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Un joueur cognaçais dans le coma, le rugby sous le choc

Mikaël Hygonnet (28 ans) est l’un des joueurs cadres de l’UCS depuis sept saisons. Un pilier droit taiseux mais vaillant au combat qui avait fait une légère commotion cérébrale le 22 octobre dernier lors du déplacement de son équipe à Rennes. Sans doute celle de trop…

Examens rassurants à Cognac

Suivant le protocole établi par la FFR à la lettre, il avait alors...

Mikaël Hygonnet (28 ans) est l’un des joueurs cadres de l’UCS depuis sept saisons. Un pilier droit taiseux mais vaillant au combat qui avait fait une légère commotion cérébrale le 22 octobre dernier lors du déplacement de son équipe à Rennes. Sans doute celle de trop…

Examens rassurants à Cognac

Suivant le protocole établi par la FFR à la lettre, il avait alors observé six semaines de repos avant de recevoir le feu vert du neurologue toulousain David Brauge (lire encadré) mardi dernier (ndlr : 29 novembre) pour pouvoir reprendre l’entraînement.

Mais dès le lendemain en phase de reprise et sans le moindre contact physique selon ses coéquipiers, Mikaël Hygonnet s’effondre. « On n’a pas trop compris ce qu’il lui arrivait sur le moment et le kiné présent sur place l’a bien pris en charge. Mais quand il s’est mis à convulser, on était tous sous le choc », raconte son partenaire Kévin Tougne.

Secouru par les pompiers, Mikaël Hygonnet est admis à l’hôpital de Cognac où il subit des examens rassurants avant de sortir le lendemain.

Sa famille vient d’Albi et le récupère le vendredi soir. « On ne te trouve pas comme d’habitude mais on ne s’inquiète pas et on préfère te laisser te reposer, ça ira mieux demain », écrit sa sœur.

Dans un message poignant publié sur le compte Instagram de Mikaël lundi vers 22 heures et intitulé « Le premier jour du reste de ta vie », Aurélie Hygonnet décrit en détail ce qui est arrivé ces derniers jours à son cadet, « Toi mon amour de frère que j’espérais indestructible ».

Elle précise ce mardi au téléphone : « Depuis, il était un peu groggy. J’ai dû en plus lui apprendre le décès de son grand-père survenu dans la nuit de jeudi à vendredi. Il avait des oublis, semblait perdu et perturbé. Il se plaignait de maux de tête en permanence. Je lui donnais des Doliprane mais rien n’y faisait. »

Mikaël Hygonnet passe le dimanche entouré de ses proches, son père Jean-Michel et sa mère Corinne. Il envoie un message d’encouragements à ses coéquipiers qui jouent contre Suresnes. Un simple « bon match », pour dire qu’il pense fort à eux, alors que l’équipe traverse une période sportive très difficile. Quand tout bascule peu après.

Sa sœur détaille : « Le temps s’arrête à 14h40 quand tu fais une autre crise. Les pompiers sont sur place très vite mais toi tu ne reviens pas. Tu restes en crise, aucune réaction, aucun signe que tu étais parmi nous. »

« Je ne vois pas d’autres liens que celui-là »

Le soir même, le corps médical décide de plonger le pilier en coma artificiel « pour protéger son cerveau », écrit Aurélie. « Il dort depuis et on attend avec impatience, mais aussi pas mal d’angoisse, qu’il ouvre les yeux. J’ai peur de ton réveil, j’ai tellement peur que je n’ose plus l’imaginer », témoigne-t-elle.

La sœur aînée de Mikaël Hygonnet tient absolument à ce que la photo de son frère sur son lit de réanimation soit publiée dans la presse. Pour « que les gens comprennent ce qu’est le rugby d’aujourd’hui. »

D’après elle, les crises d’épilepsie de son frère proviennent directement de la commotion qu’il a subie il y a un peu plus d’un mois : « Il était en arrêt de travail et ne faisait absolument rien. Il n’avait jamais fait de crise de ce genre par le passé. Or pour en avoir discuté avec la neurologue (Ndlr. De l’hôpital d’Albi) qui le suit actuellement, je ne vois pas d’autres liens que celui-là ».

Du côté de l’UCS, c’est la consternation. « On prend ça en pleine gueule. Mika, c’est un historique pour nous. Un membre fondateur, un mec adorable, une véritable crème. C’est plus qu’un joueur, c’est notre gosse à tous. On est tous très touchés », se désole le co-président Lilian Tessendier. Il ajoute : « Les résultats de l’équipe à l’heure actuelle, on s’en fout royalement. Le plus important, c’est la santé de Mika et à chaque fois qu’on nous sollicitera pour quoi que ce soit, on sera là pour lui. »

Ce mardi soir, Mikaël Hygonnet était toujours maintenu en coma artificiel dans l’attente de nouveaux résultats d’examens.

Mikaël Hygonnet est en réanimation depuis dimanche soir.
Mikaël Hygonnet est en réanimation depuis dimanche soir.

Repro CL

Des cas et des plaintes qui se multiplient

Le drame de Mikaël Hygonnet intervient alors que les conséquences dramatiques des commotions agitent le monde du rugby. Lundi, c’est l’ancien international de Clermont Alexandre Lapandry, qui a annoncé être contraint d’arrêter sa carrière, accusant son club de ne pas avoir suffisamment pris en compte les séquelles d’une commotion subie en octobre 2020, évoquant « des séquelles à vie ».
Son avocat, Jean-Hubert Portejoie, a confirmé que quatre plaintes contre X avaient été déposées le 30 novembre par le joueur. L’une vise des faits de « violences involontaires et mise en danger de la vie d’autrui », commis « entre octobre et décembre 2020, entre son AVC et le moment où cet AVC a été détecté ». Une autre pour « violences psychologiques », concerne « la période de juin 2021 jusqu’à son licenciement il y a quelques jours », a détaillé l’avocat. En février 2019, c’est un autre joueur de Clermont, le Canadien Jamie Cudmore, qui avait porté plainte contre son ancien club pour « mise en danger de la vie d’autrui » après avoir été autorisé à rentrer sur le terrain en finale de la Coupe d’Europe 2015 malgré trois commotions en quinze jours. Le dossier est toujours en cours.
Une troisième plainte pour les mêmes raisons a été déposée en France par l’ancien talonneur de Chambéry Quentin Garcia contre son club, alors qu’elles se multiplient au niveau international. Début novembre, l’ancien pilier des All Blacks et de Toulon Carl Hayman s’est joint à une procédure judiciaire contre les autorités du rugby après des diagnostics de troubles neurologiques. A 41 ans, Hayman, souffre de démence précoce après avoir ressenti pertes de mémoire, sentiment de confusion et pensées suicidaires. En Charente, l’ancien talonneur du SA XV Romain Mareuil avait dû mettre un terme à sa carrière en 2019 après une commotion de trop, avant de traverser de longs mois pénibles. Victime de violents maux de tête, de malaises, qui l’ont notamment amené à suivre un protocole de soins au centre des Glamots de Roullet. Il entraîne aujourd’hui les espoirs du Stade Montois dont il a intégré l’encadrement de l’équipe professionnelle.