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Ukraine: à Boutcha, ne pas oublier, reconstruire et rendre la justice

Ukraine: à Boutcha, ne pas oublier, reconstruire et rendre la justice
Volodymyr Zelensky a juré vendredi de vaincre le « mal russe » à l’occasion du premier anniversaire du retrait russe de Boutcha.

Photo AFP

publié le 31 mars 2023 à 20h52.

Un an après sa libération par l’armée ukrainienne, Boutcha n’oublie pas les atrocités imputées aux forces russes. Mais la ville se reconstruit. En attendant de «punir tous les coupables».

Méconnaissable, la rue Vokzalna est un chantier à ciel ouvert : plusieurs dizaines d’ouvriers du bâtiment s’affairent au milieu de pelleteuses, de tractopelles et de camions-benne, pour reconstruire les maisons et refaire la chaussée. C’est dans cette longue artère droite qu’une colonne de véhicules blindés russes avait d’abord été anéantie par les forces ukrainiennes.

Après le retrait le 31 mars 2022 des troupes de Moscou qui avaient échoué à prendre Kiev, des carcasses calcinées des véhicules militaires jonchaient la rue de cette banlieue au nord-ouest de la capitale ukrainienne et la plupart des habitations qui la bordaient étaient détruites.

Anatoly Ievdokimenko est heureux de montrer sa maison totalement refaite. « Le toit était troué, les portes et les fenêtres étaient cassées. Les obus frappaient n’importe où », raconte l’homme âgé de 60 ans. Un peu plus loin, Natalia Zelinska bénéficie aussi du programme de reconstruction. Elle habite au croisement des rues Vokzalna et Iablounska.

C’est dans cette dernière rue que le 2 avril 2022, des journalistes avaient découvert les cadavres de 20 hommes en civil. Des exécutions sommaires de civils et des crimes de guerre, selon Kiev, et des images qui choquèrent le monde.

« Il y a un an, lorsque les Russes étaient là, les habitants ne pouvaient s’asseoir que dans les sous-sols. C’était dangereux pour eux, ils étaient persécutés et volés », dit l’archiprêtre Andriï, qui gère la paroisse. Selon lui, « il est très important que nous n’oublions pas les personnes qui, malheureusement, ne sont pas avec nous aujourd’hui ». « Mais il est important aussi pour nous de ne pas vivre dans le passé, mais dans l’avenir. Pour vivre dans l’avenir, il faut non seulement gagner, vaincre les occupants […] mais il est très important que le mal soit condamné […] Il faut que les criminels soient condamnés, que le mal soit puni », insiste le religieux.

Au fond du cimetière se trouvent près de 80 tombes anonymes d’habitants morts pendant l’occupation et dont l’identité n’a pas pu être établie.

Le Président ukrainien a lui, depuis Boutcha promis vendredi la victoire aux siens après avoir plus tôt dans la journée juré de « punir tous les coupables » du massacre. « Nous allons gagner c’est certain, le mal russe tombera, justement ici en Ukraine et ne pourra plus se relever », a-t-il martelé depuis cette banlieue de Kiev devant les Premiers ministres croate Andrej Plenkovic, slovaque Eduard Heger, slovène Robert Golob et la présidente moldave Maia Sandu.

Les accusations de «crimes de guerre»

• À Boutcha. 20 corps d’hommes en civil abattus ont été découverts le 2 avril 2022 dans la rue Iablounska, premières indications des atrocités et destructions commises pendant l’occupation russe en mars de banlieues du nord-ouest de Kiev - Boutcha, Irpine, Borodianka… Au total selon les estimations ukrainiennes, quelque 400 corps de civils seront retrouvés à Boutcha et plus de 1.000 dans la région, nombre d’entre eux dans des fosses communes creusées par les habitants quand la brutalité des combats rendait les cimetières inaccessibles.
• Théâtre de Marioupol. Le théâtre de Marioupol a été bombardé le 16 mars 2022, tuant de nombreux civils qui s’y étaient réfugiés alors que cette grande ville portuaire sur la mer d’Azov était assiégée. La municipalité avait déploré à l’époque environ 300 morts. Amnesty International a revu le bilan à la baisse en juin, estimant qu’« au moins une douzaine de personnes sont mortes dans l’attaque, et sûrement bien davantage ».
• Fosse commune à Izioum. L’Ukraine a annoncé en septembre 2022 avoir exhumé 447 corps d’un site d’enterrement de masse à Izioum, ville reprise aux Russes dans le nord-est, dont 30 avec des « signes de torture ».
• Bombardements sur des civils. Les forces russes sont également accusées de frappes sur des civils dans plusieurs localités, comme le 8 avril 2022, où une attaque au missile sur la gare de Kramatorsk a tué une soixantaine de civils cherchant à fuir la région.
• « Déportations » d’enfants. Le 17 mars 2023, la CPI a annoncé un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, « présumé responsable du crime de guerre » de « déportation » d’enfants d’Ukraine vers la Russie. Selon Kiev, plus de 16.000 enfants ont été transférés en Russie ou en zone ukrainienne sous contrôle russe, depuis le début du conflit.
• Frappes sur infrastructures civiles. Le New York Times affirmait le 13 mars que la CPI voulait également poursuivre des Russes concernant les frappes délibérées sur des infrastructures civiles, telles que centrales électriques et hydrauliques. Les enquêteurs de l’ONU ont pour leur part estimé que « les vagues d’attaques menées par les forces armées russes à partir du 10 octobre 2022 contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine et le recours à la torture par les autorités russes pourraient constituer des crimes contre l’humanité ».
• Viols. Les viols et agressions sexuelles attribués aux forces russes constituent clairement « une stratégie militaire » et « une tactique délibérée pour déshumaniser les victimes », a estimé en décembre 2022 la représentante spéciale de l’ONU Pramila Patten, dénonçant « des cas horribles et des violences très brutales ».
• Exécutions sommaires. L’ONU a accusé le 24 mars 2023 les forces russes et ukrainiennes d’avoir commis des exécutions sommaires de prisonniers de guerre. L’organisation a dénoncé les mauvais traitements subis par les prisonniers de guerre ukrainiens (torture, refus de soins médicaux, violences sexuelles…), mais également fait état de menaces de mort ou de violences sexuelles, et de simulacres d’exécution, imposées à des prisonniers russes.