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Ukraine : une « liste rouge » publiée face au pillage de musées

Neuf mois après le début de l’invasion russe en Ukraine, le Conseil international des musées (Icom) a publié le 24 novembre, une « Liste rouge de biens culturels ukrainiens en péril » pour tenter d’endiguer les trafics amplifiés dans ce pays par la guerre. Cette liste rouge, accessible sur le site de l’Icom, a été élaborée avec le concours de 11 institutions culturelles ukrainiennes (musées, bibliothèques, Institut national d’archéologie). Celles-ci ont fourni des images de différents types d’objets – icônes, manuscrits, costumes folkloriques, pièces archéologiques, etc. – représentatifs de l’art ukrainien, afin d’aider douaniers, policiers, marchands ou collectionneurs à identifier de tels biens possiblement issus de pillages.

La publication de ce document intervient peu après que l’on a appris la razzia opérée par l’armée russe au musée régional d’art Oleksiy Chovkounenko de Kherson, juste avant son retrait de cette ville du sud-est de l’Ukraine, le 11 novembre dernier. Tableaux, céramiques, monnaies : les Russes ont emporté par camions plusieurs milliers d’œuvres du musée, laissant les salles vides et volant même les registres d’inventaire. Les œuvres auraient été acheminées en Crimée et entreposées au Musée de Tauride à Simferopol, la capitale administrative. Ce pillage minutieux aurait été perpétré avec la complicité d’un membre du Musée de Kherson et la collaboration de la directrice qui a, depuis, pris la fuite. Dans cette ville occupée pendant huit mois et demi par l’armée russe, 13 autres lieux culturels auraient été touchés par de tels vols.

Des pillages interdits par la Convention internationale de la Haye

Ces pillages s’ajoutent à de nombreux autres. Le 8 octobre dernier, dans un entretien accordé à l’Associated Press, le ministre ukrainien de la culture, Oleksandr Tkatchenko, avait déjà affirmé que l’armée russe avait pillé près de 40 musées ukrainiens. Au Musée d’histoire locale de Melitopol, dans la région occupée de Zaporijjia, un diadème en or datant du règne d’Attila au Ve siècle, a été ainsi volé avec d’autres trésors que le personnel avait tenté de cacher dans les sous-sols. À Marioupol, selon le conseil municipal exilé de cette ville, plus de 2000 œuvres des musées, dont d’anciennes icônes, un manuscrit unique de la Torah et quelque 200 médailles, auraient été également emportées par les forces russes.

En appliquant la loi martiale aux territoires occupés, Vladimir Poutine a ouvertement légalisé cette « évacuation » vers des territoires russes des œuvres conservées par les musées ukrainiens. Pourtant, le premier protocole de la convention de La Haye de 1954 sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé – ratifiée par la Fédération de Russie en 1957 – « interdit l’exportation de biens meubles du territoire occupé et exige également son retour sur son territoire d’origine à la fin des hostilités ». Ainsi, selon le ministre de la culture ukrainien, « l’attitude des Russes envers le patrimoine culturel ukrainien est un crime de guerre ».