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« Un beau matin » : une femme confrontée à l’effacement progressif de son père

Sur le thème de la fin de vie, Mia Hansen-Løve livre un film solaire avec Pascal Greggory, bouleversant d’humilité.

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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Dans le cinéma de Mia Hansen-Løve, l’autobiographie est un jeu subtil de masques transparents. Le vécu y joue au chat et à la souris avec l’écriture sans chercher à se faire oublier. Bien qu’inspirés de certains de ses proches (son frère dans Eden, son producteur dans Le Père de mes enfants), ses personnages n’en sont pas moins des êtres de fiction qui valent en tant que tels. Un beau matin, son 8e long-métrage, présenté en mai à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs, tresse ainsi des motifs familiers, mais se consacre cette fois à la figure du père, au moment où celui-ci est amené à disparaître, s’estompant lentement aux yeux des siens. À travers son état, c’est la question de la fin de vie qui se profile ici, par ailleurs lancinante au sein du cinéma d’auteur français actuel (voir Tout s’est bien passé, de François Ozon, ou De son vivant, d’Emmanuelle Bercot).

Or, ce n’est pas l’aïeul mourant qui occupe le centre du récit, mais sa fille qui le voit partir. Sandra (Léa Seydoux), traductrice parisienne élevant seule sa fille Linn, rend de fréquentes visites à son père Georg (Pascal Greggory). Cet éminent germaniste est atteint d’une maladie neurodégénérative, le syndrome de Benson, et en arrive au stade où son autonomie n’est plus assurée. Perdu dans son propre appartement, il ne reconnaît plus les objets. Il converse encore, mais avec une candeur enfantine, comme si le fil de la mémoire s’était rompu. Le moment est venu de le faire admettre, d’abord à l’hôpital, puis définitivement en Ehpad, enfin d’évacuer définitivement son appartement, démarches dans lesquelles Sandra se jette à corps perdu. Parallèlement à cela, la jeune femme renoue avec Clément (Melvil Poupaud), un ancien ami chercheur (« cosmo-chimiste », précise-t-il), et vit avec lui une histoire d’amour, quelque peu bridée par son caractère adultérin (il est marié).

Fine et majestueuse fluidité

Le film tient tout entier dans cette alternance, entre d’une part les soins requis par le père moribond et, de l’autre, la vie qui doit bien se poursuivre, sans jamais qu’une dimension ne s’oppose à l’autre : tout est fondu dans un même mouvement, souple et fluide. Le sujet, a priori écrasant, appelait une gravité de traitement à laquelle Mia Hansen-Løve ne cède jamais, livrant au contraire un film solaire (baignant dans la splendide photographie de Denis Lenoir), enlevé, limpide, ne faisant droit à la tristesse que discrètement, en la laissant refluer quand on l’attend le moins.

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