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« Un modèle économique se meurt, le suivant n’a pas encore émergé, et la transition sera coûteuse »

auteur

Marie Charrel

La mondialisation heureuse à la façon des années 1990 est bel et bien terminée, et l’élite économique est aujourd’hui en proie au doute, observe Marie Charrel, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

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Désormais, ils ont peur. Réunis mi-janvier à Davos, certains grands patrons affichaient, derrière l’optimisme de façade, une mine angoissée devant ce que d’aucuns nomment désormais la « fin de la mondialisation ». Peur, aussi, du côté des éditorialistes de The Economist. Dans son édition du 13 janvier, l’hebdomadaire, fondé en 1843 précisément pour défendre la cause du libre-échange, met les Etats-Unis en garde : l’Inflation Reduction Act (IRA), ce grand plan visant à muscler leur industrie verte, va déclencher un « jeu à somme nulle », c’est-à-dire une course au protectionnisme dont tous les pays sortiront perdants.

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C’est un constat : la globalisation façon années 1990 – qui est loin de n’avoir fait que des gagnants – est terminée. Celle où les multinationales fractionnaient leurs chaînes de valeur à l’extrême pour fabriquer dans le pays le moins cher, sans grands égards pour les conditions sociales et environnementales de production. Celle où les économistes libéraux vantaient la spécialisation des Etats, sous-estimant les dégâts pour les territoires délaissés, oubliant que la libre et parfaite circulation des travailleurs n’existe pas – y compris entre les régions d’un même pays.

Est-ce vraiment la fin de ce modèle-là que regrette le gratin de Davos ? Certains peut-être. Mais beaucoup tremblent plutôt devant la montée des tensions géopolitiques qui sous-tendent en partie ces mutations. Les Etats-Unis ont déclaré la guerre technologique à la Chine en limitant drastiquement leurs exportations de puces électroniques vers l’empire du Milieu. Celui-ci investit à tour de bras pour développer sa propre industrie de semi-conducteurs. Prise entre ces deux régimes politiques que tout oppose, l’Europe, elle, veut renforcer son autonomie en relocalisant sur son sol certaines industries stratégiques.

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Les chaînes de valeur se « rerégionalisent ». Le découplage économique entre les Etats-Unis et la Chine, selon l’idée d’après laquelle le commerce pacifie les mœurs, intensifie les risques de conflits. Mais la mondialisation à elle seule n’a jamais empêché les affrontements – en témoignent la première guerre mondiale, avant laquelle la mondialisation battait son plein, puis la seconde. Maintenir le libre-échange, même en corrigeant ses excès, ne suffira pas à éviter l’explosion des hostilités entre Washington et Pékin.

Contradictions insolvables

En vérité, c’est surtout le doute qui angoisse aujourd’hui l’élite économique. Un modèle se meurt. Le suivant n’a pas encore émergé, et la transition – celle qui implique de reconstruire des usines chez nous, de financer l’adaptation au désordre climatique et de soutenir les ménages les plus fragiles – sera coûteuse. Le doute, aussi, face aux contradictions en partie insolvables dans lesquelles nous sommes empêtrés, tant au niveau individuel que collectif.

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