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Un Bolsonaro mutique ressurgit parmi les militaires brésiliens

Jair Bolsonaro sort du bois. Pour sa première apparition publique en trois semaines, le président brésilien, un ancien capitaine de l’armée, a rebondi sur son terrain favori : celui des militaires. Samedi, il a participé à une remise de diplômes dans la fameuse école d’officiers d’Aman, entre Rio de Janeiro et São Paulo. Chaleureusement accueilli par ses admirateurs aux cris de « mythe » dès son arrivée à l’académie militaire, Jair Bolsonaro n’a toutefois pas pris la parole ce week-end, contrairement à ses passages antérieurs dans l’école d’élite de l’armée brésilienne. Comme s’il était enfermé dans un certain mutisme. Mystère…

« Il s’agit d’une tentative de renforcer ses liens avec l’armée. Il avait déjà lancé sa propre candidature à la présidence à Aman. Il n’a jamais caché qu’il était un militaire au pouvoir », explique le politologue Creomar de Souza. Dès jeudi, Jair Bolsonaro - qui vit encore dans la résidence présidentielle du Palácio da Alvorada en reclus, depuis sa défaite au second tour de la présidentielle le 30 octobre contre Lula -, y a reçu les chefs d’État-major en compagnie du général de réserve Braga Netto, son co-listier et ancien ministre de la défense.

Appel à un coup d’État militaire

Pourquoi un président d’habitude si virulent et omniprésent a-t-il choisi d’adopter un profil bas, alors que ses militants les plus radicaux appellent sur le terrain à un coup d’État militaire ? Son parti politique, le parti libéral (PL), a en outre exigé la semaine dernière l’annulation partielle du résultat de la présidentielle.

Motif : des milliers d’urnes électroniques, datant d’avant 2020, présenteraient des défauts et auraient permis de frauder le résultat du second tour. Une manœuvre immédiatement rejetée par la justice électorale, mais qui entretient le climat de confrontation entre Jair Bolsonaro et le président du Tribunal supérieur électoral (TSE), Alexandre de Moraes. Accusé de « mauvaise foi », le TSE a infligé au PL une amende de quelque 4 millions d’euros.

Poursuite des manifestations de ses partisans

Si Jair Bolsonaro garde le silence, ses partisans jouent en sous-main la carte de l’agitation, suggère Creomar de Souza, fondateur du cabinet de risque politique Dharma à Brasilia. « L’objectif n’est pas tant de changer le résultat des élections, que de diffuser un sentiment de défiance auprès du plus grand nombre possible de gens. L’objectif est aussi d’alimenter une idée de conspiration, de dire qu’il y a bien eu de la fraude aux élections, que Bolsonaro défend une cause face à un système qui veut lui barrer la route », poursuit-il.

Depuis la défaite de Jair Bolsonaro aux urnes, des petits groupes de militants continuent de manifester devant des casernes pour réclamer un coup d’État. « Le président a 15 000 hommes à sa disposition. Je suis sûr qu’ils vont agir. Les forces armées sont prêtes. L’espoir resurgit. C’est un véritable baril de poudre. Le train va exploser à tout instant ! » alerte un message audio sur WhatsApp, attribué à un proche du président. L’objectif étant de maintenir en haleine la base, même à coups de « fake news ».

Quelques incidents isolés

Des chauffeurs de camions ont également barré des routes pour faciliter un coup de force. Le mouvement, relayé sur les réseaux sociaux, a provoqué quelques incidents isolés. « Ce genre de mobilisation sert à montrer la capacité de résistance des partisans de Bolsonaro, de les maintenir en état d’alerte, et d’envisager son éventuel retour au pouvoir », ajoute Creomar de Souza.

Le mandat présidentiel de Jair Bolsonaro se terminera officiellement dans un peu plus d’un mois. Toujours défiant, il a juré de ne pas participer à la cérémonie de transmission de pouvoir le 1er janvier. Mais son objectif d’empêcher Lula de revenir aux affaires semble désormais hors de portée.