiste de formation aux cheveux blancs et fines lunettes, a semblé abattu par son retard au premier tour.

Deux visions du pays, de la société et de la gouvernance se sont présentées aux 60 millions d’électeurs de Turquie : la stabilité au risque de l’autocratie avec l’hyper-président sortant islamo-conservateur, ou le retour à une démocratie apaisée, avec son adversaire, ancien fonctionnaire de 74 ans et Président du CHP - le parti de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la république turque.

Le symbole de la date de ce second tour - dix ans jour pour jour après le début des grandes manifestations de «Gezi» qui s’étaient répandues dans tout le pays et avaient été sévèrement réprimées — n’aura pas suffi à raviver la flamme du changement.